Enfin ! Après le coup de poignard de l'Allemagne donné à la France sur le programme franco-allemand MAWS (Maritime Airborne Warfare System), Paris s'est décidé à lancer son propre programme. La Direction Générale de l'Armement (DGA) a notifié le 22 décembre à Airbus Defence and Space et Dassault Aviation deux études d'architecture de système de patrouille maritime futur (Patmar) sur la base d'un de leurs avions : A320neo pour Airbus Defence and Space et Falcon 10X pour Dassault Aviation, pour un montant de 10,9 millions d'euros attribués par étude à chaque industriel.
« Ces travaux prévus sur une durée de 18 mois contribueront aux réflexions sur l'avion de patrouille maritime futur (Patmar), dont le lancement est envisagé en 2026 dans la perspective d'une nouvelle capacité dans la décennie 2030-2040 », a précisé la DGA dans un communiqué publié jeudi.
Comment en est-on arrivé là ? Après le lâchage de Berlin sur le missile tactique MAST-F, les Allemands avaient également torpillé quelques années plus tard le programme en coopération d'avions de patrouille maritime, pourtant lui aussi validé en juillet 2017 par la Chancelière Angela Merkel et Emmanuel Macron. C'est le Bundestag en approuvant en juin 2021 l'acquisition pour 1,43 milliard d'euros de cinq avions américains P-8A Poseidon, qui avait dynamité ce programme franco-allemand. Pour autant, a souligné la DGA, les solutions proposées par Airbus et Dassault Aviation « devront rester ouvertes à la coopération avec d'autres partenaires européens potentiellement intéressés ».
Remplacement des 22 ATL2
A partir de 2030, ces nouveaux appareils remplaceront la flotte de 22 Atlantique 2 (ATL2) opérés par la Marine nationale depuis la base aéronavale de Lann-Bihoué. Airbus et Dassault Aviation devront proposer « une solution économiquement intéressante » répondant au besoin opérationnel de la Marine nationale à l'horizon post-2030. Les innovations étudiées pendant ces études pourront porter sur l'amélioration des capteurs, des moyens de communication, sur l'introduction de logiques basées sur de l'intelligence artificielle ou sur l'intégration de l'armement, notamment le futur missile anti navire. On est loin, très loin des premières études de ce programme, étudié à partir de 1977 et dont l'entrée en service opérationnel a eu lieu en 1991. Il a connu des réductions de cibles successives, passant de 42 à 28, puis 22 appareils.
Mis en service au début des années 1990, l'ATL2, un avion bimoteur multi-missions à très grand rayon d'action, est prioritairement destiné à la lutte anti-sous-marine et à la lutte anti-navires de la basse à la haute intensité ainsi qu'au recueil de renseignement. Il peut également opérer en soutien des troupes terrestres et contribuer à l'action de l'État en mer. Sa rénovation au standard 6, actuellement en cours, concerne un total de 18 avions et s'achèvera en 2025. Elle permet de restaurer les performances de l'appareil, notamment en lutte sous la mer. « Les nouveaux équipements installés sont parmi les plus performants de l'industrie aéronautique, comme le nouveau radar Searchmaster », qui bénéficie de la technologie d'antenne active développée par Thales pour le Rafale, a fait valoir la DGA.
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