Le projet Poséidon (Naval Group/Fincantieri) tout près de prendre la mer

Le projet de rapprochement dans les navires de guerre de surface entre Naval Group et Fincantieri est prêt. Toutefois, Paris met les Italiens sous surveillance pour s'assurer de leur loyauté à l'exportation.
Michel Cabirol
La décision de lancer le projet a été prise le 17 avril dernier par un conseil d'administration exceptionnel de Naval Group,
La décision de lancer le projet a été prise le 17 avril dernier par un conseil d'administration exceptionnel de Naval Group, (Crédits : Naval Group)

Quoi de neuf sur le projet Poséidon, le rapprochement entre Naval Group et l'italien Fincantieri ? Tout est prêt pour que ce projet prenne enfin la mer. On y est. Car Paris et Rome ont souhaité attendre la fin de l'élection européenne avant de communiquer sur ce projet franco-italien pour ne "pas être pris en otage" sur ce dossier lors de la campagne, explique une source proche du dossier. La décision de lancer le projet, qui a été prise le 17 avril dernier par un conseil d'administration exceptionnel de Naval Group, a fait l'objet d'un black-out complet de la part des deux industriels de part et d'autre des Alpes. Côté gouvernemental français, le dossier est également clair. "Sur le fond, il n'y pas de sujet", affirme-t-on. Il n'y a plus désormais qu'à appuyer sur le bouton de la communication.

Lors de cette réunion du conseil, les statuts de la société commune à 50-50 entre Naval Group et Fincantieri ont été validés : le PDG sera français et la directrice commerciale italienne, la société sera basée à Gênes et le centre de recherche à Ollioules dans le Var. Cette société commune a pour vocation de regrouper les achats, la Recherche et Développement (R&D) et l'exportation des navires de guerre de surface. C'est surtout sur ce dernier volet que la France, qui "accompagne positivement" ce dossier, compte beaucoup. "On attend de la création de valeur sur l'exportation", explique-t-on dans l'entourage de la ministre des Armées. Pour autant, Fincantieri n'a exporté que pour 39,7 millions d'euros en 2018, selon le rapport italien sur les exportations d'armes après avoir obtenu une de ses rares commandes, un mégacontrat au Qatar en 2017 (3,8 milliards). Enfin, il n'y aura pas d'échanges capitalistique entre les deux groupes.

A l'export, Fincantieri sous surveillance

A l'Hôtel de Brienne, on estime que "ce mouvement crée de la valeur et présente des risques absolument limités, circonscrits et identifiés pour Naval Group". Ce qui veut dire que très clairement "si jamais cela passait mal, il y a une procédure de sortie" de Naval Group et Fincantieri. Et la France demandera à Naval Group de sortir de la société commune "du jour au lendemain si on n'est pas content de ce qui se passe". Paris aura "rapidement des indications sur la bonne foi de tous les acteurs à jouer collectif". Dès 2020, la France pourra juger de la loyauté des Italiens à respecter les décisions prises en commun, la liste des campagnes étant bien connue de tous. "Les vrais juges de paix vont arriver l'année prochaine", souligne-t-on à Paris.

"Si jamais on constate de la déloyauté, on dégrafera et si cela se passe tel qu'on souhaite que cela se passe, cela créera de la valeur pour tous, explique-t-on dans l'entourage de la ministre. L'idée est de pérenniser et de créer de l'emploi en France mais ce n'est pas de donner le travail des cols français aux cols bleus italiens. Surtout pas. L'idée, c'est d'avoir un gâteau plus gros à se partager à deux".

Dans cet esprit, Naval Group et Fincantieri doivent se mettre d'accord sur le partage des prospects à l'export et éviter d'être en compétition. Comme au Brésil où portant Naval Group avait proposé à Fincantieri une proposition commune à la marine brésilienne. En vain. Le groupe naval français a même failli être éliminé dès le départ de la compétition sans avoir la possibilité d'y concourir. Pourquoi ? Les Français ont appris au tout dernier moment que les Italiens n'allaient pas jouer vraiment le jeu d'une offre commune, en déposant en catimini une proposition en solo. Résultat, c'est TKMS (ThyssenKrupp Marine Systems) qui a remporté la compétition. Ce dossier est "un peu regrettable mais le coup était déjà largement parti", précise-t-on au sein du ministère des Armées.

 Une corbeille de mariage qui se remplit enfin

Dans la corbeille de ce rapprochement, Naval Group et Fincantieri disposeront d'un programme commun de pétroliers ravitailleurs, dont quatre bâtiments ont été récemment commandés par la France (FlotLog). Ces bâtiments seront fabriqués par les deux chantiers sur la base du design italien Vulcano, un navire de 165 mètres et 23.500 tonnes de déplacement. En outre, les deux industriels vont se partager la rénovation des frégates franco-italiennes Horizon (quatre au total). Enfin, Naval Group et Fincantieri ont prévu de lancer un projet de corvettes franco-italiennes sous l'égide de Paris et de Rome. Ils visent à termes le remplacement des six frégates de type Floréal (2.950 tonnes) en France et, en Italie, celui des OPV de la classe Comandanti.

Michel Cabirol

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Commentaires 5
à écrit le 29/05/2019 à 3:13
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Bonjour je recherche du boulot en soudure naval

à écrit le 27/05/2019 à 12:18
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On m'a toujours dit qu'il valait mieux être deux sur une bonne affaire que seul sur une mauvaise.

à écrit le 27/05/2019 à 9:01
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Il est stupide et sans avenir de faire des coopération de ce type avec l'Italie, dans des secteurs sous controle public et donc influencés par la politique, parce que en Italie il y a une prime politique pour ceux qui tapent sur la France, à cause de...

le 27/05/2019 à 10:43
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La R&D de cette future société étant basée en France, ça semble limiter ce genre de risque. Et les italiens ne sont pas plus idiots que quiconque, ils savent comme nous qu’ils ont tout à gagner de cette coopération. Le fait qu’elle débute dans un cl...

le 28/05/2019 à 0:12
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Ce n'est pas d'aujourd'hui que la France l'Italie sont associés à la construction de navires ,ou de corvette il y a plus de 20 ans déjà.

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