
Une taxe sur les pets de vaches... C'est le nouveau projet dévoilé ce mardi 11 octobre par la Nouvelle-Zélande dans le cadre d'une proposition visant à combattre le changement climatique. Alors que les gaz émis par les 6,2 millions de vaches néo-zélandaises représentent l'un des plus gros problèmes environnementaux du pays, la Première ministre Jacinda Ardern a aujourd'hui déclaré que cette taxe serait la première de ce type au monde.
Une première mondiale
Le programme dévoilé par le gouvernement ce mardi prévoit que les éleveurs paient pour les émissions de gaz de leurs animaux, à l'instar du méthane contenu dans les pets et les rots des vaches ou du protoxyde d'azote contenu dans l'urine du bétail. Cette proposition, jugée « réaliste » par la Première ministre néo-zélandaise, réduirait ainsi les émissions agricoles du pays tout en rendant les produits plus respectueux de l'environnement.
Cela permettrait également de renforcer la « marque d'exportation » de la Nouvelle-Zélande, déclarait Jacinda Ardern, avant de préciser que cette taxe ne représenterait aucun coût supplémentaire pour les agriculteurs dans la mesure où ils pourront « récupérer leur argent » en augmentant les prix de leurs produits « respectueux du climat ». Ainsi, le gouvernement souhaite aboutir à une signature de son projet d'ici à 2023 et la taxe pourrait prendre effet dans trois ans.
Le projet de taxe sur les émissions de gaz à effet de serre des animaux d'élevage est une première mondiale, mais de nombreuses initiatives ont déjà vu le jour en Nouvelle-Zélande. En effet, le pays souhaite atteindre l'objectif zéro émissions carbone d'ici 2050 et en mai dernier, la Nouvelle-Zélande dévoilait ainsi son premier plan de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Cette nouvelle taxe pourrait donc permettre de tenir son objectif.
La contestation des agriculteurs
Cette taxe sur les émissions de gaz à effet de serre des animaux d'élevage, qui pourrait servir d'exemple à d'autres pays, a toutefois reçu un accueil mitigé. En effet, nombreux sont les agriculteurs et éleveurs ayant déjà condamné le projet. « Ce projet arracherait les tripes des petites villes de Nouvelle-Zélande », a protesté Andrew Hoggard, président du lobby Federated Farmers, avant de préciser que cette taxe pourrait encourager les agriculteurs à planter des arbres sur des champs actuellement utilisés pour l'élevage.
De son côté, l'organisation « Beef + Lamb New Zealand », représentant les éleveurs d'ovins et de bovins du pays, estime que le projet du gouvernement ne prend pas en considération les mesures rurales de lutte contre les gaz à effet de serre déjà en vigueur. « Les agriculteurs néo-zélandais possèdent plus de 1,4 million d'hectares de forêts primitives sur leurs terres qui absorbent le carbone », a affirmé Andrew Morrison, président de l'organisation. Ainsi, avec les élections prévues dans quinze mois en Nouvelle-Zélande, ce projet pourrait coûter à Jacinda Ardern des bulletins de vote ruraux car il est loin de faire l'unanimité.
Une mesure s'ajoutant à de multiples initiatives
L'industrie des bovins et des vaches laitières est l'une des principales activités contributrices de gaz à effet de serre dans le monde. En effet, l'élevage représente « 14,5% des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial et 10% au niveau européen » selon Jean-Louis Peyraud, directeur de recherche à l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE). En France uniquement, les vaches émettent autant de gaz à effet de serre en un an que quinze millions de voitures.
Ainsi, des initiatives ont déjà été mises en place, à l'instar du masque pour vache. En effet, la startup londonienne Zelp a imaginé un masque permettant de récupérer un tiers du gaz émis lors des éructations de bovins. Ce masque, fonctionnant à l'énergie solaire, absorbe le méthane, le stocke puis le transforme en dioxyde de carbone, moins polluant que le méthane. Cette invention devrait être commercialisée cette année par Cargill, géant américain de l'agro-alimentaire, auprès des agriculteurs européens.
Enfin, le 23 février dernier, les États membres de l'Union européenne ont approuvé la commercialisation d'un additif destiné à l'alimentation animale, permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre libérées par les bovins. Ainsi, cet additif contribuerait à réduire les émissions de méthane des vaches laitières de 20% à 35% selon l'évaluation scientifique de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), sans pour autant affecter la production.
(Avec AFP)
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