Michel-Edouard Leclerc avait dit « vouloir casser la gueule » de l'inflation. Raté. Au lendemain de la fin des négociations commerciales entre les grands industriels et les distributeurs et alors que le panier des Français en grande surface leur coûte en moyenne 20% plus cher qu'il y a deux ans, il semble très improbable que les baisses de tarifs soient d'une ampleur comparable à ces hausses. Les professionnels ont même averti qu'il ne fallait pas s'attendre à des baisses de prix massives ou généralisées.
« Personne ne connaît encore le résultat » des négociations et seulement un tiers des contrats ont été signés à date, a indiqué mercredi sur France Info Richard Pancquiault, le directeur général de l'Ilec qui porte en France la voix des très grands industriels. Il attend « des baisses », mais « la majorité des produits sera en légère hausse ». Sur RTL, il a indiqué ce matin que tout ce qui était à base de céréales allait baisser.
Il faut en effet rester prudent : les éventuelles estimations moyennes de hausse (ou baisse) de tarif ne permettent pas de présumer du niveau d'inflation dans les rayons des grandes surfaces, puisque ce sont les distributeurs qui fixent le prix facturé aux consommateurs, en rognant plus ou moins sur leurs marges.
« Respecter les matières premières agricoles »
« On va aboutir à 2 ou 3% de hausse » de tarifs en moyenne à l'issue des discussions avec les gros fournisseurs, a de son côté estimé Jacques Creyssel, délégué général de la FCD qui représente la grande distribution, mercredi matin sur Radio Classique.
Jean-Philippe André, président de la principale organisation représentative des agro-industriels, l'Ania, note que « le contexte a beaucoup changé en l'espace de quatre ou cinq mois » : en juillet, la priorité était de « baisser » les prix mais depuis une semaine, c'est « respecter les matières premières agricoles ». Il prévoit néanmoins plutôt « une tendance à une déflation avec des prix baissant d'environ 1%.» . Dans l'édition du Parisien de ce jour, Thierry Cotillard, président du groupe Les Mousquetaires a déclaré ne pas opposer « pouvoir d'achat et rémunération des agriculteurs ». « Le problème, c'est que la loi Egalim ne marche pas. Je l'ai toujours soutenue. Je n'ai aucun souci pour qu'il y ait une enquête sur les prix auxquels nous achetons le lait, la viande... Mais il faut un texte plus contraignant. Aujourd'hui, elle n'oblige pas les industriels à la transparence ».
Renforcer les contrôles sur les centrales d'achat européennes pour faire respecter la loi Egalim
De son côté, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a annoncé mercredi qu'il renforcerait les contrôles sur les centrales d'achat européennes et doublerait ceux sur les distributeurs, afin de mieux faire respecter la loi Egalim censée préserver le revenu des agriculteurs. « Je ne veux pas que le revenu des agriculteurs soit la variable d'ajustement des négociations commerciales », a indiqué le ministre sur CNews et Europe 1, alors que la France est secouée depuis bientôt deux semaines par des mobilisations d'agriculteurs en colère. Ces contrôles ne sont cependant pas neufs. Bruno Le Maire lui-même a rappelé avoir déjà prononcé « plus de six millions d'euros » de sanctions à l'encontre du distributeur E.Leclerc, « parce qu'il y avait un contournement pour la centrale d'achat de Monsieur Leclerc ».
Vendredi, le Premier ministre Gabriel Attal avait accusé sans les nommer trois entreprises d'enfreindre les lois Egalim, promettant de les sanctionner très lourdement. « Dès la semaine dernière, 100 inspecteurs de la DGCCRF supplémentaires ont commencé leurs contrôles sur le terrain, qui seront deux fois plus nombreux qu'auparavant », avait déclaré le chef du gouvernement, Gabriel Attal, lors de son discours de politique générale.
(Avec AFP)
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