Taxe américaine : les vins de Loire font le gros dos

La taxe américaine de 25% sur les vins français, encore durcie en janvier, touche de plein fouet les appellations de la Loire dont les Etats-Unis constituent le premier marché à l’export. La filière viticole régionale reste prudente quant à un possible assouplissement de la part de la nouvelle administration en 2021.
Les Etats-Unis, premier marché à l’export des vins de Loire, leur ont fait perdre entre 50 et 100 millions d’euros en 2020.
Les Etats-Unis, premier marché à l’export des vins de Loire, leur ont fait perdre entre 50 et 100 millions d’euros en 2020. (Crédits : Reuters)

Décidée en 2019 par Donald Trump en rétorsion aux subventions européennes vis-à-vis d'Airbus, la taxe de 25% appliquée sur le prix des vins hexagonaux entrant aux Etats-Unis a minoré d'environ 5% les recettes totales des adhérents d'Interloire l'année dernière (1,2 milliard d'euros en 2020). Lionel Gosseaume, président de l'organisation des vins du Val de Loire, qui regroupe quelque 3.000 opérateurs des 36 appellations d'origine contrôlées (AOC) du Pays Nantais, de l'Anjou, du Saumurois et de la Touraine, chiffre ainsi la perte en 2020 à une cinquantaine de millions d'euros. Avec un marché à l'export représentant 20% de la production de 2 millions d'hectolitres, dont un quart est réalisé aux Etats unis, l'application des droits de douanes aurait pu avoir des effets encore plus dévastateurs. « Afin d'éviter de faire fuir le consommateur américain et de sortir de ce marché stratégique, les viticulteurs du Val de Loire ont dû pratiquer des remises de prix substantielles, reconnait Lionel Gosseaume, producteur de Touraine blancs et rouges en Loir et Cher. Nos importateurs ont parallèlement fait un effort et réduit leur marge ».

Au Bureau interprofessionnel des vins du Centre (BIVC), seconde organisation des vins de Loire, le nouveau directeur, Edouard Mognetti, fait lui aussi ses comptes. Le regroupement des viticulteurs des huit AOC Sancerre, Pouilly sur Loire, Menetou, Reuilly, Quincy, Chateaumeillant, Pouilly sur Loire et Coteaux du Giennois exporte plus de 50% des quelque 300 millions d'hectolitres produits, dont une grande partie aux Etats-Unis. A elle seule, l'appellation Sancerre représente outre Atlantique 65% des ventes toutes appellations des vins de Loire confondues. « Au BIVC, la tendance baissière du marché américain est de l'ordre 8,5% en 2020. Mais, dans le même temps, nous avons globalement maintenu nos prix et la marge des importateurs, assure Edouard Mognetti. Grâce à l'image haut de gamme de nos vins, la perte financière a été maîtrisée ».

Conjugaisons de crises et demandes de réparations

A cette crise politique qui perdure depuis près de 14 mois est venu s'ajouter un climat sanitaire délétère pour le commerce vinicole depuis mars dernier. En hausse d'environ 3% par an depuis 2015, l'engouement pour les vins de Loire, fruités, variés, peu alcoolisés et abordables côté tarifs, a ainsi été stoppé net en 2020. La baisse, tous canaux confondus mais fortement amplifiée par la fermeture de la restauration, atteindrait 10% au sein des appellations représentées par Interloire, selon Lionel Gosseaume. De son côté, le Comité national des interprofessions des vins (CNIV) estime à 700 millions d'euros les pertes subies en 2020 par la filière hexagonale en raison des représailles américaines. Avec l'extension de la taxe début janvier aux vins de plus de 14°, au vrac et au Cognac, mais pas au Champagne, étonnamment non concerné, le chiffre atteindrait même un milliard d'euros en 2021.

Dans ce contexte, Jean Marie Barillère, président du très influent CNIV, fait le siège des ministères de l'Economie et de l'Agriculture pour obtenir des compensations. « Depuis le démarrage du contentieux, la filière viticole, comme celle de l'huile l'olive en Italie, fait figure de dommage collatéral au sein d'un bras de fer entre avionneurs qui ne les concerne pas », déplore Edouard Mognetti. A l'échelle nationale, comme régionale, les représentants des viticulteurs espèrent désormais, outre les réparations du préjudice subi, un signe d'apaisement au plan commercial de la part de la nouvelle administration américaine du président Joe Biden. Sans aucune garantie.

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Commentaires 5
à écrit le 16/02/2021 à 14:30
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Je m'inquiéterais moins pour les vignerons ligériens que Bordelais, Bourguignon et midi, les prix de base sont moins élevés, le type de vin a peu d'équivalents californiens comme les côteaux du Layon, du Loir, le Cabernet rosé, alors que entre rouges...

à écrit le 16/02/2021 à 13:21
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Ils devraient se mettre au sidi brahim... avec le changement de climat, dans tous les sens du terme...

à écrit le 16/02/2021 à 12:08
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je connais des viticulteurs francais ils sont loin d'etre a la rue maintenant ils font comme tout le monde, ils viennent toucher leur cheque qu'ils ont droit ( acquis) avec tout ce bon pognon de la dette qui sera annulee sans consequence

à écrit le 16/02/2021 à 11:27
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Il faut lire "Terres rares" de Jean Tuan chez C.L.C. Editions. L'auteur sous forme de fiction policière évoque comment de prestigieux domaines viticoles bordelais sont achetés par de riches chinois. Disponible en librairie et via les sites de vente s...

à écrit le 16/02/2021 à 10:47
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50 millions d'euros sur 1.2 milliard ça va quand même, ça pourrait être pire signifiant que les clients sont toujours là, plutôt sympa non ? Parce que 25% ça fait une sacré hausse !

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