Automobile : Daihatsu (filiale de Toyota) perd les certifications de trois modèles au Japon à cause de ses tests truqués

Le ministère japonais des Transports a annoncé le retrait imminent des certifications de trois modèles utilitaires produits par Daihatsu. Si l'impact de cette décision devrait être limité, la filiale de Toyota reste embourbée depuis fin décembre dans un vaste scandale de tests truqués. Celui-ci l'a amené à suspendre sa production dans la péninsule.
Les ventes cumulées au Japon de ces trois modèles produits par Daihatsu n’étaient pas très conséquentes, de l'ordre de 7.000 à 8.000 unités par an au total.
Les ventes cumulées au Japon de ces trois modèles produits par Daihatsu n’étaient pas très conséquentes, de l'ordre de 7.000 à 8.000 unités par an au total. (Crédits : © Yuya Shino / Reuters)

Trois fourgonnettes construites par le constructeur automobile nippon Daihatsu, filiale de Toyota, ne pourront plus être produites ou vendues au Japon. Le ministère japonais des Transports a annoncé, ce mardi, retirer les certifications de ces trois modèles - l'un commercialisé sous sa marque, les deux autres sous celles de Toyota et Mazda.

L'impact de ce retrait de certification devrait toutefois être limité. Car les ventes cumulées au Japon de ce constructeur n'étaient pas très conséquentes : de l'ordre de 7.000 à 8.000 unités par an au total, selon un porte-parole de l'entreprise interrogé par l'AFP. La marque, qui réalise l'essentiel de ses ventes dans l'archipel et en Asie du Sud-Est, a produit plus de 1,7 million de véhicules dans le monde sur l'exercice 2022/23 terminé fin mars dernier, dont environ la moitié au Japon.

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En parallèle, le ministre des Transports, Tetsuo Saito, devait remettre à Daihatsu ce mardi une directive pour « réviser l'organisation de la société pour éviter qu'une telle fraude ne se répète », a expliqué à l'AFP un responsable du ministère. Des responsables de Daihatsu doivent, par ailleurs, être auditionnés mardi prochain par le ministère des Transports. Et pour cause, ce dernier a lancé fin décembre sa propre inspection sur l'entreprise.

Des conséquences inconnues

Cette décision est la conséquence directe du scandale de tests truqués, révélés en décembre dernier. Pour rappel, Daihatsu avait admis au printemps avoir trafiqué des résultats des tests de collision de certains modèles. Une commission indépendante avait alors été mise en place pour enquêter. Objectif ? « Clarifier pleinement la nature des irrégularités et identifier leur cause profonde ». Selon son rapport rendu public le 20 décembre, et qui a été remis au ministère japonais des Transports, l'enquête a identifié 174 irrégularités parmi 25 catégories de tests, dont les plus anciennes remontent à 1989. En tout, 64 modèles de véhicules (anciens ou actuels) sont touchés, dont des modèles fabriqués pour le compte de Toyota, Mazda et Subaru.

Ce qui devrait coûter cher à Daihatsu, c'est la suspension de sa production au Japon. L'entreprise l'a décidée quelques jours après la révélation de l'affaire, dans la foulée de la suspension de l'ensemble de ses expéditions au Japon et à l'étranger. L'interruption de la production dans ses quatre usines du pays court au moins jusqu'au 31 janvier prochain. Ce qui devrait avoir des conséquences majeures sur ses fournisseurs de Daihatsu. Selon les chiffres du cabinet d'études Teikoku Databank publiés fin décembre, plus de 8.100 entreprises au Japon lui fournissant des produits ou services lui doivent au moins 1% de leur chiffre d'affaires.

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Selon Tatsuo Yoshida, analyste de Bloomberg Intelligence spécialisé sur le secteur automobile, corriger l'ampleur des défaillances dans la certification des tests de sécurité pourrait prendre « un temps considérable ». Sa réputation entachée et la pénurie de ses véhicules pourraient ainsi bénéficier à d'autres constructeurs comme Suzuki, son principal concurrent sur le marché des mini-véhicules.

Toyota dans l'embarras

Également embarrassé par cette affaire, son propriétaire Toyota, qui détient 100% de son capital - Daihatsu est sous son contrôle depuis 1967. Le géant automobile a fustigé fin décembre « l'extrême gravité » de « la négligence de Daihatsu dans le processus de certification [qui] a ébranlé les fondements mêmes de l'entreprise ».

« Pour éviter que cela ne se reproduise (...), une réforme fondamentale est nécessaire pour revitaliser Daihatsu en tant qu'entreprise », et il faudra « non seulement revoir la gestion et les opérations commerciales, mais aussi l'organisation et la structure » de l'entreprise, avait-il assuré.

Toyota sait qu'il « ne pourra pas être exempté de sa responsabilité de surveillance » de sa filiale, avait expliqué en décembre à l'AFP Tatsuo Yoshida.

Cette affaire tombe en plus mal pour le constructeur, qui a déjà essuyé en 2022 un premier scandale de tests inappropriés sur les moteurs du fabricant de camions Hino, dont il est actionnaire majoritaire. Et en décembre, il a dû rappeler aux États-Unis un million de véhicules à cause d'un problème d'airbags. Ces scandales « pourraient égratigner la réputation de Toyota », selon Tatsuo Yoshida, mais ne devraient néanmoins pas nuire à long terme au géant en raison de sa stature.

(Avec AFP)

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