Automobile : Toyota en pleine tourmente avec le scandale de sa filiale Daihatsu

Toyota traverse des turbulences après la révélation du vaste scandale de falsifications de tests de sécurité touchant sa filiale Daihatsu et un rappel de véhicules aux Etats-Unis qui ont fait chuter son cours en bourse.
Toyota a présenté ses excuses ce mercredi, reconnaissant « l'extrême gravité » des faits et promettant une « réforme fondamentale » de sa filiale Daihatsu.
Toyota a présenté ses excuses ce mercredi, reconnaissant « l'extrême gravité » des faits et promettant une « réforme fondamentale » de sa filiale Daihatsu. (Crédits : REGIS DUVIGNAU)

Sale semaine pour Toyota qui doit faire face à des falsifications sur des tests de sécurité chez Daihatsu, l'une de ses filiales, et à un rappel d'un million de véhicules aux Etats-Unis. Le constructeur a d'ores et déjà été sanctionné à la Bourse de Tokyo d'une chute de 4% de son titre ce jeudi matin, après avoir dégringolé de près de 6% à l'ouverture.

Le ministère japonais des Transports a lancé ce jeudi une inspection au siège de Daihatsu, qui a dû suspendre toutes ses livraisons la veille en raison de nombreuses irrégularités découvertes dans ses tests de sécurité. Le constructeur est spécialiste des mini-véhicules très populaires au Japon appelés « kei cars ».

Daihatsu avait admis en avril et mai derniers avoir trafiqué des résultats des tests de collision de certains modèles, et une commission indépendante avait été mise en place pour enquêter afin de « clarifier pleinement la nature des irrégularités et identifier leur cause profonde ».

Le rapport des experts a mis en évidence des défaillances profondément ancrées dans les processus de production de Daihatsu, identifiant 174 irrégularités parmi 25 catégories de tests, dont certaines remontaient à 1989. En tout, 64 modèles de véhicules sont touchés, dont des modèles fabriqués pour le compte de Toyota, Mazda et Subaru.

Toyota « ne pourra pas être exempt de sa responsabilité de surveillance »

Dans la foulée de ces révélations, Daihatsu a présenté ce mercredi ses « plus sincères excuses » pour avoir « trahi la confiance » de ses clients. « Notre mauvaise conduite équivaut à du mépris », a regretté le président de Daihatsu, Soichiro Okudaira, avant de s'incliner longuement en signe de contrition.

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Du côté de Toyota, on reconnaît « l'extrême gravité » des faits et on promet une « réforme fondamentale » de cette filiale. Mais le constructeur japonais, dont des responsables sont présents au conseil d'administration de Daihatsu, « ne pourra pas être exempt de sa responsabilité de surveillance » de sa filiale, note Tatsuo Yoshida, analyste de Bloomberg Intelligence interrogé par l'AFP.

La commission d'experts indépendants qui a enquêté chez Daihatsu pendant huit mois impute les fautes du constructeur à des facteurs tels que « la pression extrême due à un calendrier de développement excessivement serré et rigide » et le manque d'expertise des dirigeants. Corriger l'ampleur des défaillances dans la certification des tests de sécurité pourrait prendre un temps considérable, et obliger l'entreprise à interrompre sa production et à indemniser ses fournisseurs et partenaires de vente pour le tort causé, note Tatsuo Yoshida.

Suzuki pourrait tirer profit des malheurs de Daihatsu

La réputation entachée de Daihatsu et la pénurie de ses véhicules pourraient par ailleurs bénéficier à d'autres constructeurs comme Suzuki, son principal concurrent sur le marché des mini-véhicules, dont le titre a progressé de 2,1%, à rebours de la tendance de la séance boursière. Daihatsu a produit plus de 1,7 million de véhicules dans le monde sur l'exercice 2022/23 terminé fin mars dernier, dont environ la moitié au Japon. Il réalise l'essentiel de ses ventes dans l'archipel et en Asie du Sud-Est.

Un malheur arrivant rarement seul, Toyota a annoncé ce mercredi le rappel aux Etats-Unis d'environ un million de véhicules des marques Toyota et Lexus à cause d'un problème d'airbag. Selon l'avis de rappel publié sur le site du constructeur, des capteurs sur le siège passager à l'avant des véhicules concernés sont susceptibles de présenter un défaut de fabrication pouvant causer un court-circuit.

« Cela ne permettrait pas au dispositif d'évaluer correctement le poids du passager et l'airbag pourrait ne pas se déployer comme prévu lors de certains accidents, ce qui augmente le risque de blessure » a expliqué le groupe. Les modèles concernés datent de 2020 à 2022. Pour Toyota, il s'agit notamment des populaires SUV RAV4 et Highlander ou encore la Corolla ou la Camry.

Des scandales à répétition

Ces nouvelles affaires tombent mal pour le géant automobile qui avait déjà été éclaboussé l'an dernier par un scandale de tests inappropriés sur les moteurs du fabricant de camions Hino, dont il est actionnaire majoritaire. Ces scandales « pourraient égratigner la réputation de Toyota », selon Tatsuo Yoshida, mais ne devraient pas selon lui nuire à long terme au géant en raison de sa stature.

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Mais cela pourrait aussi avoir un impact plus large sur le secteur car « les scandales dans l'industrie automobile ont toujours déclenché des examens plus approfondis des processus de certification de la sécurité », relève le spécialiste. Si les falsifications de Daihatsu « sont perçues comme un problème systémique, des voix pourraient s'élever pour demander un examen plus approfondi du secteur ».

(Avec AFP)

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