Avec son Cybertruck, Tesla part à la conquête du marché des pick-up électriques

Elon Musk veut prendre la main sur le marché des pick-up électriques. Il va officiellement lancer son premier modèle sur ce segment ce jeudi, le « Cybertruck », quatre ans après l'avoir présenté. Un véhicule au design futuriste « clivant », ce qui pourrait freiner les ventes. Mais le milliardaire se veut confiant en raison d'un carnet de commandes qui a déjà dépassé le million et d'un prix qu'il juge « accessible ».
Le Cybertruck de Tesla a une silhouette futuriste, sorte de carapace de métal aux lignes anguleuses plutôt inhabituelles.
Le Cybertruck de Tesla a une silhouette futuriste, sorte de carapace de métal aux lignes anguleuses plutôt inhabituelles. (Crédits : DADO RUVIC)

Le rendez-vous est donné ce jeudi 30 novembre à 20h00 GMT (21h00 en France) pour le lancement officiel du Cybertruck, le premier pick-up électrique de Tesla. Son patron, Elon Musk, dévoilera ce véhicule lors d'un événement organisé au siège américain de l'entreprise, situé à Austin (Texas).

« C'est un nouveau moment historique pour Tesla et Musk. Ce lancement est important pour alimenter la vision d'un groupe en croissance », estime Dan Ives, analyste de Wedbush Securities.

Le véhicule a une silhouette futuriste, sorte de carapace de métal aux lignes anguleuses plutôt inhabituelles. Il se veut, selon le milliardaire, un croisement entre un modèle du film « Blade Runner » (1982) et la « Wet Nellie », véhicule amphibie inspiré de la Lotus Esprit, vue dans « L'espion qui m'aimait » (1977). Il affiche une autonomie de 400 à 800 km selon les modèles et une capacité de traction de plus de 6 tonnes. Sur l'ancienne page qui lui était dédiée sur le site de Tesla - qui affiche aujourd'hui un compte à rebours - l'entreprise indiquait qu'il peut passer de 0 à 100 km/h en moins de trois secondes.

Déjà plus d'un million de commandes

La carrosserie du Cybertruck est composée de plaques d'acier inoxydable, utilisées pour assurer sa solidité. « Cela a l'air cool, mais c'est extrêmement difficile à construire », selon Art Wheaton, expert dans l'industrie des transports à l'université Cornell. Lors de sa présentation, en novembre 2019, un collaborateur, voulant vanter la solidité à toute épreuve de l'engin, avait enfoncé une vitre blindée en y lançant une masse en acier, arrachant un juron à Elon Musk. Une seconde tentative avait endommagé une autre vitre.

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Deux jours après cette présentation à grand spectacle, Tesla avait indiqué avoir reçu près de 150.000 précommandes qui nécessitait un premier versement remboursable de 100 dollars uniquement. Le carnet de commandes a depuis dépassé le million. Elon Musk prévoit d'atteindre une production de 250.000 exemplaires en 2025, soulignant que ce chiffre pourrait doubler, car son prix le rend accessible. Si Tesla n'a pas encore communiqué sur ce sujet, beaucoup, notamment Garrett Nelson de CFRA, évoquent le chiffre de 50.000 dollars pour la version de base.

Un design qui pourrait freiner les ventes

Elon Musk reconnaît sans détour que les ventes de son Cybertruck pourraient être sensiblement plus faibles que celles des autres modèles de la gamme, du fait de son allure atypique.

« Nous avons creusé notre tombe avec le Cybertruck », a plaisanté le milliardaire, le mois dernier. Et d'expliquer : « Le Cybertruck est un produit spécial, de ceux qu'on ne voit que rarement et qui sont très difficiles à lancer sur le marché, à vendre en quantité, à faire prospérer ».

Un avis partagé par Art Wheaton, qui doute que ce véhicule génère des ventes considérables à cause justement de ce design « clivant ». Mais il y voit la promesse d'un produit de niche, suffisamment différencié pour valoriser l'image de la marque Tesla, citant, en exemple, la Corvette de Chevrolet. « C'est un moyen d'attirer l'attention », dit-il, pour ses propriétaires, mais aussi pour le constructeur texan.

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Reste que Tesla ne se lance pas sur un marché balbutiant. Le marché des pick-up électriques est, en effet, déjà bien occupé, notamment par son rival Rivian, mais aussi par General Motors ou Ford. Il faut dire que les pick-up, très prisés de la clientèle américaine, sont des voitures sur lesquelles les constructeurs réalisent les marges parmi les plus importantes. Si le prix de 50.000 dollars pour la version de base du Cybertruck est confirmé, il serait en tout cas équivalent au modèle concurrent de Ford, le F-150 Lightning, lancé il y a plus de 18 mois.

Réduire les coûts pour baisser le prix

Tesla cherche néanmoins à réduire le coût de son pick-up, en raison de la baisse de la demande en véhicules électriques aux États-Unis. Ce déclin - également ressenti sur le marché européen - s'explique notamment par leur prix, plus élevé que leurs homologues à combustion, dans un contexte d'inflation et de taux d'emprunts élevés. « Je m'inquiète de l'environnement des taux d'intérêts élevés dans lequel nous sommes », relevait d'ailleurs mi-octobre Elon Musk, insistant sur la nécessité de réduire le prix des véhicules pour que les mensualités des ménages restent stables. Pour cela : « Nous faisons tout notre possible pour simplifier le véhicule », avait-il confié.

L'entreprise compte réduire les pièces détachées et faciliter le processus de fabrication. Le Cybertruck n'est pas le seul concerné à ce sujet. « Baisser le coût de nos véhicules est notre principale priorité », avait indiqué Vaibhav Taneja, directeur financier de Tesla. Ce qui a déjà été le cas en 2023 : certains modèles ont vu leur montant réduit de plus de 20%. Le constructeur devrait par ailleurs proposer une voiture à 25.000 euros. Un projet en discussion de longue date mais qui a, de nouveau, fait parler au début du mois de novembre. Reste à savoir si, cette fois, la mise en production sera effective dans les prochains mois.

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Honda accélère aussi sur l'électrique

Le marché des pick-up électriques n'est pas le seul à aiguiser les appétits. Celui des deux-roues aussi. Honda est en train d'investir 100 milliards de yens sur la période 2021-2025 dans ce segment, et prévoit un investissement additionnel de 400 milliards de yens (près de 2,5 milliards d'euros au taux de change actuel) sur la période 2026-2030. Objectif : mettre sur le marché 30 nouveaux modèles d'ici 2030 et atteindre les 4 millions de ventes par an dès le début de la prochaine décennie, selon un communiqué du constructeur japonais ce jeudi 30 novembre.

Honda veut par ailleurs réduire de 50% les coûts de production de ses deux-roues électriques d'ici 2030. Pour ce faire, il compte adopter le principe de modèles « plug-in » (rechargeables sur prise secteur), optimiser les batteries ou encore augmenter l'efficacité de ses approvisionnements. Il prévoit aussi de se doter d'usines dédiées à la fabrication de deux-roues électriques dans le monde, à partir de 2027, et de simplifier leur production en basant les différents modèles sur des « modules communs », ce qui devrait notamment lui permettre de réduire la longueur des lignes de production par rapport aux lignes conventionnelles.

Pour rappel, le constructeur japonais s'est aussi fixé depuis 2021 l'objectif ambitieux de devenir 100% électrique dans son segment automobile à l'horizon 2040, et a prévu des investissements colossaux pour y parvenir.

(Avec AFP)

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Commentaires 5
à écrit le 30/11/2023 à 19:50
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Pour conquerir le marche des pick ups electriques le marche des pick ups electriques doit conquerir le marche des pick ups.Et je peux vous garrantir mesdames et messieurs que ça sera jamais effectuer

à écrit le 30/11/2023 à 19:22
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Tesla c'est le Apple de l'automobile. Par contre non franchement ce design est tout simplement génial et il a raison d'ironiser dessus pour pas que les autres fassent pareil parce que question look, tous les SUV 4x4 et surtout pick up ont le même. Bi...

à écrit le 30/11/2023 à 14:48
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Pick up, cela veut rien dire en anglais (américain), c'est comme WC, pom pom girl... Si vous dites à un américain, j'ai acheté le dernier pick up de Tesla, il risque de vous regarder avec des yeux ronds.

à écrit le 30/11/2023 à 11:54
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Et naturellement, le contribuable devra accepter que des primes payées par ses impôts reviendront à Musk pour accélérer le vente et la transition vers le tout électrique (qui ne résout aucun problème de mobilité, au demeurant)

le 30/11/2023 à 12:32
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s'il les fait fabriquer en France, voire en UE (Allemagne, giga-factory prévue, me semble, peut-être déjà terminée) ça entrera dans les 'critères' surtout si la batterie est made in UE. 50k€ le véhicule, vous en réservez combien ? Aucun ? :-)

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