Voitures électriques : les ventes ont-elles atteint un plafond aux Etats-Unis ?

Aux Etats-Unis, deuxième marché automobile mondial, les ventes de voitures électriques patinent. Pour essayer de convaincre, les constructeurs tentent de réduire les coûts de production et le nombre de pièces dans la voiture. En France aussi, les demandes ralentissent.
Le Cybertruck, le pick-up électrique de tesla est prévu pour la fin de l'année
Le Cybertruck, le pick-up électrique de tesla est prévu pour la fin de l'année (Crédits : DADO RUVIC)

Malgré de grands plans d'électrification poussés par l'Inflation réduction act (IRA) de Joe Biden, il semblerait que les voitures électriques séduisent moins que prévu. En cause : le nombre d'infrastructure de recharge insuffisant ainsi qu'une autonomie limitée des véhicules dans un pays où les distances sont très élevées et le transport public est insuffisant. L'inflation et les taux d'emprunts élevés ont également repoussé les Américains de l'électrique, plus cher que leur équivalent thermique. Plusieurs constructeurs américains recalibrent leurs véhicules, revoient leurs objectifs, retardent des projets pour vendre leurs stocks.

« Le ralentissement des ventes de véhicules électriques est plus marqué que pour les autres catégories de véhicules et le contexte économique n'est pas la seule explication », commente pour l'AFP Neil Saunders, directeur chez Globaldata.

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La bataille des constructeurs européens sur le marché

Selon une étude du CTA, organisateur du salon de l'électronique (CES) de Las Vegas, 76 % des conducteurs envisageant d'acheter un véhicule électrique le considèrent comme une forme fiable de transport. Mais le coût d'achat reste l'un des points les plus problématiques avec le manque de point de recharge. En effet, la différence entre les véhicules électriques et thermiques aux Etats-Unis est plus élevée qu'en Europe, puisque le litre de pétrole est deux fois moins cher que sur le Vieux Continent.

Pourtant, certains constructeurs ont beaucoup misé sur les Etats-Unis. C'est le cas de Stellantis, où le pays représente le premier marché des ventes. Le constructeur mise sur 50 % de ses ventes en électrique à horizon 2030 dans le deuxième marché automobile du monde, derrière la Chine. Volkswagen a également annoncé un investissement de 2 milliards d'euros en Caroline du Sud pour produire des SUV et pick-up électriques.

Mais dans le pays, le roi de l'électrique reste Elon Musk. Le dirigeant de Tesla a par ailleurs indiqué qu'il « s'inquiète de l'environnement des taux d'intérêts élevés dans lequel nous sommes » en insistant sur la nécessité de réduire le prix des véhicules pour que les mensualités des ménages restent stables. Le groupe, qui a opéré plusieurs baisses ces derniers mois, a vendu plus de 490.000 des quelques 873.000 véhicules électriques neufs écoulés sur les dix premiers mois de l'année, selon le spécialiste Kelley Blue Book. D'ici fin 2023, Elon Musk va lancer son Cybertruck, son nouveau pick-up électrique futuriste, conçu en essayant de réduire au maximum ses coûts de production.

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Diminuer les coûts en simplifiant les véhicules

Pour John Lawler, le directeur financier de Ford, il faut revenir au niveau pré-Covid et pré-inflation de 13 % du budget mensuel des ménages consacrés à l'automobile. Les constructeurs cherchent à réduire le nombre de pièces du véhicule afin de baisser les coûts.

« Nous faisons tout notre possible pour simplifier le véhicule », a confié Elon Musk.

Le géant Américain général Motors a également repoussé d'un an, à fin 2025, la conversion de son usine d'assemblage d'Orion (Michigan). « Nous avons identifié des améliorations techniques que nous allons mettre en oeuvre pour accroître la rentabilité de nos produits », a-t-il précisé.

Dernièrement, Reuters a même évoqué l'idée d'une seule et même pièce pour le châssis d'une future Tesla à 25.000 euros. Pour Emmanuel Rosner, analyste de Deutsche Bank, « les attentes étaient tellement élevées que nous constatons un effondrement. Tout est question de prix et les constructeurs n'ont pas encore trouvé l'équation économique pour faire moins cher », a-t-il dit sur CNBC.

En France aussi, l'électrique à la peine

Le ralentissement de l'électrique s'est aussi observé en France. Ces derniers temps, la demande s'essouffle même si les ventes continuent de progresser, liées aux livraisons tardives des véhicules achetés il y a plusieurs mois.

« Les questions de capacité énergétique, du maillage territorial des bornes de recharge, de l'évolution du coût de l'énergie sont autant d'incertitudes qui freinent l'adoption du véhicule électrique », estime Julien Pillot, enseignant-chercheur et économiste à l'INSEEC.

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En Europe, la France est l'un des pays qui doute le plus sur la technologie électrique dans l'automobile. Selon un récent sondage de l'Observatoire Cetelem, près de 60 % ne pensent pas que la voiture électrique incarnera le progrès technologique qui pourra améliorer le bilan environnemental de l'automobile. Seul l'Autriche est au même niveau de doute, alors que la moyenne européenne est à 40 %.

« Il appartient à nombre de constructeurs de clarifier leur politique industrielle et commerciale, ainsi que leur communication, afin de ne pas subir définitivement une concurrence qui a souvent un temps d'avance sur la question électrique. De même qu'il revient aux pouvoirs publics d'adopter une ligne claire et stable, sans atermoiement, pour faciliter la transition énergétique du monde automobile », conclut l'Observatoire Cetelem.

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Commentaires 10
à écrit le 20/11/2023 à 14:46
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Houhou, vous êtes où @Idx, vous avez déjà oublié le contenu de mes posts des derniers mois sur le sujet? (Analyse "prédictive" ou devrais-je plutôt dire par métier et raisonnement dont j'en garde des traces indélébiles)🤣🥳

à écrit le 20/11/2023 à 9:40
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L'occident s'est empressé de vendre la technologie des moteurs thermiques aux pays en développement, alors que la transition écologique aurait été plus douce si nous avions d'abord développé le véhicule électrique pour ces pays. La transition est don...

à écrit le 20/11/2023 à 8:43
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Trop chères elles ne peuvent qu'atteindre plus raidement un plafond d'autant que notre classe dirigeante nous impose une grosse crise économique, ça peut pas coller. " Nous faisons tout notre possible pour simplifier le véhicule " Ce qui est faux les...

à écrit le 19/11/2023 à 23:17
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je vois autour de moi qui pris une posture de principe contre les ve. ils seront contre meme lorsqu on aura 800km d autonomie et un cout inferieur au thermique, histoire de pas se dejuger. cela a du etre similaire lors du passage des hyppomobiles aux...

à écrit le 19/11/2023 à 19:38
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Le nouveau truc pour tenter de faire le buzz, c'est d'essayer de discréditer le VE en prétendant qu'il stagne, voir, qu'il régresse, alors que les statistiques de ventes et les enregistrement d'immatriculation montre que la progression s'accentue en...

le 19/11/2023 à 21:26
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Ce n'est pas à cause des déclarations de Tavares et d'un supposé dédain de l'industrie auto UE pour l'électrique que le VE Chinois est moins cher que l'Européen, j'en veux pour preuve Renault qui était un précurseur en lançant la Zoé au même moment q...

le 20/11/2023 à 15:12
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les automobiles qui ont fait rever les hommes ne sortaient pas d'un cerveau d'ingenieur...aucune.

à écrit le 19/11/2023 à 19:17
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Le cybertruck sera un flop monumental

à écrit le 19/11/2023 à 17:39
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La voiture électrique est partie sur de mauvaises bases. Penser que la voiture électrique serait un clone de la voiture à pétrole avec une batterie est un manque de discernement.

le 19/11/2023 à 19:40
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Un manque de discernement qui lui vaut d'avoir en permanence une progression à deux chiffres ! Ah si Tavares avait eu le même manque de discernement, ils ne passerait pas son temps à pleurer de l'aide auprès de l'état en faisant payer ses voitures-d...

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