Renault relance sa stratégie mobilité à travers une nouvelle filiale

Le groupe automobile français va réorganiser ses activités mobilités en les regroupant dans une nouvelle filiale intitulée Renault Mobility as an Industry (Renault M.A.I.). Arnaud Molinié sera à la manoeuvre de cette nouvelle structure qui se veut plus offensive.
Nabil Bourassi
(Crédits : Regis Duvignau)

Renault se dote enfin d'une filiale exclusivement dédiée aux nouvelles mobilités. Baptisé Renault M.A.I. (pour mobility as an industry), cette nouvelle structure considérée à 100% comme une filiale du constructeur automobile français, va regrouper les différentes start-up jusqu'ici logées de manière éparses, soit au sein de Renault lui-même, soit chez RCI, la division annexe dédiée au financement du groupe.

Du service à l'industrie de la mobilité

L'intitulé M.A.I s'oppose à la dénomination MaaS (mobility as a service), un concept très à la mode et qui définit les agrégateurs surtout spécialisés dans une intermédiation de services de mobilités. Ici, Renault a une autre approche. Le groupe estime avoir déjà un certain nombre d'expertise en matières de mobilités mais veut désormais passer à une phase industrielle. Renault M.A.I. va se concentrer sur trois métiers : les activités d'autopartage, le développement de technologies algorithmiques ciblées sur la mobilité, et l'exploitation de marques blanches dans le cadre de partenariats avec des collectivités ou des grands comptes.

Sur ces trois leviers, la nouvelle filiale de Renault dispose déjà de fondamentaux solides. A Madrid, avec Zity, Renault a accompli une jolie percée dans l'auto-partage en libre service. Une expérience qu'il tente de répliquer avec Moov'in Paris. Renault exploite plus de 7.000 Zoé en auto-partage et revendique la place de numéro un en Europe.

Karhoo, la carte maîtresse

Mais c'est surtout sur les technologies que Renault estime avoir une carte à jouer. Avec Karhoo, une start-up britannique rachetée début 2017 par RCI Banque, Arnaud Molinié, estime avoir une offre stratégique. Karhoo permet d'harmoniser les offres de taxis du monde entier à travers une application unique. Ainsi, cette application agrège près de deux millions de véhicules et taxis dans près de 1.500 villes dans le monde.

Pour l'heure, Karhoo est en phase de consolidation de son avancée technologique, mais Arnaud Molinié promet dans les prochains mois une accélération de la phase commerciale auprès d'acteurs majeurs du marché, avec une approche B to B to C et en marque blanche", résume-t-il. Avec Karhoo, Renault M.A.I. fonde également de grands espoirs sur iCabbi et Yuso deux dispatchers de taxis. Il s'agit d'un algorithme qui permet d'optimiser les flottes de taxis au bon endroit, au bon moment, au bon prix. La maîtrise de cette technologie est tactique pour imposer une solution compétitive aux taxis.

"Nous cumulons les briques technologiques qui demain constitueront 80% du volume d'affaire de Renault M.A.I.", affirme Arnaud Molinié.

"A travers la création de Renault M.A.I, nous visons la rentabilité le plus rapidement possible", rappelle-t-il. Autrement dit, la nouvelle filiale de Renault ne sera pas dans l'expérimentation à pertes de solutions mais bien dans le déploiement de modèles économiques rodés.

Un capital ouvert

Renault M.A.I. va ainsi réunir diverses start-up pour la plupart issues d'acquisitions. Il y a un enjeu à aller chercher de nouvelles expertises. La société pourrait être ainsi amenée à conduire de nouvelles acquisitions. Ce qui est certain, c'est que la nouvelle entité anticipe d'importants besoins de financement et n'exclut pas d'ouvrir son capital à de nouveaux partenaires, y compris industriels.

Alors que le marché des mobilités se consolide à vitesse grand V notamment suite à la fusion des filiales de Daimler et BMW avec Share Now, il y avait une importante nécessité pour Renault de revoir l'organisation de ses activités mobilités à travers une structure plus homogène et avec un management simplifié. Il s'agit de gagner en cohérence stratégique mais également de s'inscrire dans une démarche offensive. Sur le très marché très complexe des mobilités, cette initiative sera loin d'être un luxe.

Nabil Bourassi

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Commentaires 5
à écrit le 10/10/2019 à 8:49
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Que Renault s'occupe de fabriquer des voitures sans un tas de machins électroniques peu fiables, souvent inutiles, grevant le poids et la consommation, et vendus à prix exorbitant

à écrit le 10/10/2019 à 8:24
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" C'est Renault qu'il vous faut". Dans ces lointaines annees, cette marque faisait de autos correctes et solides pour le prix demande. Aujourd'hui, force est de constater que les prix sont stratos et la qualite au rencart.

à écrit le 09/10/2019 à 20:26
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En fait, ils appliquent le schéma de ce qui se passe aux us, sans corrélations culturelles !! Nous constaterons ce que cela veut dire, sera, mais a mon avis, l'idée de chacun a rendre le personnel dépendant des investissements dans un continent (car ...

à écrit le 09/10/2019 à 19:57
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Si c'est le futur , pourquoi le mettre dans une filiale ?

à écrit le 09/10/2019 à 14:46
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Ouais ben au lieu de courir à grand pas vers les technologies du futur, Renault ferait bien de déjà faire le ménage dans les technologies actuelles ! Quand on voit que les Dacia, 3 mois après être équipées de système de sécurité sans clés, sont monté...

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