![« Nous n'avons aucune intention de geler nos prix à des niveaux qui ne sont pas compétitifs », a déclaré Carlos Tavares lors d'une allocution aux médias à la suite de la présentation de ses résultats semestriels.](https://static.latribune.fr/full_width/2207474/tavares.jpg)
[Mis à jour à 12h30]
Les trimestres passent, et les records pleuvent pour Stellantis. Ce mercredi, le constructeur franco-italo-américain, né de la fusion entre PSA et FCA, a ainsi réalisé un chiffre d'affaires de 98,4 milliards d'euros en hausse de 12%. C'est plus que ce à quoi s'attendaient plusieurs analystes interrogés par Reuters qui tablaient sur un chiffre d'affaires de 96,8 milliards d'euros et un bénéfice opérationnel ajusté de 12,1 milliards. Ce dernier s'est élevé à 14,1 milliards (+11%) sur les six premiers mois de l'année. Quant au bénéfice net, il est de 10,9 milliards, en hausse de 37% par rapport à l'année dernière.
De son côté, Carlos Tavares, le directeur général du groupe, s'est dit « très heureux » de ces résultats en hausse lors d'une allocution aux médias après la présentation des résultats semestriels, assurant « qu'il faut attendre de voir les derniers résultats, mais qu'à première vue, Stellantis affiche la meilleure rentabilité au monde ce premier semestre ». En revanche, la marge opérationnelle ajustée du groupe s'est tassée à 14,4%, contre 14,5% un an plus tôt et le groupe a vu sa part de marché baisser de 1,3 % aux États-Unis, à 10 %, et de 2,2 % en Europe, à 19 % malgré une hausse des ventes dans ces deux régions.
Une diminution drastique des coûts
Au premier trimestre 2023, déjà, Stellantis affichait un chiffre d'affaires en hausse de 14% par rapport à la même période l'année précédente et ce, grâce aux ventes de voitures électriques dont les nouvelles immatriculations avaient, elles aussi, grimpé de 14% et avaient connu un bond de 58% en Europe en un an. Le plan de redressement de l'entreprise présenté en mars 2022 par Carlos Tavares semble porter ses fruits.
Le dirigeant a surtout abaissé son point mort, soit le moment où l'entreprise est rentable, à 33% de son chiffre d'affaires. Un effort à grands coups de synergies et de réductions budgétaires qui ont parfois fait grincer des dents.
« Je suis très fier des employés de Stellantis, ils font un travail très difficile avec un patron très exigeant », a reconnu Carlos Tavares.
Le patron invite également les fournisseurs à baisser leurs prix en appliquant ses méthodes de réduction des coûts au sein de leur entreprise afin que « chacun fasse sa part dans l'absorption du coût de l'électrification ».
Vers une baisse des prix ?
Carlos Tavares a particulièrement insisté sur la capacité du groupe à maintenir sa marge opérationnelle à 14% quand Tesla glisse à 10%, notamment à cause de sa réduction des prix. Mais pour combien de temps encore ?
« Nous sommes dans un moment clé où il devient difficile du côté des concessionnaires de vendre des voitures à ces prix, ils ont une vraie pression. C'est en ce moment qu'il faudrait baisser les prix », constate Philippe Houchois, analyste chez Jefferies.
En effet, tous les constructeurs avaient augmenté leurs prix l'année dernière avec la crise des semi-conducteurs qui diminuait l'offre par rapport à le demande. Une situation qui est en train de s'inverser à mesure que la production reprend son cours. Stellantis s'attend donc à des variations du marché au second semestre avec des prix qui vont évoluer. « Nous n'avons aucune intention de geler nos prix à des niveaux qui ne sont pas compétitifs », a confirmé Carlos Tavares, évoquant au passage l'attaque des constructeurs chinois dans cette guerre des coûts. Le groupe se dit prêt à absorber ces baisses de prix grâce aux bénéfices réalisés au premier semestre et fin 2022.
Le positionnement des marques encore à définir
Malgré ces résultats très positifs, Stellantis sait que plusieurs failles demeurent. D'abord, les 14 marques du groupe peinent à trouver leur positionnement, surtout dans le premium. En effet, difficile de faire la différence entre DS, Lancia et Alfa Romeo. Un chantier marketing important attend donc le constructeur pour redéfinir chacune de ses marques. Ensuite, si Maserati, sa marque de luxe, a une marge opérationnelle de 9%, en hausse de trois points par rapport à l'année dernière, cela reste « insuffisant pour une marque de luxe qui doit avoir une marge à plus de 15% », a admis Carlos Tavares.
Même incertitude sur Citroën, la marque la plus abordable de Stellantis, et dont l'orientation semble plutôt floue. L'année prochaine, la marque sortira sa citadine à moins de 25.000 euros, une proposition « honnête » selon le dirigeant de l'entreprise. Elle coupera l'herbe sous le pied à Renault avec sa R5 et Volkswagen avec sa ID.2, ayant eux aussi annoncé des citadines électriques moins chères en 2024.
Plusieurs projets d'usines de batteries
Les bons résultats permettent au groupe de continuer à investir, en particulier sur l'électrification. Le 24 juillet dernier, le constructeur et Samsung ont d'ailleurs annoncé un nouveau projet d'usine de batteries pour voitures électriques aux Etats-Unis. Cette deuxième usine, dont l'emplacement doit encore être précisé, devrait démarrer en 2027 avec une capacité de production annuelle de 34 gigawatts-heure (GWh) et serait capable d'équiper des centaines de milliers de voitures des marques du groupe (Chrysler, Dodge, Ram, Jeep).
Ce dernier a déjà ouvert sa première usine de batteries fin mai dans le Nord de la France et une autre est en cours de construction dans l'Ontario au Canada, devant démarrer sa production en 2024. Il prévoit d'en construire cinq autres au total, dont trois en Amérique du Nord.
Et pour cause, Stellantis veut vendre 50% de voitures électriques aux États-Unis d'ici 2030, avec 25 lancements de nouveaux véhicules prévus. L'entreprise compte donc s'assurer de la disponibilité « d'environ 400 GWh de capacité de batterie » sur cette période. Pour rivaliser avec d'autres grands constructeurs ayant présenté d'ambitieuses feuilles de route électriques, Stellantis a annoncé vouloir investir 30 milliards d'euros au total d'ici 2025 dans son électrification et dans ses logiciels.
Sujets les + commentés