En plein bras de fer avec l'Etat français, Stellantis va produire davantage de véhicules en Italie

Le constructeur automobile s’engage à produire, à terme, un million de véhicules par an en Italie, dans un contexte d’« électrification et de concurrence chinoise en Europe ». La semaine dernière, le gouvernement français demandé à Stellantis de relocaliser la production de petits véhicules électriques dans l’hexagone. Une demande rejetée par le groupe.
Carlos Tavares a ainsi annoncé son intention de « produire un cinquième modèle en plus des quatre déjà annoncés » pour le site de production de Melfi en Italie « sous réserve d'une amélioration des performances »
Carlos Tavares a ainsi annoncé son intention de « produire un cinquième modèle en plus des quatre déjà annoncés » pour le site de production de Melfi en Italie « sous réserve d'une amélioration des performances » (Crédits : GONZALO FUENTES)

Le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire avait pourtant demandé la semaine dernière à Stellantis de faire preuve de « patriotisme » en rapatriant en France la production de petits véhicules électriques comme la (Peugeot) e-208... Mais c'est une tout autre annonce qu'a faite aujourd'hui le constructeur automobile. Stellantis s'engage à produire davantage d'automobiles... en Italie. Engagement pris ce lundi par le directeur général du groupe, Carlos Tavares, visant à terme la fabrication « d'un million de véhicules » par an dans le pays, dans un contexte d'« électrification et de concurrence chinoise en Europe ».

« Notre intention est clairement de localiser davantage de modèles dans les usines italiennes », en commençant par celle de Melfi dans le sud du pays, a-t-il déclaré à l'issue d'un entretien à Rome avec le ministre italien des Entreprises Adolfo Urso.

Carlos Tavares a ainsi annoncé son intention de « produire un cinquième modèle en plus des quatre déjà annoncés » pour ce site de production, « sous réserve d'une amélioration des performances », indique Stellantis dans un communiqué. Il s'agira de « « e-modèles haut de gamme à forte valeur ajoutée pour des marques étrangères, ainsi que d'un modèle italien sur la toute nouvelle plate-forme STLA-Medium », présentée la semaine dernière et conçue pour les véhicules électriques.

Inverser la tendance négative de production

Le constructeur automobile franco-italien et Rome ont « partagé la nécessité d'inverser immédiatement la tendance négative de la production » automobile « de ces vingt dernières années » en Italie, misant sur le « Made in Italy », a assuré Adolfo Urso dans un communiqué. Stellantis, avec ses marques Fiat, Alfa Romeo, Maserati ou encore Lancia, a produit seulement 685.753 véhicules en Italie l'an dernier, sur un marché freiné par les pénuries de puces électroniques.

Lire aussiRenault, Stellantis : ce que cachent les bons résultats des constructeurs français

 Cette annonce risque de faire grincer des dents du côté français. La semaine dernière, Bruno Le Maire avait lancé un appel à Stellantis.

« Le défi industriel pour la France, c'est de construire non seulement des véhicules haut de gamme mais aussi des petits véhicules électriques comme la (Peugeot) e-208 sur notre territoire », avait indiqué le ministre de l'Economie. « Moi je souhaite que (le patron de Stellantis) Carlos Tavares relève le gant et relève ce défi. Nous apportons des aides, nous aidons l'industrie, nous essayons de favoriser l'achat de véhicules électriques sur le territoire. Je souhaite que les industriels fassent preuve aussi, tout simplement, d'un peu de patriotisme économique ».

Ce à quoi Carlos Tavares avait répondu dans un entretien paru le même jour dans le Figaro : « L'équation économique liée à la relocalisation forcée de ce projet ne serait ni dans l'intérêt de l'entreprise, ni dans celui du pays », fermant ainsi la porte à tout projet de ce type.

La e-208 sera produite en Espagne

Peugeot et Citroën, deux des marques françaises du groupe franco-italo-américain, ont massivement délocalisé leur production au cours des dernières décennies. Le groupe a produit 678.400 voitures en France en 2022, contre plus d'un million avant la pandémie. Alors, certes, le constructeur a décidé d'investir dans ses usines françaises et va y produire douze modèles électriques, plutôt des SUV de gamme moyenne. Mais la petite 208, n°1 sur son segment en Europe avec près de 50.000 unités vendues en 2022, va bientôt être fabriquée dans l'usine de Saragosse, en Espagne. Et le futur petit modèle électrique de Citroën sera monté en Slovaquie.

Lire aussiTransition énergétique : seul un Français sur cinq voit la voiture électrique comme une priorité

Carlos Tavares évoque des différences de coûts de production entre les pays européens mais aussi la nouvelle concurrence des électriques chinoises. « J'ai un très gros doute sur le fait que l'on puisse produire des véhicules très compacts de façon très rentable dans notre pays », avait déclaré le directeur général du groupe.

(avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 11
à écrit le 26/07/2023 à 10:23
Signaler
Comment peut on imaginer qu une entreprise mondiale pourrait intensifier ses investissements dans le pays le plus inefficace et comptant le plus de fainéants au monde ?

le 26/07/2023 à 20:32
Signaler
Vous devez en faire partie!

à écrit le 17/07/2023 à 20:02
Signaler
L'Etat français ?? vous êtes sérieux la Tribune... On ne parle plus d'Etat français depuis 1944...

à écrit le 11/07/2023 à 11:26
Signaler
Salaires moins élevés en Espzgne et en Italie.Pas de grève dans ces pays.Moikd de charges sociales.Tout est dit. Mais ce n'est pas grave.On.continiera de s'endetter pour payer le chômage.

le 11/07/2023 à 13:25
Signaler
Oui, alors qu'on pourrait baisser les dépenses sociales (RSA,AF, APL etc..) de 100 milliards et les charges sociales du même montant sur les salaires jusqu'à 6 fois le smic pour favoriser le travail qualifié et redevenir un pays industriel. Mais pour...

à écrit le 11/07/2023 à 11:26
Signaler
Salaires moins élevés en Espzgne et en Italie.Pas de grève dans ces pays.Moikd de charges sociales.Tout est dit. Mais ce n'est pas grave.On.continiera de s'endetter pour payer le chômage.

à écrit le 11/07/2023 à 9:48
Signaler
La France est le pays qui a permis à carlos tavares d'accéder à une carrière exceptionnelle . Il fait preuve d'une belle ingratitude. A force d'ego surdimensionné qu'il se méfie de ne pas terminer comme l'autre carlos.

le 11/07/2023 à 15:33
Signaler
Le patron, c'est Elkan, pas Tavares. Tavares fera ce que veut Elkan, pas ce que veut Le Maire

à écrit le 11/07/2023 à 9:08
Signaler
c'est une surprise pour personne que le nearshoring se fera sans la france reenchante, ses lois, ses normes, ses impots sont decouragment permanent son nivellement par le bas pour tous.......la france a fait la chasse au capital capitaliste, aca a bi...

le 11/07/2023 à 9:24
Signaler
le probleme en france c est pas la chasse au capital, c est notre systeme social qui surtaxe le travail. A quoi bon travailler si c est pour gagner tout juste de quoi payer loyer et nourriture. Les plus diplomés/entreprenants partent a l etranger le...

à écrit le 11/07/2023 à 7:55
Signaler
FIAT c'est l'usine d'automobile en europe qui faisait chacune des pièces de toutes ses voitures à une époque puis l'obscurantisme financier a déboulé en force délocalisant à la hache toutes les usines européennes afin de faire travailler des esclaves...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.