Les résultats du premier trimestre sont catastrophiques. Une semaine après avoir annoncé la suppression de plus de 10% de ses salariés au niveau mondial, soit plus de 14.000 personnes en Chine et aux Etats-Unis, ses plus gros marchés et 400 emplois dans sa méga-usine située près de Berlin, Tesla a fait état d'un effondrement de 55% de son bénéfice net par rapport au trois premiers mois de l'année dernière, à 1,13 milliard de dollars. Tous les voyants sont au rouge. Les livraisons sont inférieures à celles de l'an dernier et surtout inférieures aux prévisions des analystes, la production chute de 8,5% sur un an, le chiffre d'affaires également dans les mêmes proportions (-9%), à 21,30 milliards de dollars. Pour le groupe d'Elon Musk, il s'agit du premier repli depuis la pandémie de Covid.
Alors que ces résultats inférieurs aux attentes des analystes risquaient de faire chuter le cours de Bourse, l'action Tesla a grimpé de près de 11% dans les échanges boursiers d'après-clôture. En cause : l'annonce d'Elon Musk, a annoncé qu'il avançait le lancement de nouveaux modèles initialement prévu au second semestre 2025, en évoquant notamment un véhicule électrique à bas coût « aussi vite que possible ».
Voiture bon marché
Pour l'heure, le prix de ces nouveaux véhicules et leur date de sortie sont restés secrets lors de la présentation des résultats, mais des analystes estiment que Tesla pourrait trouver un second souffle avec ce véhicule surnommé Model 2, qui serait vendu autour de 25.000 dollars. Récemment, l'agence de presse Reuters avait annoncé que ce projet avait été enterré.
Le prix « est l'un des obstacles les plus importants. Le secteur a besoin de davantage de produits inférieurs à 30.000 dollars »selon Stephanie Valdez Streaty, directrice d'"Industry Insight" de Cox Automotive. Aujourd'hui, le prix moyen tous modèles confondus des Tesla ressort à 42.110 dollars au premier trimestre, contre 46.000 dollars un an plus tôt. Un chiffre antérieur aux baisses annoncées au cours du week-end en Europe, aux Etats-Unis et en Chine, mais aussi en France.
Pour répondre à ce nouveau calendrier, le constructeur va utiliser une partie des plateformes de ses chaînes de production actuelles. Cela pourrait entraîner une réduction des coûts moins importante qu'attendu au préalable mais permettra de mieux contrôler les dépenses d'investissement « en ces temps incertains », a indiqué Tesla.
Les récents bouleversements de Tesla ont fait dévisser son titre de près de 30% en six mois, soit la pire performance de toutes les actions du S&P 500, l'indice boursier basé sur 500 grandes sociétés cotées sur les bourses aux États-Unis. Le constructeur reste toutefois largement au-dessus de ses concurrents en termes de valorisation, à 542 milliards de dollars, contre 305 milliards d'euros pour Toyota, le deuxième groupe automobile le mieux coté.
Moins de livraisons
Le groupe américain avait prévenu, lors de la présentation de ses résultats annuels de 2023, que l'année 2024 aurait « un taux de croissance du volume de véhicules (qui) pourrait être notablement inférieur au taux de croissance atteint en 2023 ». La faute à une situation « entre deux vagues de croissance », a justifié Tesla lors des questions avec les journalistes : l'une tirée par la sortie des modèles 3 et Y en 2017 et 2020, respectivement, et une deuxième vague qui commencerait avec la plate-forme de véhicules de la prochaine génération. Cette dernière sera marquée par une « refonte totale du système de production », s'était réjouit Elon Musk.
Une prédiction qui s'est confirmée avec les premiers résultats de ventes à l'international publiés début avril. Les livraisons sont ainsi en baisse de 8,5% par rapport au premier trimestre 2023. Pire, c'est même 20% de moins par rapport à fin 2023, une première pour l'entreprise d'Elon Musk depuis 2020.
Au dernier trimestre 2023, l'entreprise américaine s'est même vu dépassée par son grand rival chinois, le constructeur BYD, en nombre de livraisons de véhicules électriques.
Des baisses de prix en cascade
Pour remédier à cette situation, Tesla enchaîne les annonces de baisse de prix. Le constructeur doit aussi baisser ses stocks d'après les analystes de JPMorgan. D'abord aux Etats-Unis, puis en Chine, où le groupe a réduit les prix de ses modèles de près de 2.000 dollars (environ 1.870 euros) alors qu'il est confronté à un recul des ventes et à une intensification de la guerre des prix pour les véhicules électriques (VE), en particulier face aux modèles chinois moins chers. Cette semaine, c'est l'Allemagne qui en a bénéficié puis la France : le prix de la Model 3 a baissé de 3.000 euros, à 39.990 euros, selon des données du site internet du groupe lundi.
« Les prix de Tesla doivent changer fréquemment afin d'adapter la production à la demande », a indiqué dimanche le PDG du groupe, Elon Musk sur X.
Autre carte à jouer par Elon Musk pour maintenir les investisseurs en appétit : les voitures autonomes. Le dirigeant annonçait il y a quelques semaines la sortie de robots-taxis complètement autonomes le 8 août prochain, ce qui ferait de Tesla la première entreprise à réussir ce pari.
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