Un coup de massue. « Si la France n'avait pas enlevé le bonus, j'aurais présenté un plan à 60.000 voitures commercialisées cette année », regrette Julien Robert, le directeur des ventes et du réseau de MG Motor France. Mais c'est finalement un objectif de 30.000 unités vendues en France pour 2024 qui a été affiché lors de la présentation des vœux de MG, la marque appartenant au groupe automobile chinois SAIC.
Soit moins que les 34.441 voitures immatriculées cette année en France. Et cet objectif à la baisse s'explique en grande partie par l'arrêt du bonus écologique, de 5.000 euros à 7.000 euros pour l'achat d'un véhicule électrique, en raison de la production de MG en Chine. « Nous estimons à 30 % la baisse de nos ventes sur l'électrique à cause de l'arrêt du bonus », a confirmé Julien Robert.
D'autant que cet arrêt entraîne avec lui l'impossibilité de faire partie du leasing social lancé par le gouvernement depuis le début de l'année. Or, la grande majorité des commandes en janvier proviennent de ce dispositif, d'après l'ensemble des constructeurs en bénéficiant. « Le marché ne redémarre pas, il y a un flou qui bloque les clients, » explique Julien Robert. Et pour cause, le décret sur le nouveau bonus, qui baisserait de 1.000 euros pour les ménages les plus aisés, n'est toujours pas paru.
« Au mois de janvier, MG a enregistré 1.200 commandes », a-t-il ajouté. C'est peu, sachant qu'un mois plus tôt, le constructeur chinois prenait plus de 8.000 commandes, liées notamment au changement de bonus qui a poussé les gens à acheter, et environ 4.000 sur un mois normal de 2023.
Des motorisations hybrides pour assurer les ventes
Cet objectif en baisse est d'autant plus surprenant que la marque chinoise est en progression fulgurante depuis son arrivée en France il y a trois ans. En 2023, elle a enregistré une hausse de ses ventes de 161,5 % et compte s'étendre, avec 200 concessions ouvertes pour 2024, contre 152 aujourd'hui.
En outre, MG lancera une citadine hybride baptisée MG3 en juin prochain et met deux de ses modèles existants, la ZS et l'EHS, en versions hybrides à partir de la fin de l'année 2024. « Nous développons l'hybride pour assurer des volumes suffisants en 2024 et gagner des parts de marché », explique Julien Robert. Actuellement, MG possède 9 % de parts de marché sur l'électrique en France et prend la 5e marche des marques en France sur cette motorisation, derrière Tesla, Renault, Dacia et Peugeot.
Toutefois, l'arrivée tardive de ces nouveaux modèles repousse les nouvelles commandes et explique l'objectif si bas de MG pour 2024. D'autant que l'hybride n'est en réalité qu'une transition pour MG, qui dévoilera de nouvelles voitures électriques sur le marché français en 2025, « dans les segments C, D et break », a détaillé Julien Robert. La petite citadine électrique ne devrait arriver que plus tard, au moment du lancement de l'usine en Europe certainement.
Une usine en Europe à venir
Car la marque chinoise veut désormais s'installer sur le Vieux Continent. « C'est obligatoire lorsque l'on atteint les 300.000 voitures commercialisées en Europe, afin de limiter les coûts logistiques », précise Julien Robert. Pour l'heure, ni la date du début des travaux ni le lieu ont été annoncés.
« Nous nous ouvrons à toutes les possibilités, que ce soit en Europe de l'Est ou en Europe de l'Ouest ». Seul indice pour l'instant : l'usine ne sera pas en Angleterre, où la marque possède son centre de design actuellement. « Nous ne voulons pas être à la frontière européenne et avoir des droits de douane hyper élevés ».
La prudence de MG contraste avec les annonces pressantes de BYD, son rival chinois, qui souhaite lui aussi conquérir l'Europe. Beaucoup moins installé sur le continent, le géant de l'électrique, qui a dépassé Tesla au dernier trimestre, a confirmé son implantation en Hongrie par un communiqué ce matin. « Elle sera ouverte et opérationnelle d'ici trois ans », a précisé le groupe. Mais MG se dit peu inquiet par l'arrivée de ce concurrent. « Ce sera un concurrent très sérieux dans deux à trois ans, lorsqu'ils auront construit leur réseau et leur image de marque », a renchérit la marque chinoise, ajoutant que « ce n'est pas parce qu'ils ont annoncé une usine qu'elle sera construite avant nous ».
D'ici là, MG prolonge sa remise de 7.000 euros jusqu'au 23 février sur ses véhicules afin d'attirer de nouveaux clients et limiter les pertes liées au retrait du bonus écologique.
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