Chez Nexity, une nouvelle gouvernance pour construire le futur

Le changement d'organisation de l'état-major intervient dans un contexte particulièrement favorable pour le groupe immobilier
César Armand
Jean-Philippe Ruggieri.
Jean-Philippe Ruggieri. (Crédits : Marie Amélie Journel)

Annoncé le 28 mars dernier, le changement d'organisation de l'état-major du groupe Nexity a été confirmé par l'assemblée générale des actionnaires et la réunion du conseil d'administration ce mercredi 22 mai. Cofondateur du numéro un de l'immobilier en 2000, le président-directeur général Alain Dinin, 68 ans, passe le relais à Jean-­Philippe Ruggieri, 50 ans, nouveau directeur général.

Le leader historique demeure président et s'occupe désormais de la stratégie, de l'allocation des ressources et de l'amplification de la plateforme de services, mais n'entre plus dans la partie exécutive. Les deux hommes se connaissent bien : ils travaillent ensemble depuis dix-huit ans, lorsque le premier a racheté l'entreprise familiale du second. Leur relation est donc « majeure » dans les deux sens du terme, comme le dit Jean-Philippe Ruggieri. Cette proximité se retrouve dans le physique et l'attitude : même barbe arborée quelle que soit la saison et même parler « cash ».

Changement de tête

Depuis deux ans, outre la Fédération des promoteurs immobiliers qu'ils ont quittée avec fracas, c'est le président de la République et son gouvernement qui en font les frais. « Rien de révolutionnaire. Des annonces piochées dans de vieux cartons, partielles et précipitées », s'exclame Alain Dinin à l'annonce de la stratégie logement en septembre 2017. « Au lieu d'être dans l'incantatoire "construire plus, mieux et moins cher", que le secrétaire d'état Julien Denormandie [désormais ministre de la Ville et du Logement, Ndlr] rencontre les habitants ! », s'impatiente Jean-­Philippe Ruggieri en octobre 2018 à l'annonce de la signature d'un partenariat avec CDC Habitat.

Cette dissociation, recommandée depuis longtemps par le Medef, intervient dans un contexte où Nexity va (très) bien. à sa création il y a dix-neuf ans, l'entreprise réalisait 200 millions d'euros de chiffre d'affaires, puis autour de 1 milliard à son introduction en Bourse. Puis, entre 2013 et 2018, le CA a encore doublé avec 4,1 milliards fin 2018, avec 523 millions d'EBIDTA et 198 millions de résultat net. Alain Dinin, qui aurait pu rester président quatre ans et directeur général deux ans au regard des statuts, ne part pour autant pas sans résultat. En juin dernier, fort de perspectives dans les tuyaux, il a annoncé avec Jean-Philippe Ruggieri qu'ils devraient réaliser un taux de croissance annuel moyen de 10 % sur 2019, 2020 et 2021.

C'est d'ailleurs en se fondant sur ces données significatives qu'Alain Dinin justifie son départ : « Nexity est aussi une entreprise engagée qui fait de sa RSE, de son utilité, sociale, un axe clé de sa stratégie. [...] Notre organisation managériale se devait d'être repensée pour préparer mieux le futur ! [...] La notion classique de patron n'est plus la réponse unique dans ce nouvel environnement. »

Jean-Philippe Ruggieri continuera en outre de travailler avec les trois directeurs généraux délégués, Julien Carmona venu du cabinet de Jacques Chirac, Véronique Bédague-Hamilius ancienne directrice de cabinet de Manuel Valls et Frédéric Verdavaine, dont il est lui-même issu : « J'ai accepté d'en être le porte-drapeau, mais je crois à l'idée de pack, c'est l'amateur de rugby qui vous parle. Unité et ouverture. »

Plateforme de services clients

En réalité, ce changement de tête tient de la communication que Nexity souhaite imprimer. Plutôt que de se définir comme un opérateur multi-métiers, le groupe souhaite désormais se présenter comme une plateforme de services clients, que ces derniers soient des particuliers, des professionnels ou des collectivités. Alain Dinin l'affirme sans détour : « Nous ne faisons pas d'immobilier » ou encore « C'est aussi dans la trajectoire que j'ai fixée : devenir une entreprise à mission d'ici trois ans ». Jean-Philippe Ruggieri ne dit pas autre chose :

« Avant de penser à être le numéro un de l'immobilier, des services immobiliers, nous devons d'abord et sans cesse nous intéresser aux gens. »

Déjà en novembre, le groupe avait proposé 22 propositions visant à régionaliser les ­politiques publiques du logement. Il rêve notamment d'instaurer des gabarits de hauteur minimale pour les immeubles afin de lutter contre l'artificialisation des sols et l'étalement urbain. Il plaide par ailleurs la restitution des droits de mutation, plus connus sous le terme de frais de notaire, progressifs et non plus proportionnels.

César Armand

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