La multiplication par deux des taux des prêts immobiliers, qui avoisinent désormais les 2% au deuxième trimestre 2022, a un effet très sensible sur la demande de biens immobiliers en Touraine. Le renchérissement de l'argent a fait globalement baisser le nombre d'acheteurs potentiels de 30% VS 2021. « Les deux années de la crise sanitaire ont été exceptionnelles pour l'immobilier, explique Vincent Briand, président de la FNAIM d'Indre-et-Loire. Entraînant la généralisation du télétravail, elle a eu pour première conséquence de renforcer l'engouement des Français pour la pierre. L'année 2021 a ainsi atteint un record avec 1,2 million de ventes de biens dans l'Hexagone. Nous sommes revenus en 2022 à un nombre de transactions comparables à 2019 en Touraine ».
Ce sont au premier chef les primo-accédants qui pâtissent de la nouvelle donne bancaire. Pour eux, la hausse des taux s'accompagne d'un resserrement des conditions d'octroi des prêts. En atteste la remise à l'ordre du jour du seuil d'endettement maximal de 30% des ressources. Dans ce contexte, les investisseurs locatifs, foncières ou particuliers, qui représentent 90% du marché, ont également restreint leurs investissements de façon drastique. Pour ces deux types d'acquéreurs, l'emballement de l'inflation depuis fin 2021 joue enfin un rôle de repoussoir à l'acte d'achat.
« Le seul secteur où la demande ne fléchit pas est la promotion immobilière de logements neufs, assure Vincent Briand. Et pour cause, la pénurie sur ce type de biens, due à la rareté du foncier à Tours, s'est encore accrue avec le manque de matières premières dans le BTP ». Sur l'immense majorité du parc, le recul de la demande concernerait en Touraine toutes les typologies d'habitats, principal et secondaire, ainsi les localisations urbaines, périphériques et rurales. Marie Sophie Brocas Beuzault, présidente de la chambre interdépartementale du Val de Loire, confirme cette tendance. « Amboise, Loches et Chinon, qui concentrent une part significative de résidences secondaires en Indre-et-Loire, ont connu des baisses de demandes significatives depuis le début de l'année, précise la notaire de Rouziers en Touraine, petite commune rurale au nord de Tours. Pour autant, l'offre reste insuffisante concernant les maisons principales et secondaires. Cet écart a pour effet de maintenir un niveau de prix élevé de l'immobilier. »
Des prix qui ne baissent pas
Car c'est bien le paradoxe du marché de l'immobilier tourangeau depuis début 2022. Malgré le recul de la demande, les prix de biens non seulement ne baissent pas, mais ils continuent encore à grimper, dans une moindre mesure toutefois que depuis 2017. A Tours, où le prix moyen se situe entre 3.000 et 3.500 euros le mètre carré, ils ont grimpé de 30% en cinq ans et de 20% sur les seules années 2020 et 2021. Les communes les plus prisées de l'agglomération tourangelle, comme Saint-Cyr sur Loire, Fondettes, Saint Avertin et Rochecorbon, ont atteint le même niveau de prix au mètre carré, ou s'en approchent. « On assiste aujourd'hui à une stabilisation des prix à la hausse, compte tenu de la pénurie de biens d'habitation dans la ville centre, précise Vincent Briand. A l'échelle départementale, le phénomène est à peine inférieur avec des maisons et des appartements qui ont renchéri de 23% depuis 2017 ». « Il faut dépenser entre 2.000 et 2.500 euros le mètre carrés pour acquérir une maison dans la seconde couronne de l'agglomération tourangelle et dans certaines petites villes de Touraine, abonde Marie-Sophie Brocas-Beuzault. Si les prix continuent à monter faiblement, ceux des terrains à bâtir s'envolent : ils ont pris 20% en un an ».
La baisse des prix en Touraine, vanté pour ses châteaux et ses jardins, ne serait donc pas à l'ordre du jour. « Pour l'instant, le marché de l'immobilier tient en Touraine, se félicite Vincent Briand. Reste qu'il peut se retourner rapidement, fonctionnant par cycles. En 2008, personne n'avait ainsi vu venir l'écroulement des transactions ».
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