Covid : le super test de dépistage chinois promet d'être ultra rapide (4 min) et aussi fiable qu'un PCR

Vitesse, fiabilité, mobilité... l'invention des chercheurs de l'Université de Fudan promet d'en finir avec les lourdeurs des dispositifs de dépistage anti-Covid actuels. L'alternative au test PCR trouvée par l'équipe scientifique chinoise repose sur un capteur qui utilise la microélectromécanique (technologie des MEMS) pour analyser les prélèvements ADN récoltés par écouvillon au fond des fosses nasales.
Jérôme Cristiani
Test anti-Covid à l'aéroport international de Los Angeles (LAX) pendant le week-end de Thanksgiving en novembre 2020.
Test anti-Covid à l'aéroport international de Los Angeles (LAX) pendant le week-end de Thanksgiving en novembre 2020. (Crédits : Reuters)

Des chercheurs de la prestigieuse université chinoise de Fudan, à Shanghai, en Chine, ont inventé une nouveau dispositif de dépistage du Covid-19 qui permettrait d'obtenir un résultat très rapidement, en quelques minutes, et qui serait aussi fiable qu'un test PCR réalisé en laboratoire, selon un article paru dans une revue scientifique.

En termes de dépistage du coronavirus, les tests RT-PCR sont actuellement la norme dans le monde, mais il faut en général plusieurs heures pour obtenir les résultats à cause de la complexité des analyses (notamment l'amplification de l'ARN et sa transcription en ADN) réalisées sur les prélèvements naso-pharyngés, qui requiert un passage obligé en laboratoire. Pour mémoire, les tests antigéniques réalisés en pharmacie et dont les résultats sont disponibles en une quinzaine de minutes, sont moins sensibles que les tests PCR, et les autotests à réaliser soi-même, encore moins.

L'alternative trouvée par l'équipe scientifique chinoise repose sur un capteur qui utilise la microélectronique pour analyser les prélèvements ADN récoltés par écouvillon au fond des fosses nasales.

Vitesse, fiabilité, mobilité promettent les chercheurs chinois

À la vitesse de traitement qui permet d'obtenir un résultat en "moins de quatre minutes" donc, les chercheurs ajoutent la fiabilité et la mobilité du dispositif. Car ce capteur est relié à une machine portative, un terminal décrit comme doté d'une "sensibilité élevée" et qui peut donc être facilement emporté partout.

Les universitaires expliquent, en ces termes, les principales caractéristiques de leur invention dans un article publié hier lundi dans la revue Nature Biomedical Engineering:

« Nous avons mis en place un biocapteur électromécanique pour la détection du SRAS-CoV-2 dans un dispositif prototype intégré et portable, et nous démontrons qu'il a détecté l'ARN du SRAS-CoV-2 en moins de quatre minutes dans tous les échantillons nasopharyngés de 33 patients atteints de COVID-19 (avec des valeurs de seuil de cycle de 24,9 à 41,3) et dans aucun des 54 témoins négatifs au COVID-19, sans qu'il soit nécessaire d'extraire l'ARN ou d'amplifier l'acide nucléique. »

Une nouvelle application des MEMS

Ce capteur fait partie de ce qu'on appelle les MEMS (pour Micro Electro Mechanical Systems, ou en français, systèmes microélectromécaniques). Ces dispositifs, dont les champs d'application ne cessent de s'étendre (automobile, biotech, industrie, médical, téléphonie...) sont généralement hautement intégrés, petits, peu coûteux et très efficaces, intègrent des composants mécaniques à l'échelle du micromètre et de la microélectronique, pour convertir les réponses de détection mécaniques, chimiques, biologiques ou autres en signaux électriques.

Concrètement, les chercheurs ont testé leur dispositif avec des échantillons prélevés sur 33 personnes infectées par le coronavirus. Et pour pouvoir comparer les deux méthodes, ils ont en parallèle effectué des tests PCR sur un double des prélèvements effectués sur les mêmes 33 personnes infectées. Selon l'article, tous les résultats obtenus par les deux dispositifs étaient identiques.

Les tests réalisés avec le nouveau dispositif ont, au total, porté sur 54 échantillons, dont ceux de personnes fiévreuses mais qui n'avaient pas le Covid-19, de malades de la grippe et de volontaires sains.

La lourdeur des dispositifs actuels, une opportunité de développement mondial

Les chercheurs de l'université Fudan ont déclaré qu'une fois au point, leur dispositif pourra être utilisé dans diverses situations, notamment dans les aéroports, les hôpitaux, voire "même à la maison".

Outre le fait d'être lents parce que complexes à réaliser, les tests PCR nécessitent des infrastructures et des laboratoires dont de nombreux pays en développement ne disposent qu'en quantité limitée. Tous ces facteurs constituent des freins au dépistage.

La Chine est un des pays qui fabriquent le plus de tests PCR au monde. Et, sur le seul mois de décembre, elle en a exporté pour une valeur totale de 1,6 milliard de dollars (1,4 milliard d'euros), soit une augmentation de 144% par rapport au mois de novembre, selon les chiffres des douanes chinoises: un bond très compréhensible puisque c'est à ce moment-là que la vague Omicron a vraiment déferlé.

Si ce nouveau super test débouche sur une commercialisation, cela ne pourra que renforcer la position de la Chine sur le marché mondial, et, au passage, reposera la question, pour maints pays dépendants, de leur souveraineté industrielle et sanitaire.

 (avec AFP)

Jérôme Cristiani

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Commentaires 2
à écrit le 09/02/2022 à 8:24
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Limite rapide de l'esprit marchand chinois vu que ce qui nous dérange le plus c'est qu'on nous enfonce le truc dans le nez ou la gorge et pas que ce soit lent, on voit le paradigme autoritaire chinois qui lui voit d'abord et avant tout l’intérêt de s...

à écrit le 08/02/2022 à 16:02
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Tant d'énergie dépensée pour une maladie aussi bénigne que le Covid-19. L'humanité est devenue folle. Mais on sait pourquoi : C'est à cause de la phobie de la mort qu'ont les personnes âgées

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