Gensight lève 22,5 millions d'euros pour lancer la première thérapie génique française

La biotech française espère terminer en 2018 les essais cliniques pour son traitement contre une pathologie héréditaire pouvant entraîner la cécité, et obtenir un feu vert des autorités de santé en suivant. Gensight pourrait rentrer dans le cercle fermé des biotechs ayant réussi à lancer une thérapie génique sur le marché.
Jean-Yves Paillé
Lors de la présentation des résultats de phase I/II, Gensight annonçait une amélioration significative de l'acuité visuelle des personnes atteintes de neuropathie optique héréditaire de Leber, et un maintien de celle-ci, après deux ans de traitement.

Gensight Biologics visait 20 millions d'euros. La biotech a finalement levé 22,5 millions d'euros, vendredi 23 juin, auprès d'investisseurs institutionnels américains et européens. Avec cette somme, la société va préparer le lancement de son produit thérapeutique phare, le GS010, et déployer les dispositifs pour le commercialiser et le promouvoir. Se basant sur la thérapie génique (introduction d'un gène dans une cellule pour soigner des maladies), ce médicament lutte contre la neuropathie optique héréditaire de Leber, une pathologie héréditaire pouvant entraîner la cécité. Cette thérapie génique est en phase III de développement clinique, dernière étape avant une commercialisation potentielle.

Lors de la présentation des résultats de phase I/II, Gensight annonçait une amélioration significative de l'acuité visuelle par rapport au placebo, et un maintien de celle-ci, après deux ans de traitement. Cette progression est déterminée par l'échelle ETDRS, une méthode ophtalmologique basée sur la capacité de lectures de lettre de tailles différentes à plusieurs distances calibrées.

La biotech, dont le premier actionnaire est le géant pharmaceutique Novartis (14,96% du capital et des droits de vote), espère confirmer l'efficacité de son produit en phase III dans un an. Elle finalise le recrutement de patients âgés de 18 ans et plus pour l'essai Rescue, en juillet, tandis que son essai Reverse est en cours depuis février. Les deux études dureront 48 semaines au total pour des résultats attendus au deuxième et troisième trimestre de l'année prochaine. GS010 sera ensuite soumis aux autorités de santé américaine et européenne en vue d'un feu vert pour être commercialisé.

Première biotech française à lancer une thérapie génique ?

Gensight pourrait ainsi être la première société française à commercialiser une thérapie génique. D'autres sociétés françaises développent des médicaments se basant sur cette stratégie thérapeutique, mais leur traitement est en phase de développement précoce. Le Généthon planche sur une douzaine de médicaments-candidats, pour le moment à des phases préclinique ou I/II, et vise des autorisations de mise sur le marché à court terme, notamment contre la maladie de Wilscoot Aldrich (déficit immunitaire) et la granulomatose chronique, une maladie du système immunitaire. Horama, qui développe un traitement contre la rétinite pigmentaire et l'amaurose congénitale de Leber, est également en phase précoce de développement.

Si Gensight atteint son objectif, il rejoindra le cercle fermé de biotechs qui ont réussi à lancer une thérapie génique. Le Glybera, créé par la biotech hollandaise Uniqure, est le premier produit basé sur cette stratégie thérapeutique a avoir été approuvé en Europe ; il a obtenu un feu vert pour être commercialisé fin 2012 pour soigner le déficit familial en lipoprotéine lipase. On peut également citer le Strimvelis de GSK - il s'attaque à une rare maladie immunitaire, l'alymphocytose, dont les bébé bulles sont atteints -, qui a reçu le feu vert européen l'année dernière. Spark Therapeutics, qui vient de soumettre une demande à l'Agence américaine des médicament, pourrait être le prochain sur la liste avec son produit thérapeutique s'attaquant à des maladies rétiniennes héréditaires.

Jean-Yves Paillé

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Commentaire 1
à écrit le 23/06/2017 à 20:49
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"une pathologie héréditaire pouvant entraîner la cécité". Comme d'habitude, on va traiter les symptômes et non l'origine de la maladie pour faire de l'agent. Dans une civilisation avancée, les individus porteurs de ces gênes seraient stérilisés moyen...

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