Le couperet tombera vers 19h. En sortie du conseil des ministres, tenu dans la foulée d'un conseil de défense sanitaire, le Premier ministre Jean Castex et le ministre de la Santé Olivier Véran doivent prendre la parole pour annoncer d'éventuelles nouvelles mesures afin de faire face à la résurgence de l'épidémie et l'apparition du très contagieux variant Omicron. Parmi les pistes possibles, la généralisation du port du masque FFP2, jugé plus performant que le masque chirurgical, fait partie des candidats.
Pour l'instant, rien n'indique que le gouvernement français envisage d'inclure l'obligation de port du masque FFP2 parmi de nouvelles mesures anti-Covid. Mais l'exemple est venu de plusieurs autres pays européens, à l'image de l'Italie qui vient de le rendre obligatoire dans de nombreux lieux fermés. Cela concerne les cinémas, les théâtres, les musées et les stades, ainsi que les transports en commun depuis le 25 décembre.
L'Europe fait déjà la bascule
L'Italie n'est pas un cas isolé. En Autriche, les masques FFP2 sont également exigés dans les lieux publics fermés, ainsi que dans les cafés ou restaurants, dès les clients ne sont pas assis, et les parties communes des hôtels. En Allemagne, même s'il n'y a pas d'obligation fédérale quant au type de masque, certains Länder imposent l'utilisation spécifique du FFP2, comme la Bavière, ou la Basse-Saxe (Nord).
En Espagne, le FFP2 n'est pas obligatoire, mais il est frappant de voir qu'il est néanmoins porté par de nombreux Espagnols, y compris dans la rue. Une situation qui contraste avec l'Hexagone, où les Français, peu demandeurs, privilégient largement le masque chirurgical.
Plus étanche avec une double filtration
Le masque FFP2 semble pourtant plus efficace à en croire Christian Curel, le président du syndicat des fabricants français de masques, lui-même à la tête d'une entreprise de masques. Interrogé par l'AFP, il explique : "La grosse différence entre le FFP2 et le chirurgical, c'est que le masque FFP2 est hermétique. Il ne laisse pas passer d'air. " En dépit d'un bon niveau de filtration, le masque chirurgical tend à bailler, là où le FFP2 reste bien appliqué sur le visage.
Autre avantage mis en lumière par Christian Curel, le masque FFP dispose d'une double filtration, "vers l'extérieur et vers l'intérieur". Celle-ci permet de protéger les autres, comme le masque chirurgical, mais aussi soi-même.
Le principal inconvénient du masque en forme de bec de canard est sans doute son prix. Christian Curel indique qu'il est jusqu'à six fois plus cher qu'un masque chirurgical, malgré une importante baisse des coûts depuis le début de la pandémie, au fur et à mesure que les producteurs chinois ont repris leurs exportations. Son prix reste tout de même compris entre environ 50 à 60 centimes en moyenne, même s'il peut descendre entre 30 à 40 centimes pour les commandes en gros des professionnels de santé.
Une production française fragilisée
Pour que l'usage des masques FFP2 se généralise, encore faut-il que ceux-ci soient facilement disponibles. Or, la production française a diminué de 90 % par rapport à fin 2020. Une filière nationale s'est pourtant constituée depuis deux ans. Quasi-inexistante avant la crise, elle est passée de quatre producteurs à une trentaine aujourd'hui. Mais la concurrence est rude, principalement depuis la reprise des exportations chinoises.
Peut-être faut-il y voir la conséquence du désamour des Français pour les masques FFP2 ? La situation pourrait toutefois évoluer, mais davantage du côté des usages professionnels. Gros acheteurs, les hôpitaux commencent à prendre en compte l'origine de production du masque, incités notamment par une circulaire du gouvernement allant dans ce sens.
La filière, qui était "quasi à l'arrêt faute de demande", a aujourd'hui une capacité de production d'une vingtaine de millions de masques FFP2 par semaine, selon Christian Curel, qui assure que les usines pourront s'adapter si besoin."On peut construire de nouvelles machines par exemple pour augmenter les capacités de production", dit-il, dès lors que la filière "maîtrise entièrement la production, de la matière première au produit fini".
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