Après TotalEnergies, Shell, ExxonMobil et Chevron, c'était au tour de BP de publier ses résultats trimestriels ce mardi 2 août. Comme ses compétiteurs, la compagnie pétrolière britannique a vu son bénéfice s'envoler avec la flambée des prix des hydrocarbures. Au deuxième trimestre de l'année, le géant britannique a ainsi publié un bénéfice net multiplié par trois sur un an à 9,26 milliards de dollars.
En revanche, pour les six premiers mois de l'année, BP affiche une perte nette de 11,13 milliards de dollars, le groupe ayant passé au premier trimestre une charge après-impôts de 24,4 milliards de dollars à la suite de sa sortie du russe Rosneft, dans la foulée de l'invasion russe de l'Ukraine, le 24 février dernier.
Au total, les cinq plus grandes entreprises du secteur ont engrangé 62,46 milliards de dollars de bénéfices au cours des trois derniers mois. (Par ordre croissant : TotalEnergies 5,7 milliards, BP 9,26 milliards, Chevron 11,6 milliards, ExxonMobil 17,9 milliard et Shell 18 milliards). A titre de comparaison, c'est peu ou prou l'équivalent du PIB de la Bulgarie en 2020.
Flambée des hydrocarbures
Au cours du deuxième trimestre de l'année, le baril d'or noir coté à New York s'est échangé entre 95 et 120 dollars environ. En hausse depuis plus d'un an en raison du rebond de la demande des entreprises et des ménages après la pandémie, il a été propulsé à des niveaux plus vus depuis 2008 au printemps dernier, suite aux sanctions imposées à la Russie après qu'elle ait envahi l'Ukraine le 24 février.
Le gaz, de son côté, s'envole de nouveau depuis que la Russie réduit progressivement ses livraisons vers les Vingt-Sept. La guerre en Ukraine provoque, en effet, de vives tensions énergétiques entre les Occidentaux et Moscou, qui utilise le gaz comme arme géopolitique et rend ses livraisons de gaz naturel plus faibles et plus aléatoires, quand elles ne sont pas totalement coupées comme vers la Pologne, la Bulgarie ou encore la Lettonie depuis samedi dernier.
Cette envolée des prix de l'énergie contribue largement à l'inflation, au plus haut depuis plusieurs décennies sur le Vieux Continent et aux Etats-Unis.
Aux Etats-Unis, Joe Biden s'en prend aux majors
Outre-Atlantique, le gouvernement américain reproche régulièrement aux entreprises du secteur de s'enrichir sur le dos des automobilistes au lieu d'investir dans la production.
En juin dernier, lors d'un discours sur l'inflation, le président Joe Biden avait directement reproché au géant pétrolier ExxonMobil de ne pas pomper plus de pétrole, ce qui pourrait faire baisser les prix, dans le simple but de faire grimper davantage ses bénéfices. Sur le ton de la plaisanterie, il avait alors avancé qu'ExxonMobil allait "gagner plus d'argent que Dieu" au deuxième trimestre.
De leurs côtés, ExxonMobil et Chevron assurent faire des efforts. Le premier argue notamment que sa capacité de raffinage sera supérieure d'environ 250.000 barils par jour au premier trimestre de 2023, "ce qui représente le plus grand ajout de capacité de l'industrie aux États-Unis depuis 2012", a souligné son PDG Darren Woods dans un communiqué.
Les deux majors américaines ne profitent pas de cette nouvelle manne financière pour doper leurs dépenses d'investissements. Le niveau de ces dernières reste inférieur à celui d'avant la pandémie. En revanche, elles en profitent pour réduire leur niveau d'endettement et gâter leurs actionnaires.
Des profits monstres qui font grincer des dents
Sur le Vieux Continent, ces bénéfices pharaoniques ont fait naître de vifs débats autour de la mise en place d'une taxe temporaire sur les "superprofits" des multinationales alors que de nombreux ménages ont vu leur pouvoir d'achat s'éroder avec la hausse du coût de la vie. Ainsi, en mai dernier, Londres a annoncé la création d'une taxe exceptionnelle sur le secteur de l'énergie afin d'aider à financer en partie les aides gouvernementales destinées aux ménages les plus modestes. L'Italie a adopté une approche similaire.
Une taxe temporaire a également été mise en place en Espagne et au Portugal. Ces deux pays de la péninsule ibérique ont obtenu une dérogation de la part de Bruxelles pour s'écarter temporairement des règles du marché européen de l'électricité. Objectif : limiter le prix du gaz fourni aux centrales électriques gazières pendant un an. Les gaziers seront compensés et recevront la différence entre le prix du marché et le tarif plafonné. Cette compensation sera financée par une taxe sur les bénéfices perçus par les compagnies électriques.
La France rejette l'idée d'une taxe sur les "superprofits"
En France, la piste d'une "taxe exceptionnelle" sur les "bénéfices exceptionnels" des fournisseurs d'hydrocarbures, des prestataires de transports maritimes ou encore des concessionnaires d'autoroutes a été totalement écartée par les parlementaires ce mardi 2 août. Cette piste, d'abord évoquée au printemps dernier, a resurgi ces derniers jours après le doublement des profits de TotalEnergies au deuxième trimestre.
Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a redit son opposition au "réflexe pavlovien de la taxe". "Une taxe n'a jamais amélioré la vie de nos compatriotes. Ils ont besoin d'argent dans leurs poches, pas dans les poches de l'Etat", a appuyé le ministre.
Sous pression, TotalEnergies a toutefois annoncé il y a quelques jours qu'il appliquera une remise à la pompe de 20 centimes par litre entre septembre et novembre dans toutes ses stations-service, puis à 10 centimes par litre sur le reste de l'année.
(Avec AFP)
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