EDF lance un méga emprunt vert... qui le plombe en Bourse

EDF a plongé mardi en Bourse après avoir annoncé le lancement d'une émission d'obligations vertes. Première entreprise à émettre un emprunt vert en 2013, l'électricien s'est fixé en 2015 comme objectif de doubler sa capacité nette installée de production d'énergies renouvelables pour atteindre 50 gigawatts en 2030.
EDF est le premier producteur et fournisseur d’électricité en France et en Europe.
EDF est le premier producteur et fournisseur d’électricité en France et en Europe. (Crédits : Regis Duvignau)

Le géant de l'électricité français EDF était pénalisé en Bourse mardi après avoir lancé une gigantesque émission d'obligations vertes convertibles en actions pour un montant maximal de 2,4 milliards d'euros.

"Il s'agit de la plus large émission convertible verte jamais réalisée" dans le monde, selon la banque BNP Paribas qui a conseillé EDF dans cette opération.

C'est aussi "la plus grosse émission d'obligations convertibles en Europe depuis 2003", année où le groupe allemand Siemens avait émis un emprunt convertible pour 2,5 milliards d'euros, précise à l'AFP Alexis Le Touzé, responsable des marchés actions France chez BNP Paribas CIB. Via cet emprunt vert, EDF "réaffirme ses ambitions dans le secteur des énergies renouvelables" mais le cours de son action accusait la plus forte baisse du SBF 120, pénalisé (-7,81% à 8,15 euros) par l'effet potentiellement dilutif de cette première émission d'obligations convertibles du groupe.

En outre, la chute de la production d'électricité nucléaire en août 2020, qui s'établit à 22,9 TWh, en baisse de 4,8 TWh par rapport à celle d'août 2019, en lien principalement avec les impacts de la crise du coronavirus, a également contribué à faire reculer le titre, selon des analystes.

Première entreprise à émettre un emprunt vert en 2013, l'électricien a procédé pour l'heure à quatre émissions d'obligations vertes pour un total de 4,5 milliards d'euros (sans prendre en compte l'émission de mardi). Ces obligations ont permis de financer une trentaine de projets dans l'éolien et le solaire dans le monde ainsi que 800 opérations dans l'hydraulique. Tous ces projets permettent d'éviter près de 6 millions de tonnes de CO2 par an.

"Il est trop tôt pour dire à quels projets précis ces fonds seront alloués", a indiqué EDF, interrogé par l'AFP. Mais cette émission obligataire permettra à l'électricien d'atteindre son objectif, fixé en 2015, de doubler sa capacité nette installée de production d'énergies renouvelables pour la porter à 50 gigawatts en 2030.

Lire aussi : Nucléaire ou 100% renouvelable après 2035? Barbara Pompili veut préparer la France à faire un choix

Les convertibles en antidote

Le segment des obligations convertibles a dernièrement profité des taux bas et de la forte volatilité sur les marchés actions: en prenant en compte cette émission, 30 opérations ont été réalisées contre 18 l'an dernier sur la même période pour un montant de 19 milliards d'euros contre 9,5 milliards, commente Alexis Le Touzé.

Pour cet emprunt sur quatre ans fondé sur des obligations à option de conversion et/ou d'échange en actions nouvelles et/ou existantes, il constate "une forte demande" des investisseurs qualifiés dans toute l'Europe. Pour eux, "il est important de réinvestir" dans ces classes d'actifs après que des précédentes opérations sont arrivées à échéance, explique l'expert.

Et pour l'entreprise, c'est un moyen "d'optimiser le coût de sa dette" dans un scénario de remboursement, puisqu'elle "remboursera un montant moins élevé que ce qu'elle a émis". En cas de conversion à un horizon de quatre ans, l'entreprise renforcera ses fonds propres puisque la conversion fera augmenter de facto son capital.

L'Etat français qui détient actuellement, de concert avec Bpifrance, 83,6% du capital de la société, a souscrit environ 40% de l'émission, "c'est-à-dire qu'il a accepté dans le cas où la conversion aurait lieu, une dilution au capital d'EDF", a fait savoir le spécialiste.

Ces titres de créances (à échéance 2024) seront émis à un prix compris entre 105,75% et 108% de leur valeur nominale pour un rendement négatif (compris entre -1,91% et -1,39%). La valeur nominale des obligations fera ressortir une prime de conversion comprise entre 30% et 35% par rapport au cours de référence de l'action EDF cotée sur Euronext à Paris.

Le marché des obligations vertes, en plein essor, a connu une augmentation significative des émissions d'entreprises et souveraines ces deux dernières années. Servant à financer des projets environnementaux, il s'inscrit dans une stratégie durable face au changement climatique.

Début septembre, l'Allemagne a réalisé une émission de dette verte pour 6,5 milliards d'euros, rejoignant le club des émetteurs souverains d'obligations vertes dont font partie la France, la Belgique, l'Irlande, la Lituanie, les Pays-Bas et la Pologne. EDF de son coté a annoncé son intention d'émettre deux nouvelles tranches d'obligations hybrides, l'une à 6,5 ans et l'autre à 10 ans.

Lire aussi : Premières obligations vertes de 4 milliards d'euros pour l'Allemagne en septembre

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Commentaires 7
à écrit le 10/09/2020 à 13:28
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Donc en gros pour être vert, on rend notre électricité carboné... Elle est ou l'écologie ? Chaque champ dévasté par l'éolienne ou le solaire est accompagné d'une central charbon ou gaz. Sans même parler des terre rare et de leur non recyclabilité....

à écrit le 10/09/2020 à 11:15
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Quand on joue au con ...

à écrit le 10/09/2020 à 9:58
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Ce type d'ENR (vs. biomasse et pompe à chaleur) est une mauvaise idée, se référer aux conférences de Jean-Marc Jancovici qui démontre de manière argumentée pourquoi.

à écrit le 10/09/2020 à 9:17
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A ce stade, il faudrait proposer aux citoyens un tarif vert d'électricité (d'origine éolienne et solaire et hydraulique), et un tarif d'électricité d'origine "nucléaire", ce qui permettrait et de financer les différentes options, et de faire le décom...

à écrit le 09/09/2020 à 13:00
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EDF Überalles ! (Monopolstellung) : surtout ne pas laisser les marchés aux PME/PMI/ETI sauf à les contrôler . . . . ou les éliminer.

à écrit le 09/09/2020 à 10:51
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La France se tire une balle dans le pied avec le "verdissement" de la production d'électricité, alors que la croissance démographique mondiale tue tout espoir de réduction des gaz à effet de serre. Nous allons "périr" pour tenter de sauver les autre...

à écrit le 09/09/2020 à 9:28
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Le greenwashing était une bonne idée quand la bourse allait bien, celle-ci y voyant une façon de redorer son blason l'a bien accepté mais maintenant que la crise est là il y a moins de place pour la communication.

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