RTE Ouest se prépare à accompagner le triplement de la production d’énergies renouvelables en Pays de la Loire

Avec la perspective de tripler la production des énergies renouvelables d’ici dix ans, RTE Ouest a programmé 750 millions d’euros d’investissements entre 2022 et 2026. Ce financement servira à raccorder le futur parc éolien Yeu-Noirmoutier, renforcer le réseau et accompagnera la réindustrialisation et la décarbonation des industries de la Basse-Loire. Dans cette région qui importe 78% de son électricité, les capacités de production d’énergie renouvelable ont augmenté de 37% en 2022.
A la Barre-de-Monts, en Vendée, la préparation de la zone d'atterrage pour permettre le passage des câbles souterrains qui relieront le parc Yeu-Noirmoutier au continent a commencé. C'est le plus conséquent des investissements réalisés par RTE Ouest entre 2022 et 2026.
A la Barre-de-Monts, en Vendée, la préparation de la zone d'atterrage pour permettre le passage des câbles souterrains qui relieront le parc Yeu-Noirmoutier au continent a commencé. C'est le plus conséquent des investissements réalisés par RTE Ouest entre 2022 et 2026. (Crédits : RTE)

Loin des gros émetteurs de CO2*, que sont les bassins de Fos-sur-Mer (8 millions de tonnes/an), de Dunkerque (5 millions de tonnes/an), de la Haute-Normandie (6 millions de tonnes) ou de l'Est de la France (2 millions de tonnes), la région des Pays de la Loire (1 million de tonnes) pourrait avoir besoin de produire 1 à 2 gigawatts d'électricité supplémentaires par an. Objectif affiché accompagner la réindustrialisation de son territoire, la décarbonation des outils de production et contribuer à la souveraineté industrielle de la France.

Lire aussiÉnergies renouvelables : recours contre l'État pour l'obliger à respecter les objectifs de déploiement

A cheval sur les régions Centre-Val de Loire, Bretagne, Pays de la Loire et l'ex Poitou-Charente, RTE Ouest prévoit en effet d'investir plus de 2,3 milliards d'euros entre 2022 et 2026 (hors ex-région Poitou Charente), dont 750 millions d'euros dans Pays de la Loire. Au-delà des 102 millions d'euros investis en 2022 dans la modernisation et le développement du réseau électrique (Saumur-Cholet, Nantes-Cheviré), RTE Ouest consacrera près de la moitié de ces investissements au raccordement du parc éolien Yeu-Noirmoutier, dont la mise en service est prévue à l'horizon 2025-2026. D'une puissance de 496 MW, ce parc permettra de produire 1.900 gigawattheures par an soit l'équivalent de la consommation annuelle de 800.000 personnes.

Lire aussiUne électricité décarbonée, abondante et compétitive : le nerf de la guerre de la réindustrialisation verte

La production d'énergie renouvelable en hausse

Ces financements publics ont donc pour objectif de dynamiser la production d'énergie renouvelable.

« Déjà, des industriels de l'Estuaire de la Loire, qui constitue la zone la plus émissive de la région, commencent à réfléchir à un transfert de leur consommation vers les énergies renouvelables. Nous avons des demandes pour l'installation de datacenters ou de gros électrolyseurs de 200, 300, 400 mégawatts (MW), pour produire de l'hydrogène et réduire la part des énergies fossiles. C'est prospectif, mais ce sont des installations qui peuvent représenter 200 à 300 millions d'investissements », assure Carole Pitou-Agudo, déléguée régional de RTE Ouest.

Et le tournant vers l'électricité décarbonée se fait déjà sentir. Dans les Pays de la Loire, la production d'énergie renouvelable a déjà progressé de 37% en 2022, au regard d'une puissance installée de 4.751 MW, en hausse de 19% sur la même période.

L'éolien terrestre d'abord

Dans une région où 78% de l'électricité est importée depuis les régions voisines (21 térawattheures depuis le Centre-Val de Loire, 3,4 Twh depuis la Normandie, 3 Twh depuis la Nouvelle-Aquitaine), 57% de l'énergie de la produite localement est désormais issue des énergies renouvelables. Pour ce faire, les Pays de la Loire ont pu compter sur la mise en service du parc éolien de Guérande (480 MW) à la mi-2022. Le nombre d'équipements éoliens a bondi de 50,1% entre 2021 et 2022. La production, elle, a augmenté de 29,3%.

« Pour atteindre l'objectif européen de réduction des émissions de CO2 de 55% à l'horizon 2030, nous aurons besoin de tous les leviers. En premier lieu de l'éolien terrestre pour accélérer », estime la déléguée régionale de RTE Ouest.

« Suivra l'éolien en mer comme relais de croissance, et en particulier l'éolien flottant, avec les futurs parcs de Sud Bretagne et Sud Atlantique, dont les technologies ne seront pas encore matures avant 2030-2035 », ajoute-t-elle. Enfin, RTE estime que l'augmentation de la production d'énergie décarbonée viendra de la transformation du parc nucléaire et l'arrivée des nouveaux EPR2.

Lire aussiRéforme du marché de l'électricité : les 27 s'écharpent sur le soutien au nucléaire... et au charbon !

Multiplier par trois la production des ENR d'ici à 2032

L'autre vecteur de décarbonation engagé dans la région est le solaire dont la production (1TWh) a progressé de 28,6%, entre 2021 et 2022.

« On franchit des paliers. C'est la somme des petits parcs solaires installés chez les particuliers, sur les parkings, les ombrières, dans des bâtiments agricoles... que l'on a vu exploser. La filière connaît une dynamique forte et se développe massivement. Avec la nouvelle loi sur l'accélération des ENR qui impose d'équiper tous les parkings de plus de 10.000 m² de panneaux photovoltaïques, on s'attend à une dynamique extrêmement importante », observe Carole Pitou-Agudo.

Elle estime le potentiel des ENR à 5.000 MW pour la décennie à venir contre 2.200 MW aujourd'hui. « C'est-à-dire que l'on va multiplier la production par trois à l'horizon 2032 », estime-t-elle.

Soumise à l'envolée des prix du gaz liée à la guerre en Ukraine, et plus largement la crise énergétique, l'inflation, les problèmes de corrosion sur le parc nucléaire, l'impact d'un stock hydraulique au plus bas depuis 1976 une météo plutôt clémente, et les efforts de sobriété déployés ici et là, la consommation régionale d'électricité (24,3 Twh) a surtout été marquée au dernier trimestre 2023 par des baisses de consommation de -11% à -15%, et de -7% pour le seul secteur industriel. Cela dit, avec 24,3 Twh, la consommation est restée relativement stable (-1%) en 2023.

* Les plus gros émetteurs directs de CO2 en 2019 (RTE)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.