
Les agriculteurs ne sont pas les seuls à être confrontés au problème de la sortie du glyphosate en France. Pour des raisons de sécurité ferroviaire, la SNCF est aussi largement dépendante de cette molécule, dont elle se sert pour se débarrasser de la végétation tout au long et autour de 60.000 kilomètres de voies. Avec ses quelque 40 tonnes de glyphosate achetées par an, elle en est même la plus grosse utilisatrice du pays - même si cela ne représente que 0,4 % du total, la consommation de cet herbicide se comptant le plus souvent en kilos. Depuis quelques années, la société ferroviaire recherche donc activement des solutions de remplacement qui soient compatibles avec une contrainte particulière : sur les voies, le glyphosate est versé par des trains qui roulent à 60 km/h.
Recourir à de l'acide pélargonique
Aujourd'hui, « une dizaine de pistes sont à l'étude, dont trois ou quatre sont bien avancées », affirme Dominique Janot, chef de projet post-glyphosate à SNCF Réseau. La première consiste à utiliser un produit de biocontrôle, l'acide pélargonique, qui doit toutefois être mélangé avec des produits phytosanitaires de synthèse afin d'obtenir une efficacité comparable à celle du glyphosate.
Depuis sa récente autorisation de mise sur le marché en milieu ferroviaire, des tests en conditions réelles « sur six zones de 20 km/h » sont en cours, explique Dominique Janot. La SNCF a en outre lancé un appel d'offres pour la mise en place de nouveaux trains capables, grâce à des capteurs et à des instruments de précision, de cibler les mauvaises herbes tout en roulant à la même vitesse. « Dans d'autres pays cela a permis de réduire les quantités de glyphosate de 50 % », souligne Dominique Janot.
La société étudie enfin comment, en entretenant différemment les abords des voies (végétalisation choisie, géotextiles, coupage mécanique, robots tondeurs permanents), leur désherbage peut être simplifié et la consommation de glyphosate réduite. Elle espère déployer ses solutions les plus mûres sur 48.000 kilomètres de voies dès les prochaines années. Mais alors que pour le désherbage elle dépense aujourd'hui 30 millions d'euros, avec les nouvelles solutions cela va coûter au moins cinq fois plus cher.
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