Si la dette est un sujet de préoccupation pour les États, il l'est aussi pour les entreprises, toujours plus dépendantes de leurs créanciers. Et pour cause, l'endettement des 933 plus grosses entreprises du monde (tous secteurs hors financier et immobilier) s'est élevé à 7.802 milliards de dollars (7.076 milliards d'euros) au 1er juin 2023, selon le rapport annuel du gestionnaire d'actifs Janus Henderson, paru ce mercredi.
Cette dette se révèle plus de deux fois plus élevée que celle de 3.000 milliards d'euros de la France. En outre, elle a augmenté de 6,2% à taux de change constant par rapport à il y a un an, devenant le niveau d'endettement privé le plus important depuis la première édition de ce rapport en 2014.
Dans le détail, les entreprises du secteur des télécommunications demeurent les plus endettées : Verizon (1er, 172 milliards de dollars), At&T (4e, 154 milliards), Deutsche Telekom (5e, 153 milliards), Comcast (6e, 102 milliards). Mais le secteur des services aux collectivités est celui qui a le plus contribué à l'augmentation de la dette, en raison « d'importantes dépenses d'investissement et des dividendes », selon le rapport.
A l'inverse, les profits colossaux des pétrolières leur ont permis de ramener leur endettement au plus bas depuis près de 10 ans. Le gestionnaire d'actifs prévoit que ce stock de dette diminue dans les prochains mois.
L'impact de la hausse des taux d'intérêt se fait attendre
« La hausse des coûts d'emprunt et le ralentissement de l'activité économique devraient inciter les entreprises à chercher à rembourser une partie de leurs dettes », selon Janus Henderson. Pour rappel, la Banque centrale européenne a monté ses taux de 0% au printemps 2022 à 3,5-4,25% en juin. Soit l'une des remontées de taux les plus rapides de l'Histoire. Objectif affiché, freiner l'accès au crédit et baisser la consommation et les investissements pour juguler l'inflation.
Jusqu'ici la hausse des taux n'a toutefois eu qu'un impact limité sur les grandes entreprises, avec une hausse des coûts des intérêts limitée à 5,3% à taux de change constant. Les entreprises empruntent en effet sur le marché obligataire à taux fixes pendant plusieurs années, ce qui les protège jusqu'à ce qu'elles doivent refinancer leur dette.
Des défaillances d'entreprises qui s'envolent
Si les grandes entreprises sont relativement couvertes de la hausse des taux grâce aux obligations, elles prennent tout de même le risque de se surendetter et de finir en faillite. Une situation qui revient d'ailleurs de plus en plus chez les entreprises françaises, selo une étude du cabinet Altares publiée mardi. Les défaillances d'entreprises en France ont augmenté de 35% sur un an au deuxième trimestre, avec 13.266 procédures de liquidation, de redressements judiciaires et de procédures de sauvegarde ayant été ouvertes devant les tribunaux de commerce du 1er avril au 30 juin.
Ce niveau dépasse désormais très nettement celui d'avant la crise sanitaire. Durant la même période de 2019, il y avait eu 12.347 défaillances et 12.925 en 2017. Sur un an, alors que la Banque de France n'avait recensé que 33.750 faillites entre juillet 2021 et juin 2022, l'institution en compte 48.673 entre juillet 2022 et juin 2023. Elle constate que « le nombre de défaillances poursuit le rattrapage amorcé à l'automne 2021 ». Une situation inquiétante, mais qui doit être relativisée au regard des 59.342 faillites par an, comptabilisées en moyenne pré-pandémique.
(Avec AFP)
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