Casino demande des « délais de grâce » pour éviter un défaut sur sa dette

Casino a annoncé qu’il allait solliciter des « délais de grâce » au Tribunal de Commerce. Fortement endetté, le groupe de distribution craint de se retrouver en défaut sur sa dette avant de l’avoir renégociée lors de la procédure de conciliation. Alors que l’action du groupe poursuit sa chute à la Bourse de Paris, Casino envisage de transformer ses créanciers en actionnaires.
Le distributeur Casino va demander des «délais de grâce» au Tribunal de Commerce afin de ne pas se retrouver en défaut sur sa dette avant de l'avoir renégociée.
Le distributeur Casino va demander des «délais de grâce» au Tribunal de Commerce afin de ne pas se retrouver en défaut sur sa dette avant de l'avoir renégociée. (Crédits : STEPHANE MAHE)

Casino a besoin de temps. Après que certains créanciers du distributeur ont refusé de ne pas réclamer leur versement des sommes dues le temps de la conciliation, le distributeur a annoncé ce lundi qu'il allait « solliciter du président du Tribunal de commerce, dans les prochains jours, l'application de délais de grâce ». Avec cette demande, le groupe souhaite obtenir le report du terme de sa dette ou l'échelonnement des échéances.

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L'endettement net de Casino se chiffre au total à 6,4 milliards d'euros et celui de sa maison-mère Rallye à environ 3 milliards d'euros. Le distributeur veut geler le remboursement de certaines créances ou intérêts jusqu'à la fin de la procédure de conciliation (au plus tard fin octobre) afin d'éviter de se retrouver en défaut sur sa dette avant de l'avoir renégociée.

Nouvelle chute de l'action en Bourse

Ce lundi matin, à la Bourse de Paris, l'action de Casino a connu une forte diminution. Son cours a chuté de 18,43%, atteignant ainsi 3,32 euros vers 9h15. La semaine dernière, l'action avait déjà perdu près de la moitié de sa valeur, après qu'il a été annoncé que Jean-Charles Naouri, patron historique de Casino, allait perdre sa mainmise sur le groupe.

Au lendemain de cette nouvelle, l'action du groupe de grande distribution Casino, qui croule sous les dettes, chutait de 35% à la Bourse de Paris jeudi 29 juin dans les premiers échanges. Le titre du distributeur atteignait ainsi son plus bas niveau historique. L'action, suspendue de longues minutes après l'ouverture de la Bourse en raison des fortes variations, chutait de 35,17% à 4,87 euros, le niveau le plus bas jamais atteint à la Bourse de Paris pour ce groupe de distribution, vers 09h20.

La possibilité d'un défaut de paiement

Dans un communiqué, le groupe indique ce lundi qu'il n'a pas respecté au 30 juin l'obligation d'avoir une dette brute qui n'excède pas 3,5 fois son excédent brut d'exploitation (un indicateur de rentabilité), ce qui lui permet d'être capable de rembourser ses créanciers.

« Le groupe pourrait donc, à la date de remise du certificat concerné (c'est-à-dire au plus tard à fin août), être en défaut » à ce titre, « ce qui entraînerait un défaut croisé au titre d'une partie de son endettement financier au niveau de ses filiales opérationnelles ».

Pour éviter ce scénario, il a été demandé aux créanciers de ce type de dette, dits « prêteurs au titre du RCF », qu'ils « renoncent à déclarer toute exigibilité anticipée sur le fondement d'éventuels cas de défaut au titre des covenants financiers au 30 juin 2023 et 30 septembre 2023 ». Mais Casino a annoncé ce lundi que « ces prêteurs n'ont pas répondu à la demande ».

Renégocier et réduire la dette

Casino, dont la dette s'élève à 6,4 milliards d'euros, veut renégocier son endettement dans le cadre de la procédure de conciliation qui a commencé à la fin du mois de mai. Cette procédure amiable peut durer quatre mois, plus un en option, et doit permettre d'assurer la pérennité du groupe, dans une forme qui reste à déterminer. Ce qui ne semble faisable qu'en réduisant significativement le poids de sa dette. Cela impliquerait que les créanciers de Casino, grandes banques françaises et internationales, fonds d'investissement européens ou américains et acteurs institutionnels acceptent de tirer un trait sur l'argent dû par le groupe, dans des proportions sans doute très importantes.

Le groupe de distribution espère réduire une partie de sa dette en transformant ses créanciers en actionnaires en contrepartie de la non-récupération de leur argent. Cette procédure entraînera une forte augmentation du nombre d'actions du groupe en circulation, et par conséquent, une baisse de la valeur de ces dernières.

Lire aussiCasino espère réduire sa dette de moitié dans le cadre d'une procédure de conciliation

Les prétendants au sauvetage ou à la reprise ont jusqu'à ce lundi

Plusieurs prétendants, qui ont jusqu'à lundi pour officialiser leurs offres d'apports de fonds propres, sont déjà connus et plusieurs milliardaires ont manifesté leur intérêt publiquement. Le Tchèque Daniel Kretinsky, déjà actionnaire de Casino à plus de 10% et qui souhaite en prendre le contrôle, est prêt à injecter 750 millions d'euros. A condition que la dette soit allégée, avec une augmentation de capital de plus d'un milliard d'euros à laquelle souscrirait à hauteur de 150 millions d'euros Marc Ladreit de Lacharrière (Fimalac), actionnaire lui aussi (12% du capital) et proche du PDG Naouri.

De son côté, le trio d'hommes d'affaires Xavier Niel (Free), Matthieu Pigasse et Moez-Alexandre Zouari s'est dit potentiellement prêt à investir jusqu'à 300 millions d'euros dans le cadre d'« un renforcement des fonds propres (avec d'autres acteurs) allant jusqu'à 1,1 milliard d'euros ».

Dans le secteur de la grande distribution, Intermarché pourrait aider lui aussi à recapitaliser son concurrent tandis qu'au moins un autre acteur lorgnerait le dossier. Les syndicats, qui ont lancé une procédure de droit d'alerte économique pour en savoir plus sur la situation du groupe, s'inquiètent notamment d'une vente à la découpe et d'un transfert de magasins supplémentaires à Intermarché (119 sont déjà prévus), un groupement d'indépendants où la politique sociale dépend de chaque patron de magasin.

Quelle que soit la partition jouée, un changement d'ère se profile : Rallye, la maison mère, « perdra le contrôle de Casino », a indiqué le distributeur mercredi, mettant ainsi fin à la mainmise du patron historique Jean-Charles Naouri.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 03/07/2023 à 17:36
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Chez Casino, les produits à date courte, c'est à dire après remise de 30 %, sont encore plus chers qu'ailleurs. Après péremption, ils finissent dans une poubelle !

à écrit le 03/07/2023 à 12:15
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Les prix pratiqués dans cette enseigne est LE problème numéro 1. Hélas le mal est fait....Il reste un Géant Casino près de Saint Brieuc dans le 22/ Magasin triste à mourir avec une caisse ouverte un samedi....les prix sont stratosphériques et aucune ...

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