Pour « favoriser les circuits courts », Casino veut s'allier à la holding Teract

Casino et Teract, portée par des coopératives agricoles, ont signé un accord préliminaire qui prévoit à terme « de créer le leader français de la distribution responsable et durable ». Pour ce faire, les deux groupes projettent de créer deux entités.
(Crédits : Gonzalo Fuentes)

Favoriser la vente de fruits et légumes en circuit court. C'est l'objectif affiché à travers la volonté de rapprochement annoncée par Casino, propriétaire endetté d'enseignes connues comme Monoprix, et le holding Teract porté par des coopératives agricoles.

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Dans le détail, les deux entreprises ont signé un « accord d'exclusivité » dans l'objectif de « conclure un accord engageant afin de créer le leader français de la distribution responsable et durable », indique un communiqué publié jeudi 9 mars.

Le rapprochement permettrait notamment « la mise en place de filières communes d'approvisionnement avec les coopératives agricoles » et « favorisant les circuits courts », selon le communiqué commun.

Des discussions pour lever des fonds propres supplémentaires

Casino et Teract souhaitent créer deux entités distinctes. La première serait contrôlée par Casino, 7e acteur de la distribution alimentaire en France. Elle regrouperait « les activités de distribution en France » avec les plus de 9.100 magasins du groupe Casino et « l'expertise dans l'exploitation des jardineries, animaleries et l'alimentaire » de Teract. La holding possède en effet les boulangeries Louise, les enseignes Frais d'Ici et Bio&Co et les jardineries Gamm Vert et Jardiland.

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La seconde, elle, serait supervisée par l'union de 188 coopératives agricoles InVivo, principal actionnaire de Teract et mastodonte de l'agro-industrie en Europe. Nommée « Teract Ferme France », elle sera en charge de l'approvisionnement en produits agricoles.

Le nouvel ensemble compte lever des fonds propres « supplémentaires » de « l'ordre de 500 millions d'euros ». « Des discussions avec un certain nombre d'investisseurs » sont déjà en cours, selon Casino et Teract.

Améliorer la relation entre producteurs et distributeurs

Un accord engageant pourrait voir le jour « avant la fin du second trimestre » 2023, précisent les deux groupes. Le projet serait alors « soumis à la consultation des instances représentatives du personnel » ainsi qu'à l'approbation des autorités de la concurrence.

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Teract, dont un peu moins de 10% du capital est coté en Bourse, veut proposer une offre de produits frais (fruits et légumes, boucherie, fromagerie, épicerie) sous l'enseigne « Grand marché frais d'ici », sur une partie des mètres carrés commerciaux aujourd'hui occupés par l'activité jardinerie. La société a été créée en 2022 au terme du rapprochement entre, d'une part, la branche « distribution » d'InVivo et un véhicule d'investissement financier créé par le fondateur de Free Xavier Niel, le banquier Matthieu Pigasse et un acteur important de la distribution en France, Moez-Alexandre Zouari, par ailleurs important franchisé du groupe Casino.

Egalement actionnaire de l'enseigne de surgelés Picard, Moez-Alexandre Zouari se montre critique quant au modèle de la grande distribution « traditionnelle », qui se bat à coup de prospectus et de promotions et dont les relations avec les fournisseurs sont souvent tendues.

Sans évoquer Casino, il avait dit en février vouloir envisager différemment « la relation entre les producteurs et les distributeurs ». Il a confirmé jeudi, cité dans le communiqué, souhaiter « faire émerger un nouveau modèle agroalimentaire intégré » en proposant avec Casino un « modèle alternatif ». « Mieux valoriser les revenus des agriculteurs » est par ailleurs « la mission » de Teract, a rappelé le directeur général de InVivo, Thierry Blandinières.

Des arrières-pensées pour Teract ?

Le PDG de Casino, Jean-Charles Naouri, lui, y voit un levier pour « accélérer la transformation stratégique » de son groupe et notamment « améliorer notre impact environnemental ». Certains observateurs du secteur voient aussi dans ce rapprochement une manière, pour Teract, de « mettre la main de manière graduelle sur de beaux actifs » commerciaux de Casino, fortement endetté, pour éventuellement les reprendre à l'avenir, avance Clément Genelot, spécialiste de la distribution chez Bryan, Garnier & Co.

(Avec AFP)

Casino accuse une perte nette de 316 millions d'euros

Le groupe de distribution Casino, qui avait déjà annoncé un chiffre d'affaires de quelque 33,6 milliards d'euros pour l'an dernier, a publié ce vendredi une perte nette de 316 millions d'euros sur 2022. En 2021, la perte nette s'élevait à 534 millions un an plus tôt, dans un contexte de forte inflation.

Casino, qui lutte depuis plusieurs exercices pour son désendettement, a réduit l'an dernier sa dette nette en France. Elle reste toutefois élevée, à 4,5 milliards d'euros à fin 2022. La dette financière à l'échelle du groupe a en revanche crû, passant de 5,9 à 6,4 milliards d'euros, en raison, selon le groupe, du « plan d'expansion » de son enseigne Assai.

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