Surtourisme  : Venise dévoile les 29 journées concernées par la taxe de cinq euros pour ses touristes

La mairie de Venise a rendu publiques les 29 journées de l'année prochaine où elle appliquera sa toute nouvelle taxe de 5 euros. Celle-ci vise les touristes ne venant qu'un jour dans la Cité des Doges, victime du tourisme de masse.
Malgré l'instauration d'une taxe de cinq euros, Venise est toujours placée sous surveillance par l'Unesco.
Malgré l'instauration d'une taxe de cinq euros, Venise est toujours placée sous surveillance par l'Unesco. (Crédits : Fabrizio Bensch)

Venise a échappé de justesse à la mi-septembre à l'inscription au patrimoine mondial en péril de l'Unesco. Pour éviter cette issue, la cité des Doges a pris une première mesure pour lutter contre sa détérioration : une taxe de cinq euros destinées aux touristes passant une journée au sein de la ville.

Les premières dates où cette mesure sera appliquée sont étalées sur 29 journées de la haute saison touristique : du 25 avril au 5 mai, puis ce sera le tour des week-ends de mai (les 11 et 12, les 18 et 19 et les 25 et 26), de juin (les 8 et 9, les 15 et 16, les 22 et 23 et les 29 et 30), ainsi que deux week-ends de juillet (les 6 et 7 et les 13 et 14).

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Dissuader les visiteurs d'un jour

Cette taxe, dont le mise en oeuvre a été plusieurs fois reportée, cible uniquement les touristes entrant dans la vieille ville entre 08h30 et 16h00.

« Ce n'est pas une révolution mais le premier pas d'un système qui réglemente l'accès des visiteurs à la journée », a expliqué le maire Luigi Brugnaro, cité par le communiqué. « C'est une expérimentation dont l'objectif est d'améliorer la qualité de la vie dans la ville, pour ceux qui y habitent et ceux qui y travaillent », a-t-il précisé.

Avant d'ajouter : « Les marges d'erreur sont importantes mais nous sommes prêts (...) à apporter toutes les modifications nécessaires pour améliorer la procédure. Venise est la première ville au monde à mettre en place ce système, qui pourra servir d'exemple pour d'autres villes fragiles et délicates qui doivent être sauvegardées ».

Ce projet, annoncé en septembre, a pour objectif principal de dissuader les visiteurs à la journée contribuant à engorger la ville célèbre dans le monde pour ses œuvres d'art, ses ponts et ses canaux. Malgré tout, l'Unesco estime toujours « que des progrès supplémentaires doivent être réalisés », renouvelant ses inquiétudes concernant « les défis importants qu'il reste à relever pour la bonne conservation du site, notamment liés au tourisme de masse, aux projets de développement et au dérèglement climatique ».

Dubrovnik, Venise, Bruges et Rhodes, aussi victimes du surtourisme

Venise n'est évidemment pas le seul site à devoir prendre des mesures pour lutter contre le surtourisme. Ainsi, Bruges, sa cousine belge, surnommée la « Venise du Nord », accueille chaque année huit millions de visiteurs, la plupart l'été et pour un séjour n'excédant généralement pas une journée.

La municipalité a pris acte du déferlement problématique des visiteurs en adoptant en 2019 une stratégie sur cinq ans pour inciter les visiteurs à rester plusieurs nuits, à explorer la région alentour, et à tenter des expériences culturelles et gastronomiques au-delà des selfies et d'une gaufre vite avalée...

Le site de location Holidu a recensé les destinations européennes les plus fréquentées en nombre de touristes par rapport aux habitants. Venise, Bruges et l'île grecque de Rhodes y occupaient le deuxième rang à égalité, derrière la ville fortifiée croate de Dubrovnik - submergée par les fans de la série Game of Thrones, et devenue l'emblème du surtourisme.

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Dans le monde, on peut aussi citer en Thaïlande, Maya Bay, plage paradisiaque sur l'île de Koh Phi Phi Ley, qui a fermé entre juin 2018 et janvier 2022, afin d'obtenir une restauration complète des récifs coralliens. Immortalisé en 2010 dans le film « La Plage » avec Leonardo di Caprio, le site avait été ravagé par des années de tourisme de masse. Jusqu'à 6.000 personnes par jour déferlaient alors sur l'étroite plage longue de 250 mètres.

Au Pérou, la cité inca du Machu Picchu, en butte à « un excès de visiteurs », a été placée « sous haute surveillance » par l'Unesco en 2011.  Actuellement, environ 4.000 personnes peuvent y accéder quotidiennement. Autre site victime de son succès, le mont Fuji, au Japon, où les réservations des refuges ont explosé, en raison de la levée des restrictions liées au Covid-19. Des responsables locaux ont réclamé en juin des mesures pour limiter l'affluence sur le plus haut sommet du Japon, accessible uniquement en été.

La France loin d'être épargnée

Première destination touristique au monde, la France prend aussi le problème à bras-le-corps. Pour mieux analyser le phénomène, un « observatoire national des sites touristiques majeurs » verra le jour, a annoncé mi-juin Olivia Grégoire, la ministre déléguée au Tourisme. Un guide pratique définissant les notions de « surtourisme », « surfréquentation » et « pics de fréquentation » sera aussi rédigé, afin de disposer d'une grille d'analyse commune.

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Selon le gouvernement 80% de l'activité touristique est concentrée sur 20% du territoire. Parmi les solutions qui font consensus : « étendre le territoire touristique » en encourageant les touristes à se rendre ailleurs que sur les sites engorgés, faire la promotion de territoires moins fréquentés, les valoriser avec de nouveaux itinéraires et lieux de visite, une meilleure offre d'hébergement-restauration, de services.

Des mesures plus restrictives sont aussi expérimentées, comme la mise en place de taxes, de droits d'entrée ou de quotas journaliers : ainsi, aux portes de Marseille, une réservation l'été a été mise en place pour cinq ans à la calanque de Sugiton et le parc national des calanques réfléchit à limiter la fréquentation sur les îles du Frioul. Mesure similaire en Bretagne où l'île de Bréhat a restreint pour la première fois l'afflux de touristes à 4.700 visiteurs maximum par jour en semaine, du 14 juillet au 25 août.

(Avec AFP)

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Commentaires 8
à écrit le 24/11/2023 à 21:56
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@Valbel89: en résumé, votre position est: les riches peuvent voyager et se cultiver, les moins riches restant dans leurs clapiers

à écrit le 24/11/2023 à 19:04
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Ce qui me gonflait quand j'étais plus jeune c'était d'aller chaque année voir des cousins qui nous passaient des photos ou diapos ou un film de leur voyage à l’étranger.à Venise en Espagne ,au Maroc etc..J'en avais rien à faire de leurs vacances ,tan...

à écrit le 24/11/2023 à 16:46
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La limitation existe déjà dans les grottes, les musées en nombre d'entrées par jour alors pourquoi sur les sites naturels ou autres !

à écrit le 24/11/2023 à 14:07
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On veut des touristes, sensés apporter plein de pognon, et en même temps on les limite. Ubu roi. Cela sans nier que certains sites se égradent

à écrit le 24/11/2023 à 9:51
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C'est comme taxer le tabac toujours plus le tabac parce que c'est dangereux quoi ! LOL ! Nos dirigeants sont nuls.

le 24/11/2023 à 10:52
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Et vous proposez quoi ?

le 24/11/2023 à 14:20
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Les principaux vecteurs du surtourisme sont : l'avion, les HLM flottants et les voitures (plus localement). Pour Venise, 5 euros par jour par touriste entrant c'est une aumône. 20€ serait un minimum avec des quotas et une interdiction de mouillage à ...

le 25/11/2023 à 9:02
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Je ne suis pas payé pour faire le taf à leur place je propose bien assez d'idées ils n'ont qu'à réfléchir, avec des salaires à 5 chiffres c'est le minimum qu'on leur demande. Que les touristes restent entassés, les pires d'entre eux hein, ceux capabl...

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