Tourisme à l’étranger : l’étau se resserre sur les voyageurs français

Face à la virulence du variant Omicron et au verrouillage de plusieurs pays, les réservations à l'étranger sont mises à mal. Les destinations au soleil qui viennent de fermer leurs frontières enregistrent un vent d'annulations, dont une partie est immédiatement reportée sur d'autres destinations toujours accessibles. En revanche, les touristes français qui n'avaient pas encore réservé renoncent, au grand dam des professionnels du tourisme. Interrogés par La Tribune, le président du Syndicat des Entreprises du Tour Operating (SETO) et son homologue des Entreprises du Voyage, apportent leur éclairage.
Pour cet hiver, la République dominicaine est la destination long-courrier la plus prisée des touristes français, suivie de près par l'ïle Maurice.
Pour cet hiver, la République dominicaine est la destination long-courrier la plus prisée des touristes français, suivie de près par l'ïle Maurice. (Crédits : Miguel Discart)

C'est un revirement de situation qui fait pâlir les professionnels du tourisme. Après un redémarrage encourageant des réservations sur les destinations au soleil depuis la rentrée, les perspectives s'assombrissent désormais. Déjà ralenties à partir de l'annonce de la cinquième vague, les réservations se sont vues porter un coup d'arrêt brutal la semaine dernière avec l'annonce du verrouillage de certains pays. Force est donc de constater que l'étau se resserre sur les touristes français, et que faute de visibilité, certains ont même stoppé leurs intentions de voyage pour cet hiver.

« Le marché touristique souffre à la fois de la virulence du variant Omicron et de la fermeture localisée de certaines destinations », résume le président du Syndicat des Entreprises du Tour Operating (SETO) René-Marc Chikli auprès de La Tribune.

Annulations massives sur les destinations fermées

Concrètement, quatre pays ont déjà choisi de fermer leurs frontières au grand dam des touristes qui y séjournaient et ont donc dû être rapatriés, et de ceux qui avaient planifié de s'y rendre pour les vacances de Noël.

« Trois pays ont fermé leurs frontières car leur situation sanitaire était critique: l'Afrique du Sud, le Japon et Israël (les deux derniers n'étaient jusqu'alors ouverts qu'à leurs ressortissants, NDLR). Et un quatrième, le Maroc, a décidé de les fermer dans une logique préventive », étaye le président des Entreprises du Voyage, Jean-Pierre Mas.

Et d'ajouter: « les Antilles ne sont en outre plus accessibles momentanément pour des raisons à la fois sanitaires et sociales. Et la situation politique tendue en Éthiopie rend impossible de maintenir les vols faisant escale à Addis-Abeba et oblige à les transférer vers Dubaï ou Doha, ce qui génère des coûts supplémentaires ».

Conséquence: des mouvements d'annulations massifs ont pu être observés pour les voyageurs qui avaient prévu de se rendre dans ces pays pour la saison hivernale. Des annulations qui concernent tant le court que le moyen-terme. « Les annulations se font sentir sur l'intégralité de la période d'ici le 31 décembre », confie ainsi Jean-Pierre Mas, qui note que « si la semaine actuelle et les deux prochaines semaines ne sont pas des périodes d'intenses départs en vacances, la période de Noël, qui est la plus importante, se voit frappée de plein fouet par ces annulations ».

Seul point positif pour les touristes : en cas d'annulation contrainte des séjours car les destinations réservées ne sont plus accessibles - comme pour le Maroc, l'Afrique du Sud, Israël, le Japon ou les Antilles -, « le client est complètement remboursé du prix du voyage » dans le cadre d'un voyage à forfait acheté auprès d'une agence, confie le président des Entreprises du Voyage.

Report sur d'autres destinations toujours ouvertes

Et si l'on en croit le président du SETO René-Marc Chikli, « en l'état actuel de la situation, on ne constate pas un vent d'annulations pures, mais des phénomènes de reports sur d'autres destinations ». La tendance constatée par les tour-opérateurs est ainsi un phénomène de report massif sur des destinations ouvertes.

« Lorsque les Français ne peuvent plus se rendre dans un pays, ils demandent immédiatement aux tour-opérateurs de leur retrouver une autre destination au soleil afin de maintenir leur voyage aux dates prévues », explique René-Marc Chikli.

Selon lui, certaines destinations sembleraient presque tirer leur épingle du jeu d'une telle situation, à l'image de la Tunisie, « qui va bénéficier des reports des touristes initialement censés se rendre au Maroc », et de destinations au soleil particulièrement prisées pour cet hiver, comme « les îles espagnoles » ou « l'éternelle République dominicaine ».

Du côté des agences de voyage, le constat est en revanche plus nuancé. « On ne peut pas parler d'un phénomène de report massif sur les destinations ouvertes », avance ainsi Jean-Pierre Mas, qui note qu'une part importante des touristes concernés se dit plus encline à « attendre pour prendre de nouvelles dispositions ».

Coup de frein sur les nouvelles prises de réservations

Et les répercussions du verrouillage de certaines destinations vont au-delà des seuls pays concernés.

« On ne constate pas un fort mouvement d'annulations en dehors des destinations qui viennent de se fermer, mais on observe un arrêt très marqué des intentions de voyage », détaille Jean-Pierre Mas.

Concrètement, les touristes français qui n'avaient pas encore réservé leurs vacances et comptaient réserver à la dernière minute renoncent désormais, faute de visibilité d'un point de vue sanitaire. « Il y a un mouvement au repli qui est très clair », atteste ainsi le président des Entreprises du Voyage.

Et même s'ils restent minoritaires, certains touristes annulent leurs séjours sur des destinations toujours ouvertes par crainte de se retrouver bloqués à l'étranger. « Pour les touristes décidant par exemple d'annuler leur voyage aux Canaries, les conditions habituelles de remboursement s'appliquent, selon les modalités propres à chaque établissement d'hébergement et à chaque compagnie aérienne », avance ainsi Jean-Pierre Mas. Et de préciser: « toutes les compagnies aériennes françaises ont mis en place une politique d'annulation qui fait que les billets pris auprès d'elles sont 100% remboursés si les clients changent d'avis et décident de ne plus partir ».

Remise en cause des objectifs prévisionnels pour la saison hivernale

En somme, la situation actuelle est donc une double peine pour les professionnels du tourisme, qui en plus de faire face à des annulations massives sur les destinations qui se ferment et de devoir gérer les reports sur d'autres destinations, doivent également enterrer leurs objectifs prévisionnels pour cet hiver.

La mise en suspens des réservations à l'étranger les inquiète tant pour les vacances de Noël que pour les vacances de février, sur lesquelles « il y avait très peu d'anticipation » et pour lesquelles les attentes étaient particulièrement fortes sur les réservations dans les prochaines semaines et les mois à venir, et semblent donc compromises.

« Alors que les acteurs du tourisme positionnés sur les pays ouverts aux touristes espéraient, compte tenu des réservations d'octobre, arriver à terminer la saison hivernale avec un taux de réservations de 70 à 75% de celui de 2019, ce prévisionnel ne pourra être atteint au vu des circonstances », confie ainsi le président du SETO.

Un avis partagé par le président des Entreprises du Voyage, qui admet qu'« il ne sera pas possible d'atteindre le taux de 70% espéré pour cet hiver ».

Reste désormais à voir si les semaines à venir ancreront ce phénomène d'accalmie dans la durée, et à quelle échéance les nouvelles réservations sur les destinations au soleil pourront enfin espérer repartir pour de bon.

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Commentaires 9
à écrit le 30/11/2021 à 15:52
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Même lui, c'est pour dire : « On a perdu la raison ! » : Martin Blachier outré par l'emballement face à Omicron.

à écrit le 30/11/2021 à 14:22
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Ici les francais sont au mieux mis en quarantaine arrivants de France. Malgre les agitations du quai pour faire reconnaitre les vaccins, ca reste niet de la part des autorites coreennes.

à écrit le 30/11/2021 à 9:08
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"Tourisme", le mot veut il encore dire quelque chose pour ce qui est des grandes transhumances hivernales...estivales? La débauche de transports, la défiguration et la pollution des sites, l'impact sur les populations autochtones du tourisme de masse...

à écrit le 30/11/2021 à 8:57
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"Face à la virulence du variant Omicron " Euh ,quelle virulence ? .Les symptômes décrit ce matin ,légère fièvre, courbature,bref, une grippette.

à écrit le 30/11/2021 à 8:55
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et dire qu on a des cassandres en France qui minorent le covid...qu ils ouvrent les yeux et regardent ce qui se passe ailleurs de leur nombril...et de leur pays de toute façon je comprends meme pas pourquoi les pays emetteurs-recepteurs de touristes ...

le 30/11/2021 à 9:44
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"et dire qu on a des cassandres en France qui minorent le covid.." Heu... Cassandre était celle qui annonçait que la guerre de Troie aura lieu et la guerre de Troie a bien eu lieu.

à écrit le 30/11/2021 à 8:55
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et dire qu on a des cassandre en France qui minore le covid...qu ils ouvrent les yeux et regardent ce qui se passe ailleurs de leur nombril...de toute façon je comprends meme pas pourquoi les pays emetteurs-recepteurs de touristes n ' obligent à la v...

à écrit le 30/11/2021 à 8:54
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et dire qu on a des cassandres en France qui minore le covid...qu ils ouvrent les yeux et regardent ce qui se passe ailleurs de leur nombril...de toute façon je comprends meme pas pourquoi les pays emetteurs-recepteurs de touristes n ' obligent à la ...

à écrit le 30/11/2021 à 8:35
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Le problème de tout ces chefs d’entreprises qui chouinent et se lamentent sans cesse des mesures anti covid c'est qu'ils sont à 100% pour toutes ces mesures sanitaires, ce qui est quand même totalement paradoxal et nous interroge sur leur soit disant...

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