Alaska Airlines rachète Hawaiian Airlines pour s'imposer comme le cinquième transporteur américain

Le cinquième grand transporteur américain sera-t-il une surprise ? Alors que le département de la Justice s'oppose à la fusion entre JetBlue Airways et Spirit Airlines, les deux compagnies Alaska Airlines et Hawaiian Airlines ont annoncé leur rapprochement. A la clef, un groupe de 365 avions et 55 millions de passagers.
Alaska Airlines lance le rachat d'Hawaiian Airlines pour près de deux milliards de dollars.
Alaska Airlines lance le rachat d'Hawaiian Airlines pour près de deux milliards de dollars. (Crédits : Alaska Airlines)

Si les majors américaines ont achevé leur concentration il y a bientôt une dizaine d'années avec la fusion entre US Airways et American Airlines, les mouvements continuent chez les compagnies aériennes de second rang. Alaska Airlines a ainsi annoncé le rachat dimanche de sa compatriote Hawaiian Airlines pour 1,9 milliard de dollars. De quoi gagner un peu de poids dans un ciel américain, qui est pour l'instant largement dominé par les quatre géants que sont United Airlines, American Airlines, Delta Air Lines et Southwest Airlines. Encore faut-il que les autorités fédérales soient d'accord, elles qui bloquent pour l'instant l'absorption de Spirit Air par JetBlue Airways, opération lancée l'an dernier avec pour objectif de donner naissance à un nouveau poids lourd.

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De l'outre-mer à l'international

Finalement, le cinquième transporteur américain sera peut-être le futur groupe formé par Alaska Airlines et Hawaiian Airlines. Les deux compagnies vont être intégrées dans une plateforme opération unique, même si chacune conservera sa propre marque. A elles deux, elles vont regrouper pas moins de 365 avions (avec des commandes pour 120 appareils supplémentaires), pour offrir 138 destinations à environ 55 millions de passagers annuels. De quoi devenir la plus grosse des petites compagnies américaines, même si cela fait trop peu pour parler d'un réel poids lourd face aux géants qui transportent trois à quatre fois plus de passagers.

La compagnie hawaïenne constitue un apport relativement limité en termes de taille avec une soixantaine d'avions et une dizaine de millions de passagers. Elle dispose en revanche d'une base de trafic solide avec la desserte de l'archipel du Pacifique qui a accueilli près de 25 millions de passagers l'an dernier répartis entre le trafic inter îles, outre-mer avec les Etats-Unis continentaux et international. Ce qui l'apparente à Alaska Airlines avec la desserte de l'Alaska.

Mais Hawaiian Airlines dispose aussi d'un réseau international vers l'Asie et l'Océanie au départ de Hawaii, qu'elle dessert avec 25 Airbus A330 en attendant l'arrivée de 12 Boeing 787-9 entre 2024 et 2027. Elle exploite également 18 A321 NEO, sans compter une quinzaine d'antiques Boeing 717, tandis qu'Alaska Airlines n'exploite que des avions moyen-courriers (737 NG et MAX) ou régionaux (Embraer E175).

Les deux compagnies veulent ainsi renforcer leur connectivité entre Hawaii, qui va devenir central dans le réseau d'Alaska Airlines, la côte ouest américaine avec « service étendu vers la partie continentale des États-Unis », mais aussi l'international à travers le hub d'Honolulu avec 29 destinations desservies. « De nouvelles liaisons vers l'Asie et l'ensemble du Pacifique pour les voyageurs à travers les États-Unis », sont ainsi prévues selon un communiqué des deux compagnies. Cette connectivité sera renforcée par l'entrée à venir d'Hawaiian Airlines dans Oneworld, l'alliance globale à laquelle appartient déjà Alaska Airlines.

« Grâce à l'envergure et aux ressources supplémentaires qu'apporte cette transaction avec Alaska Airlines, nous serons en mesure d'accélérer les investissements dans l'expérience des passagers et la technologie, tout en conservant la marque Hawaiian Airlines », s'est félicité Peter Ingram, directeur général d'Hawaiian Airlines dans un communiqué.

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1,9 milliard de dollars en cash

Un accord définitif a été trouvé entre Alaska Airlines et Hawaiian Airlines, pour l'acquisition de cette dernière en cash à hauteur de 18 dollars par action. Cela valorise l'opération à 1,9 milliard de dollars, dont 900 millions de dollars de dette nette. Un prix relativement faible puisque le communiqué des deux compagnies indique que cela ne représente que 70 % du chiffre d'affaires d'Hawaiian Airlines et « environ un tiers de la moyenne des transactions récentes de compagnie aérienne ».

Il faut dire que la compagnie hawaiienne n'est pas en grande forme avec une perte opérationnelle de 182 millions de dollars sur les neuf derniers mois de l'année, malgré une reprise du trafic, après avoir déjà accusé un déficit de 210 millions de dollars l'an dernier. En 2019, elle avait publié un résultat opérationnel positif de plus de 300 millions de dollars. Sa dette à long terme dépasse 1,5 milliard de dollars.

Des retombées financières sont attendues très rapidement. Alaska Airlines prévoit une hausse « à un chiffre » de ses bénéfices dès les deux premières années après la finalisation de la transaction, puis tendant vers les 20 % à partir de la troisième année. Le retour sur capitaux investis doit lui atteindre la quinzaine de pourcents d'ici la troisième année, hors coûts d'intégration (évalués entre 400 et 500 millions de dollars). Des synergies sont attendues à hauteur de 235 millions de dollars.

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Antitrust

Alaska Airlines et Hawaiian Airlines doivent désormais obtenir l'approbation des actionnaires d'Hawaiian Airlines, avec un vote attendu au premier trimestre 2024. Il faudra ensuite obtenir l'aval des autorités pour finaliser la transaction, ce qui devrait prendre entre 12 et 18 mois selon les dirigeants des deux compagnies. La partie sera peut-être compliquée au vu de la part des deux compagnies vers Hawaii, avec plus de 50 % de parts de marché, et l'Alaska.

L'opposition du département américain de la Justice (DOJ) à la fusion entre JetBlue et Spirit Airlines - avec un procès en cours qui s'approche de son dénouement - rappelle que ce blanc-seing n'est pas facile à obtenir, même si les deux opérations sont assez différentes. Dans le cas de JetBlue et Spirit Airlines, le DOJ reproche à JetBlue le rachat « pour un montant de 3,8 milliards de dollars, de son plus grand rival à très bas coûts et à la croissance la plus rapide » et donc l'élimination d'un concurrent direct.

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Commentaire 1
à écrit le 04/12/2023 à 15:15
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Mariage du chaud et froid. Ca va être volcanique.

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