Comme si les compagnies aériennes n'avaient pas assez à faire avec les incivilités de passagers alcoolisés, elles vont devoir maintenant se méfier des mangeurs de champignons hallucinogènes. En effet, John Emerson, l'homme qui a essayé de couper les moteurs d'un avion d'Horizon Air en plein vol dimanche - un pilote d'Alaska Airlines (maison mère d'Horizon Air) assis sur un strapontin dans le cockpit - en avait abusé, selon des documents judiciaires dévoilés ce mardi.
Il a aussi essayé d'ouvrir une issue de secours à l'arrière de l'appareil
Les pilotes ont dû lutter avec leur collègue pour l'empêcher de se jeter sur les poignées qui auraient privé les moteurs de l'appareil de carburant. « J'ai tiré sur les deux poignées d'arrêt d'urgence parce que je pensais que je rêvais et que je voulais me réveiller », a assuré l'homme de 44 ans aux forces de l'ordre, selon la plainte pénale. Il a en outre déclaré à la police n'avoir pas dormi depuis 40 heures, a aussi essayé d'ouvrir une issue de secours à l'arrière de l'appareil et a dû être maîtrisé par l'équipage du vol lors d'un atterrissage d'urgence. Joseph Emerson a aussi indiqué à la police qu'il avait pris des champignons hallucinogènes pour la première fois avant les faits.
Live ATC, un site internet qui archive les conversations entre les pilotes et les contrôleurs aériens, a publié un enregistrement audio du commandant de bord d'Horizon Air relatant les faits. « On a sorti du cockpit le type qui a essayé de couper les moteurs », a-t-il dit. « Je crois qu'il est maîtrisé. A part ça, oui, il faut que la police soit là dès qu'on aura atterri », a-t-il ajouté.
Le mis en cause plaide non coupable
Joseph Emerson a été arrêté et inculpé pour tentative de meurtre, mise en danger de la vie d'autrui et mise en danger d'un avion. Il doit aussi faire face à un chef d'accusation fédéral pour avoir interféré avec l'équipage d'un avion. Il a plaidé non coupable lors de sa comparution devant un juge à Portland mardi, selon plusieurs médias américains. Alaska Airlines a par ailleurs fait savoir mardi que Joseph Emerson avait été suspendu de ses fonctions pour une durée indéterminée. Il avait rejoint Alaska Air Group en tant que copilote Horizon en août 2001 et est devenu commandant de bord chez Alaska Airlines en 2019, selon le transporteur, qui ajoute « qu'à aucun moment ses certifications n'ont été refusées, suspendues ou révoquées. »
L'Embraer E-175 d'Horizon Air était en route depuis Everett, dans l'Etat de Washington, vers San Francisco quand l'incident s'est produit, a indiqué lundi la maison mère, Alaska Airlines, dans un communiqué. L'appareil, qui transportait 80 passagers, a été dérouté vers Portland dans l'Oregon, où il a atterri en toute sécurité.
Les incivilités de passagers sont en hausse (Iata)
Au-delà de ce cas exceptionnel et dans une période de forte reprise, les compagnies aériennes doivent de plus en plus composer avec les incivilités de passagers. Selon la principale association internationale de compagnies aériennes, Iata, il s'est produit « un incident (lié à un passager non-coopératif) tous les 568 vols en 2022, contre un tous les 835 vols en 2021 ». Le taux de non-respect des règles à bord « avait décru après la fin de l'obligation de porter le masque sur la plupart des vols, mais a recommencé à augmenter tout au long de 2022 et a terminé l'année en hausse de 37% par rapport à 2021 », ajoute l'organisation. Parmi les incidents les plus fréquents : cigarettes ou vapoteuses allumées, refus de boucler sa ceinture et bagages en cabine trop nombreux. Pour l'Agence européenne de sécurité aérienne (EASA), le taux d'incident a diminué depuis le pic de la pandémie, mais leur gravité « semble avoir augmenté de façon considérable ».
Raisons les plus souvent évoquées pour expliquer le comportement de certains voyageurs : le stress inhérent au voyage, l'espace personnel réduit, l'interdiction de fumer, mais aussi l'abus d'alcool. Iata voudrait que davantage de pays ratifient un protocole mettant fin à l'impunité des perturbateurs sur les vols internationaux. Ils sont historiquement soumis à la juridiction du pays d'immatriculation de l'avion, ce qui rend impuissantes les autorités d'un pays tiers à l'atterrissage.
(Avec AFP)
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