British Airways renonce à licencier ses salariés pour les réembaucher à moindre prix, ...mais baisse leur salaire

Face au tollé provoqué par son projet de licencier puis de réembaucher avec des contrats moins-disants les salariés qu'elle comptait conserver, British Airways a renoncé à utiliser un tel procédé pour réduire sa masse salariale. La compagnie britannique a trouvé un accord avec les hôtesses et stewards pour réduire les salaires de 15% en moyenne. Avec le personnel au sol, les négocations sont loin d'avoir abouties.
Fabrice Gliszczynski
(Crédits : Simon Dawson)

Pas de « fire and rehire » ("licencier puis réembaucher") chez British Airways. Fortement critiquée au Royaume-Uni, la compagnie aérienne britannique a renoncé à licencier les personnels navigants commerciaux et les personnels au sol qu'elle comptait conserver pour ensuite les réembaucher avec des contrats moins-disants. Bien que légal en Grande-Bretagne, ce procédé a provoqué un tollé outre-Manche, avec des critiques extrêmement sévères d'une grande partie de la classe politique. En juin, des députés de la commission Transports de la Chambre des Communes avaient notamment qualifié British Airways de "honte nationale pour tenter de tirer profit de la pandémie afin de réduire les conditions de travail de son personnel". Plus de 30.000 personnes étaient concernées par le "fire and hire". Après avoir décidé de baisser leur salaire de 20%, les pilotes n'étaient pas concernés par cette mesure. Pour rappel, British a également supprimé de 12.000 postes.

Baisse de salaire de 15%

Pour baisser sa masse salariale, la compagnie aérienne a préféré jouer la carte de la négociation.

"Dès le début de la crise Covid-19, nous nous sommes engagés publiquement à travailler avec les syndicats pour atténuer les pertes d'emplois et nous sommes heureux d'avoir maintenant conclu des accords. Cela reste une période incroyablement difficile. Covid-19 a eu un impact dévastateur sur British Airways et sur l'ensemble du secteur de l'aviation, et nous faisons tout notre possible pour protéger le plus grand nombre d'emplois possible alors que nous sommes confrontés à un avenir très différent", explique à La Tribune un porte-parole de la compagnie.

 Un accord avec les syndicats des personnels navigants commerciaux (PNC) a été trouvé pour baisser la rémunération des hôtesses et stewards de 15% en moyenne (salaire de base, indemnités de repas...), sauf pour les plus bas salaires qui conserveront leur rémunération. En comparaison, le projet « fire and rehire » prévoyait une baisse du salaire de base de 20%. Mais les coups de rabot sur les différentes indemnités qui accompagnent la paye des navigants entrainaient une baisse de rémunération plus lourde encore. Pour certains PNC, la diminution pouvait aller jusqu'à 40%.

Les chefs de cabine principaux avec beaucoup d'ancienneté pénalisés

Pour autant, même dans l'accord, certaines catégories de PNC vont laisser beaucoup plus de plumes que les autres. Il s'agit des chefs de cabine principaux. Et plus précisément les plus anciens, entrés dans la compagnie avant 2011 (à partir de cette date, les PNC ont été embauchés avec des salaires plus bas). Avec la baisse d'activité, beaucoup parmi eux vont perdre leur rang pour revenir à celui d'hôtesses ou de stewards, entraînant une chute de rémunération de l'ordre de 30 à 35%. Quand l'activité reviendra, ils pourront reprendre leur poste de chef de cabine principal avec le salaire qui l'accompagne, amputé de 15%.

Les anciens contrats devraient voir leur rémunération gelée jusqu'à la fin de leur carrière, tandis que les PNC engagés après 2011 continueront de bénéficier d'une augmentation annuelle. Si elle maintient trois contrats différents au sein de la population PNC, la compagnie va désormais mélanger les différents PNC à bord des avions, quel que soit le type de contrat. Une petite révolution. Jusqu'ici, ils étaient séparés pour éviter les tensions liées aux différences de traitement. Par ailleurs, chaque PNC pourra voler à la fois sur moyen et long-courrier.

Si la direction a réussi à se mettre d'accord avec les PNC, elle n'a pas pour l'heure trouvé de terrain d'entente avec les syndicats de personnels au sol.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 2
à écrit le 01/10/2020 à 13:39
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le légendaire cynisme Anglais! le brexit est une vraie bonne chose pour l'Europe, même s'il y a quelques turbulences pour le finaliser. Mais nous devons avoir un bon pilote qui saura mater les éléments hostiles à l'Europe

à écrit le 01/10/2020 à 10:46
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Le libéralisme anglais dans toute sa splendeur. Le brexit annonce des temps difficiles pour la classe ouvrière qui était déjà pas à la fête. Et dire que certains populistes nous citent le modèle anglais en référence...

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