Détournements de fonds publics en Charente-Maritime : le parquet financier enquête sur de possibles avantages accordés à Ryanair

Une enquête a été ouverte par le parquet national financier (PNF) sur des soupçons de détournements de fonds publics dont aurait bénéficié Ryanair en opérant à l'aéroport de La Rochelle. Un rapport de la Chambre régionale des comptes de Nouvelle-Aquitaine a mis en cause la compagnie irlandaise ainsi que plusieurs acteurs de la région.
Une enquête a été ouverte par le parquet national financier (PNF) sur des soupçons de détournements de fonds publics en faveur de la compagnie Ryanair qui opère à l'aéroport de La Rochelle.
Une enquête a été ouverte par le parquet national financier (PNF) sur des soupçons de détournements de fonds publics en faveur de la compagnie Ryanair qui opère à l'aéroport de La Rochelle. (Crédits : BERNADETT SZABO)

Une enquête a été ouverte par le parquet national financier (PNF) sur des soupçons de détournements de fonds publics en faveur de la compagnie Ryanair qui opère à l'aéroport de La Rochelle, selon une source judiciaire, confirmant ce vendredi une information de France Bleu.

L'enquête préliminaire a déjà été ouverte en mai pour « favoritisme, détournement de fonds publics et recel de ces délits » après la publication au printemps d'un rapport de la Chambre régionale des comptes de Nouvelle-Aquitaine. Il pouvait « mettre en cause Ryanair, le syndicat mixte assurant la gestion de l'aéroport, la Chambre de commerce et d'industrie » et le comité du tourisme « Charentes Tourisme », a précisé la source judiciaire. Dans le cadre de cette enquête, « une perquisition a été réalisée dans ces lieux et à la mairie de Chatelaillon-Plage par les gendarmes de la section de recherches de Bordeaux, déployés en nombre », a-t-on ajouté. Des documents papiers et numériques auraient été saisis.

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D'importantes sommes versées aux compagnies aériennes

L'aéroport de La Rochelle-Ile de Ré, crée en 1939 et propriété de la Chambre du commerce de Charente-Maritime, connaît un trafic commercial limité avec une activité essentiellement saisonnière et « une dizaine de lignes opérées par des compagnies aériennes à bas coûts », note la Chambre régionale des comptes dans son rapport sur les exercices de 2017 et des années suivantes. Le déficit d'exploitation cumulé de l'aéroport est de plus de 3,73 millions d'euros pour 2017 et 2018. Il s'explique notamment par la faible fréquentation du lieu (240.000 passagers en 2018) mais surtout par les « importantes sommes versées aux compagnies aériennes pour maintenir ou développer le trafic commercial ».

Entre 2017 et 2018, ces sommes ont atteint 3,5 millions d'euros, « dont deux millions d'euros à Ryanair ». En sachant que ces aides s'ajoutent par ailleurs au financement de l'obligation de service public « pour assurer le désenclavement du territoire ».

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Des irrégularités mises au jour

La CCI « a ainsi eu recours depuis 2017 à des réductions de redevances pour la création d'autres lignes, ainsi qu'à des contrats dits d'"investisseur avisé" », autorisant un aéroport à subventionner une compagnie si la rentabilité est assurée. Mais la chambre a mis au jour des irrégularités qui auraient affecté plusieurs de ces contrats.

Ils auraient été « passés sans publicité ni mise en concurrence en méconnaissance des règles relatives à la commande publique et signés pour certains plusieurs semaines après leur entrée en vigueur », a-t-elle indiqué.

D'autres mouvements ont également été pointés du doigt : la CCI a également versé à Charentes Tourisme 500.000 euros par an, « reversés ensuite à la compagnie Ryanair pour la réalisation de prestations marketing ». Soulignant « l'absence de contrôle sur ces prestations pour partie inexistantes », la chambre estime ainsi que « l'objet réel de ce montage est de dissimuler l'attribution par l'aéroport d'un financement supplémentaire » à la compagnie irlandaise sans respecter la législation européenne sur les aides d'État.

Ryanair voit son résultat dopé par un trafic et des prix en hausse

La compagnie aérienne irlandaise Ryanair a annoncé début novembre un bénéfice en nette hausse pour son premier semestre décalé, porté notamment par un trafic « record » l'été dernier et des prix en hausse. Dans le détail, le bénéfice net a progressé de 72% sur un an à 2,2 milliards d'euros pour cette période achevée au 30 septembre, a annoncé l'entreprise dans un communiqué.

Ryanair a aussi annoncé le premier dividende régulier de son histoire, avec 400 millions d'euros distribués aux actionnaires pour l'exercice en cours. L'entreprise prévoit pour les années suivantes de verser environ 25% de son bénéfice après impôts en dividende. Cette initiative « récompense les actionnaires pour l'argent qu'ils ont courageusement investi (dans la compagnie) pendant le Covid », a commenté son patron, Michael O'Leary.

De bonnes nouvelles pour la compagnie qui a vu le nombre de passagers augmenter de 11% sur un an à 105,4 millions de clients. Ryanair a aussi augmenté ses tarifs (le prix moyen facturé par passager est en hausse de 17% sur un an). En conséquence, ses recettes d'exploitation ont progressé de 30% à 8,6 milliards d'euros. Mais parallèlement, ses coûts « ont augmenté de 24% à 6,2 milliards d'euros, principalement en raison de coûts de carburant beaucoup plus élevés (+29 % à 2,8 milliards d'euros) ». Le patron du groupe est optimiste, mais prévient néanmoins que les prix continueront d'augmenter : « Vous verrez une forte croissance du trafic et, je l'espère (en 2024), un troisième été de forte croissance des tarifs », a-t-il soutenu.

L'entreprise espère s'attendre à un bénéfice après impôts compris entre 1,85 et 2,05 milliards d'euros pour l'exercice en cours, avec « des pertes modestes au cours de la période hivernale du deuxième semestre ». Et si cela se confirme, « ce serait une année record pour les bénéfices de la compagnie à bas prix, dépassant son précédent record d'avant la pandémie de 1,45 milliard d'euros en 2018 », estime de son côté Victoria Scholar, analyste d'Interactive Investors.

(Avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 09/12/2023 à 13:27
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C est drôle c ' est toujours le secteur privé qui bénéficie des détournement des fonds publics....comme rappelé par le commentaire @ commande publique: cette règle a été établie dans toute l' Europe suite aux nombreux scandales de détournements de f...

à écrit le 09/12/2023 à 0:37
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Ben faut condamner ryanair et lui interdire le trrritoire national. quand aux décideurs qui n’ Ont pas respecté la commande publique la règle est simple : 5 ans de prison et jusqu à 500000 € d amende par signature de commande … la commande publique...

à écrit le 09/12/2023 à 0:37
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Ben faut condamner ryanair et lui interdire le trrritoire national. quand aux décideurs qui n’ Ont pas respecté la commande publique la règle est simple : 5 ans de prison et jusqu à 500000 € d amende par signature de commande … la commande publique...

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