Forte d'une rentabilité en passe d'être retrouvée, la compagnie Easyjet affiche ses ambitions de croissance. L'entreprise britannique vient d'annoncer son intention de passer une nouvelle commande à Airbus pour la famille A320 NEO. Et avec un objectif de 157 appareils fermes, assortis de droits d'achats pour 100 exemplaires supplémentaires, l'opérateur low-cost voit les choses en grand. Certes, ce n'est pas un contrat de 500 avions, à l'image de ceux actés par les compagnies indiennes. Compte tenu des contrats déjà passés, Easyjet dispose d'un sacré carnet de commandes qui doit l'emmener jusqu'à la prochaine décennie.
Ce n'est encore qu'une « proposition d'achat ». Elle doit donc être validée par les actionnaires, mais les ambitions sont là. De fait, si ce nouveau contrat se concrétise, Easyjet va tout simplement doubler son carnet de commandes. Celui-ci compte déjà 158 appareils, qui doivent être livrés d'ici 2029 (90 A320 NEO et 68 A321 NEO). A ce total vont donc s'ajouter 56 A320 NEO et 101 A321 NEO, entre 2029 et 2034. Compte tenu de la flotte existante, Easyjet mise sur un parc de 384 appareils de nouvelle génération dans 10 ans (sans compter les droits d'achats), et environ 80 exemplaires d'A320 de première génération. Cela représenterait environ 130 avions de plus que sa flotte actuelle, composée majoritairement de modèles d'ancienne génération.
L'A321 NEO, nouveau vaisseau amiral
Cette flotte permettra de transporter plus de voyageurs. Alors qu'Easyjet misait autrefois sur l'A319 avant de basculer vers l'A320 pour un gain d'une trentaine de sièges par appareil, elle reproduit ce schéma entre l'A320 NEO et l'A321 NEO. Cette fois, le gain est de l'ordre d'une cinquantaine de places, avec une configuration très dense de 235 sièges choisie pour ce dernier. En plus de donner une part prépondérante à l'A321 NEO dans ce contrat à venir, la compagnie britannique a converti des commandes existantes vers ce modèle. La capacité moyenne de ses avions sera alors autour de 200 places, contre 179 aujourd'hui.
Ce choix de la famille A320 NEO s'est opéré à l'issue d'une compétition d'un an entre Airbus et Boeing, à en croire Easyjet, avec un appel d'offres fin 2022. Il semblait toutefois peu vraisemblable de voir la compagnie changer son fusil d'épaule pour s'engager vers le 737 MAX du constructeur américain. La compagnie a également mis en concurrence CFM International (coentreprise entre Safran et GE Aerospace) et Pratt & Whitney pour la motorisation. Là encore, elle est restée fidèle à ses choix précédents, en sélectionnant le moteur franco-américain.
Easyjet a justifié le fait de prendre autant d'avance par la nécessité de sécuriser des créneaux de livraison pour assurer sa croissance à long-terme. Elle indique ainsi qu'il est très difficile de trouver des positions disponibles avant 2029, tant les carnets de commandes de Boeing et surtout d'Airbus sont pleins à craquer.
Retrouver la rentabilité
Pourtant, malgré sa forte croissance actuelle, Easyjet est encore loin de ses grandes années en terme d'activité. La compagnie orange a poursuivi sa remontée en puissance l'été dernier. En augmentant sa capacité de 9%, et en maintenant un taux de remplissage à un niveau très élevé (92%), elle a transporté 26 millions de passagers entre juillet et septembre. Soit près de deux millions supplémentaires par rapport à la même période l'an dernier. Résultat, elle affiche un trafic de 83 millions de passagers sur son exercice complet 2022-2023, qui s'est achevé le 30 septembre. C'est une croissance de près de 20% sur un an, mais cela reste loin des 96 millions de passagers d'avant la pandémie.
Combiné avec une hausse des yields et des revenus ancillaires, elle se traduit par une hausse du chiffre d'affaires de plus de 40%, à 8,2 milliards de livres sterling (9,5 milliards d'euros). Ce qui est largement plus que ce qui était fait avant la crise, même si une partie de cette évolution résulte de la forte inflation qui touche l'Europe depuis deux ans.
Au-delà des volumes, l'enjeu pour Easyjet était de transformer ces revenus en rentabilité. Ce qui était encore loin d'être gagné en début d'année. Mais grâce à sa performance cet été, Easyjet table désormais sur un profit opérationnel de 470 millions de livres sur l'année, contre 3 millions l'an dernier. Surtout, son profit avant impôt va repasser dans le vert avec une fourchette comprise entre 440 et 460 millions de livres, contre une perte de 178 millions de livres l'an dernier. Avec de tels résultats, la compagnie revient dans ses standards d'avant crise, malgré un trafic encore en retrait.
Lors d'une présentation, Johan Lundgren, directeur général d'Easyjet, a ainsi réaffirmé sa confiance dans son modèle low-cost. Il a indiqué que des dividendes seraient versés aux actionnaires dès cette année. Une décision qui implique un retour à la profitabilité nette, alors qu'Easyjet perdait encore plus de 200 millions de livres l'an dernier. Le dirigeant a aussi déclaré que l'objectif à moyen terme est désormais de dépasser le milliard de livres de profit avant impôt, avec une croissance de capacité de 5% par an jusqu'en 2028. Johan Lundgren a pourtant reconnu qu'il restait des défis, à commencer par à réduire les pertes sur l'hiver.
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