Générateurs à hydrogène : la startup EODev démarre la production sous licence avec Toyota

En levant 46 millions d’euros, EODev, la startup spécialisée dans les solutions électrogènes zéro-émissions fonctionnant à l'hydrogène, a fait évoluer la constitution de son capital. Créée pour commercialiser les applications mises en œuvre sur le bateau laboratoire Energy Observer capable de produire à bord de l'hydrogène, l’entreprise est désormais indépendante. Relocalisée à Paris, elle se voit en leader mondial de l’hydrogène vert et accélère son développement, y compris au service de la décarbonation du transport maritime.
Une emprise au sol de moins de quatre mètres carrés, une masse optimisée, le générateur électro-hydrogène zéro émission est l'un des produits développés par la société EODev, créée au départ comme la filiale technologique du navire Energy Observer. Le GEH2 dispose de la dernière génération de pile à combustible fabriquée par Toyota.
Une emprise au sol de moins de quatre mètres carrés, une masse optimisée, le générateur électro-hydrogène zéro émission est l'un des produits développés par la société EODev, créée au départ comme la filiale technologique du navire Energy Observer. Le GEH2 dispose de la dernière génération de pile à combustible fabriquée par Toyota. (Crédits : EODev)

Depuis 2018, l'État a consacré neuf milliards d'euros au développement d'équipementiers et d'utilisateurs de l'hydrogène. Née dans le giron du navire-laboratoire Energy Observer, parti de Saint-Malo en 2017 pour un tour du monde des initiatives vertueuses qui s'achèvera sur la Seine lors des Jeux olympiques de 2024, la startup malouine EODev (Energy Observer Developments) s'est inscrite pleinement dans cette dynamique.

Faisant de la nécessité d'accélérer la transition vers la production d'énergie propre sa ligne stratégique, l'entreprise s'est positionnée sur le marché des groupes électro-hydrogène zéro-émission. Elle a également été portée par l'écosystème breton et le développement d'une filière hydrogène renouvelable qui regroupe à ce jour quelque 160 acteurs autour d'une quarantaine de projets. Son avenir se joue désormais à Paris.

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Première fabrication sous licence avec Toyota Australie

En annonçant, en novembre, une très conséquente levée de fonds de 46 millions d'euros, la jeune pousse dirigée par Jérémie Lagarrigue a aussi quitté son statut de filiale technologique pour devenir indépendante. La présidence du conseil d'administration est désormais assurée par Thierry Best, qui a succédé à l'associé-fondateur, le marin Victorien Erussard. L'entreprise compte 90 personnes, dont 60 salariés, réparties entre Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-France), Montlhéry (Essonne) et Lyon (Rhône).

 « Menée par Tilt Capital Partners, l'investisseur spécialisé dans la transition énergétique du groupe Siparex, l'extension du tour de table compte aussi trois autres fonds : Supernova Invest, CapHorn Invest et Pulse de la CMA CGM (actionnaire majoritaire de La Tribune, Ndlr). Cette levée de fonds propulse EODev parmi les leaders du marché des générateurs électriques » estime Thibault Tallieu, directeur du marketing et de la communication.

Ces nouveaux investisseurs s'ajoutent aux actionnaires historiques que sont les groupes Accor, AMFIL, Thélem Assurances et Toyota Motor Europe. L'engagement de ce quatuor des premières heures s'est dernièrement concrétisé par la signature d'un important partenariat en Océanie. Toyota Australie sera le premier franchisé à assembler et à vendre le groupe électro-hydrogène zéro émission d'EODev dans cette région. Envoyées sous forme de kit, les premières unités sortiront des chaînes en janvier 2024 pour adresser des marchés comme l'événementiel, la construction et la mine.

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Du BTP à l'industrie et aux data centers : un marché colossal

Avec la solution embarquée pour une navigation zéro émission (le REXH2), le groupe électro-hydrogène GEH2 est l'autre produit phare d'EODev. Tous deux sont fondés sur l'utilisation de mix énergétiques alliant différentes sources d'énergies renouvelables (photovoltaïque, éolien) avec l'hydrogène comme moyen de stockage. L'hydrogène vert est ensuite transformé en électricité grâce à la pile à combustible de Toyota.

Le nouveau tour de financement donne à EODev les moyens pour financer son programme d'investissement et de R&D (80% des effectifs), élargir sa gamme de produits et accélérer son développement commercial.

« Le marché est colossal puisqu'il vise à remplacer des groupes électrogènes au gaz ou au diesel dans des secteurs comme le BTP ou l'événementiel. Nous travaillons aussi sur la conception de modules de plus large puissance, très au-delà des 70-88 kilowatts (100 chevaux environ) actuels pour adresser d'autres marchés comme l'industrie ou les data centers », illustre le porte-parole d'EODev.

Forte d'un réseau de plus de 50 fournisseurs en France, l'entreprise de neuf millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022 poursuit sa croissance et couvre déjà 25 pays. Passée sur le plan commercial de quatre générateurs livrés en 2021 à plus d'une centaine d'unités vendues à travers le monde en 2023 à des groupes comme GL Events, Eiffage, Acciona en Espagne, ou encore Loxam, elle entend se renforcer en Amérique du Nord, au Moyen-Orient, en Australie et Asie-du Sud-Est.

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Coupe de l'America et site industriel

Le maritime représente aussi un autre segment de développement. Outre les applications sur Energy Observer et sur les luxueux catamarans de croisière de la gamme Samana 59' de Fountaine Pajot (La Rochelle), peu à peu équipés avec la solution hybride REXH2, EODev déploie son offre sur des bateaux-écoles et sur des compétitions nautiques. Elle va fournir le nouveau système à hydrogène des bateaux suiveurs (chase boat) des équipes française et américaine engagées dans la Coupe de l'America.

À plus long terme, sa contribution à la décarbonation du maritime s'étendra aussi aux ports et aux cargos. Sa solution devrait ainsi être intégrée à l'Energy Observer 2. Ce premier navire hydrogène autonome et zéro-émission développé par son ancienne maison mère sera alimenté en électricité par de l'hydrogène liquide. Dans le cadre d'un appel à projet européen, la société pourrait aussi déployer son générateur pour électrifier les quais de plusieurs ports dont celui de Brest.

Autant de projets qui auront comme résultante d'augmenter la production. Dans les années à venir, l'entreprise ne pourra pas se passer d'un site industriel en propre. Pour l'instant, cette activité est hébergée à Montlhéry chez Eneria, spécialiste de la production d'énergie et de la motorisation.

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