L'aéroport de Bâle-Mulhouse a perdu 71 % de passagers en 2020

Le trafic de l'EuroAirport s'est effondré pendant la crise du Covid. Le fret aérien, mobilisé par les transports sanitaires et les industries pharmaceutiques, permet au principal aéroport du Grand-Est de limiter les dégâts sur son exploitation.
EasyJet détient encore 58 % de parts de marché dans le trafic passagers de l'EuroAirport.
EasyJet détient encore 58 % de parts de marché dans le trafic passagers de l'EuroAirport. (Crédits : DR)

2,6 millions de passagers ont décollé ou atterri en 2020 à l'EuroAirport, aéroport bi-national de Bâle-Mulhouse. La chute de la fréquentation a été vertigineuse : elle recule de 71 % après l'année du record historique établi en 2020 à 9,1 millions de passagers. La crise déclenchée par la pandémie de Covid-19 met fin à une croissance ininterrompue du trafic depuis 2010, portée par la progression régulière des compagnies low cost. En neuf ans, le principal aéroport du Grand-Est a vu doubler sa fréquentation, porté par la progression régulière d'EasyJet, devenu son opérateur de référence avec une flotte de 12 avions basés. En 2020, EasyJet s'est encore approprié 58 % de parts de marché dans le trafic passagers.

"2020 a débuté sur les mêmes courbes ascendantes que les années précédentes. La crise arrivée en mars a tout stoppé. Au mois d'avril, nous avons accueilli seulement 1.000 passagers", calcule Frédéric Velter, directeur général adjoint de l'EuroAirport.

Les mois d'été ont vu repartir le trafic. En juillet, 390 000 passagers se sont répartis entre 80 destinations. L'aviation d'affaires se maintient, sans surprise, à un niveau comparable (+ 9 %) à l'année précédente avec 18 000 mouvements d'avions privés : l'aviation de loisirs et les déplacements à bord de vols affrétés ont moins souffert de la crise du Covid.

Pristina, destination numéro un

La crise a entraîné une redistribution des places dans le classement des destinations opérées depuis Bâle-Mulhouse. Pristina, capitale du Kosovo, détrône Londres sur la première marche avec 199 000 passagers transportés. Cette région des Balkans possède, en Suisse et en Allemagne, une diaspora importante. Les visites familiales et les faibles restrictions imposées pendant l'été aux visiteurs du Kosovo expliquent l'importance du trafic. Istanbul est la deuxième destination la plus visitée au départ de l'EuroAirport. Londres, leader en 2019, était accessible par trois de ses aéroports avant la crise. La capitale du Royaume-Uni perd 79 % de son trafic depuis l'EuroAirport en 2020, et seul l'aéroport de Gatwick reste desservi cet hiver.

Avec 108 500 tonnes de fret transporté, le trafic de marchandises permet à l'EuroAirport de limiter les dégâts. Soutenu par la consommation d'équipements de protection individuelle en provenance d'Asie et par les activités pharmaceutiques opérées dans le Rhin Supérieur, le fret progresse de 2,3 % en 2020. Turkish Airlines et Qatar Airways, opérateurs de fret long courrier à l'EuroAirport, voient même leurs activités augmenter de 23 %. L'aéroport revendique un rôle actif dans la gestion de la pandémie.

"Nous avons été fortement mobilisés pour les mouvements sanitaires lors du pic de la première vague du Covid, en mars et en avril", rappelle Matthias Suhr, son directeur.

Des patients des hôpitaux alsaciens ont ainsi été acheminés vers d'autres régions françaises ou vers l'Allemagne.

La contribution du fret à l'activité de la plate-forme amortit l'effondrement des comptes de l'exploitant, dont le chiffre d'affaires recule de moitié à 80 millions d'euros en 2020. Les 365 salariés de l'Euroairport bénéficieront d'un accord d'activité partielle de longue durée.

Créé par une convention franco-suisse en 1949, l'aéroport de Bâle-Mulhouse se situe en territoire français mais il fait porter le financement de ses investissements à parts égales entre les deux pays. En 2019, au terme d'une décennie de croissance, il disposait d'une trésorerie largement excédentaire, avec un "trésor de guerre" de plus de 50 millions d'euros prêts à être investis dans des projets d'extension. La trésorerie a fondu de 31 millions d'euros en 2020. Tous les projets d'investissement ont été stoppés par la crise, à l'exception d'un volet environnemental qui permettrait à l'exploitant de viser la neutralité carbone en 2030.

Raccordement ferroviaire

L'idée d'un raccordement ferroviaire, qui faciliterait l'accès des passagers régionaux au terminal, a mûri depuis deux décennies. Elle reste d'actualité. Un avant-projet sommaire a été déposé fin 2020, portant sur la déviation des voies de chemin de fer existantes dans la plaine d'Alsace et la création d'une nouvelle halte à l'EuroAirport. Le projet initial prévoyait un investissement de 250 millions d'euros, soutenu en partie par les financements de la Commission européenne. La SNCF et la direction de l'EuroAirport tablaient jusqu'à présent sur un trafic aérien de 11 millions de passagers en 2028, date initialement prévue pour la mise en service du projet ferroviaire. Trois scénarios de prévisions de trafic aérien ont été établis pour 2021. Le plus réaliste s'établit à 3,2 millions de passagers. "Le projet de raccordement ferroviaire sera soumis cette année à une enquête publique, si les conditions sanitaires le permettent au second semestre", confirme malgré tout Frédéric Velter.

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Commentaires 2
à écrit le 29/01/2021 à 13:11
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et des SAS de Décontamination avec cabines de déshabillage total et lances de jets d'eau glassée/bouillante et désinfectant + séchage à air pulsé froid/chaud ? non ? cé-ti-pa-une-bone-idé-cha ?

à écrit le 29/01/2021 à 8:11
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Pourquoi ne veulent ils pas fermer les aéroports tandis qu'accélérateurs massif de la propagation du virus dans le monde ? On voit à la télé une horde de personnages compromis hurlant qu'il faut enfermer les français pour protéger les mourants mais s...

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