Le low cost dope la reprise du trafic aérien en France

Ryanair, Easyjet, Volotea ou encore Transavia... les compagnies à bas coût vont bon train. Elles ont déjà retrouvé leur niveau d'avant crise dans les aéroports français quand les compagnies traditionnelles sont encore loin du compte. Conséquence, la part du low cost n'a jamais été aussi forte dans l'Hexagone et les aéroports en redemandent.
Léo Barnier
L'aéroport de Beauvais fait mieux qu'en 2019 et se rapproche des 5 millions de passagers.
L'aéroport de Beauvais fait mieux qu'en 2019 et se rapproche des 5 millions de passagers. (Crédits : Urman Lionel/ABACA via Reuters Connect)

Cela va mieux, bien mieux. L'Union des aéroports français (UAF) vient de publier ses chiffres pour l'année 2022. Si tous les effets du Covid n'ont pas encore été soldés, le trafic a presque doublé par rapport à l'année précédente. Et cela, ils le doivent en grande partie aux compagnies à bas coût. Easyjet, Ryanair, Volotea mais aussi Transavia, la filiale du groupe Air France, ont ainsi porté l'activité.

Avec 174 millions de passagers, le trafic des aéroports français a retrouvé son niveau de... 2013. Il est encore en retrait de 19 % par rapport à 2019, ce qui est deux points de mieux que la moyenne européenne. Derrière cette photo globale, de fortes disparités apparaissent. Et les chiffres sont parlants : quand le trafic traditionnel est encore en retrait de 29 % par rapport à 2019, le low cost a quasiment retrouvé son niveau d'avant crise (-1,7 %).

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Plus de 40 % de trafic low cost

A elles seules, les compagnies à bas coût ont transporté 69,5 millions de passagers en France. C'est un million de moins qu'en 2019. Il en manque encore 37 millions pour les opérateurs traditionnels. De fait, la part du bas coût n'a jamais été aussi forte en France avec 43 % du trafic en France métropolitaine. Ce n'était que 35 % en 2019, même s'il faut préciser que l'Hexagone était traditionnellement en retrait par rapport à ses voisins européens.

En termes de mouvement, le low cost ne représente qu'un tiers de l'activité. Cela tient largement à des avions plus grands que les opérateurs régionaux et surtout à un meilleur remplissage. Cela se ressent d'ailleurs sur les statistiques générales : alors que le nombre de passagers est égal à celui de 2013, le nombre de mouvements est inférieur de 13 %. L'emport moyen est ainsi de 105 passagers par vol, contre 91 à l'époque. Le meilleur résultat a été obtenu en 2019, avec 109 passagers par vol.

Thomas Juin, président de l'UAF et de l'aéroport de La Rochelle, souligne que cette reprise se retrouve aussi dans les résultats des différentes catégories d'aéroports. Les aéroports régionaux, avec un trafic compris entre 1 et 5 millions de passagers, sont ceux où la part du trafic à bas coût est la plus importante avec plus de 70 %. Et ce sont eux qui ont le mieux redémarré avec 94 % de leur trafic d'avant crise. Et Beauvais caracole en tête avec 4,6 millions de voyageurs, soit 16 % de plus qu'en 2019. Comme le note Nicolas Paulissen, secrétaire général de l'UAF, cela reflète les politiques de capacités des compagnies avec le transporteur irlandais Ryanair, très volontaire dans la remise en ligne de capacités.

Thomas Juin note aussi les bonnes performances des grands aéroports régionaux ayant une forte composante à bas coût et loisirs comme Marseille, avec seulement -10 % de trafic par rapport à 2019, ou Bordeaux en dehors de la suppression de la ligne sur Paris qui représentait 560.000 passagers (-26 %). A l'inverse, Lyon est à la peine avec la reprise lente du trafic affaires (-27 %).

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Confiance dans le trafic affaires

Sur ce dernier point, et bien qu'il insiste sur les contrastes d'un aéroport à l'autre en fonction des segments de trafic, le patron des aéroports français ne se montre pas inquiet. Il est ainsi persuadé que les entreprises vont avoir besoin de continuer à voyager. Et même si les politiques internes n'encouragent plus les déplacements en avion, il est convaincu que celui-ci garde toute sa pertinence sur les lignes transversales (de région à région, sans passer par Paris) où la concurrence du train est faible, voire inexistante.

Ces lignes transversales connaissaient d'ailleurs une croissance continue avant crise, de l'ordre de 72 % entre 2010 et 2019 pour atteindre 10 millions de passagers, selon une étude du cabinet Oxera de février dernier commandée par l'UAF. Même si leur part reste relativement faible dans le trafic total, largement dominé par le trafic international et les aéroports parisiens, les transversales représentaient tout de même 40 % des capacités domestiques avant crise. Et ce dynamisme venait déjà des low cost, dont la part sur les transversales est passée de 23 à 54 % en 10 ans, sous l'impulsion d'Easyjet et de Volotea comme le souligne Nicolas Paulissen.

Thomas Juin note également que les transporteurs à bas coût drainent désormais une part non négligeable de trafic affaires. C'est le cas entre autres avec Easyjet depuis plusieurs années déjà, mais aussi avec Transavia qui a récupéré une partie du réseau domestique d'Air France. Néanmoins s'il loue le réseau, la capacité et les tarifs offerts par ces derniers, il prévient que cela se fait parfois au détriment des fréquences. Il pourrait ainsi y avoir un déficit d'offres sur certaines lignes avec l'impossibilité de faire un aller-retour dans la journée, indispensable aux voyageurs d'affaires.

Léo Barnier

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Commentaires 2
à écrit le 22/03/2023 à 10:20
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A chaque crise, les "low cost" gagnent du terrain, et pas que dans le secteur du transport aérien. Aussi dans l'alimentaire, l'habillement, la restauration, l'automobile, l'informatique, les loisirs, la décoration, le bricolage,.... C'est la qualit...

à écrit le 21/03/2023 à 19:53
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Pendant ce temps, la Terre brûle.

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