Les acteurs du fret aérien restent confiants, à condition d'évoluer

Dans un monde du cargo passé d'une euphorie sans précédent à une morosité certaine, certains acteurs restent optimistes à l'image de FedEx. Mais avant d'envisager une reprise durable du fret aérien, beaucoup de transformations seront nécessaires.
Léo Barnier
FedEx se veut confiant sur le redressement du marché du fret.
FedEx se veut confiant sur le redressement du marché du fret. (Crédits : © Charles Platiau / Reuters)

Le secteur du fret et de la logistique est en souffrance. Après des années exceptionnelles en 2020 et 2021, dans le contexte de crise sanitaire, le marché connaît une baisse continue depuis début 2022. Le ralentissement des volumes s'est conjugué avec la hausse des capacités, et les taux de fret (prix pour le transport d'un conteneur) se sont littéralement effondrés. Ce qui a plongé dans la tourmente des acteurs comme le géant danois du transport maritime Maersk et affecté aussi les acteurs positionnés sur le cargo aérien. Pourtant, certains d'entre eux réunis à Monaco à l'occasion de la conférence World Connect organisée par le groupe APG, ont affiché leur confiance pour l'année à venir et au-delà, mais pas sans conditions.

Au jeu des prévisions, Patrick Moebel, PDG de FedEx Global Logistics, s'est montré le plus optimiste. Après avoir décrit la croissance sans précédent connue pendant la période du Covid, avec une demande dopée par l'e-commerce et les produits sanitaires, il a analysé l'évolution actuelle de la situation : « Alors que nous revenons à un environnement normalisé, nous constatons pour la première fois depuis février 2022 une hausse du tonnage de marchandises, de 3 % depuis août et de 0,5 % d'une année sur l'autre. »

Le dirigeant français, basé à Memphis au sein d'une économie américaine qui a repris de la vigueur, voit cette reprise se confirmer l'an prochain. « En ce qui concerne 2024, nous voyons une croissance faible, à un chiffre. Ce n'est donc pas aussi dynamique qu'avant la crise, mais il y a tout de même une croissance. Et nous prévoyons une accélération au second semestre 2024, avec une demande à nouveau tirée par l'e-commerce évidemment. »

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Une reprise sous conditions

Mais pour assurer des perspectives de croissance du marché du fret aérien sur le long terme, Patrick Moebel appelle à des évolutions. Il prône tout d'abord une meilleure utilisation des soutes des avions passagers, maintenant que le trafic est revenu, pour offrir des liaisons cargo point-à-point. « Nous pensons que la plus grande opportunité à venir est l'augmentation de la demande des passagers, qui apporte beaucoup de valeur au fret », a-t-il ainsi déclaré. Un comble pour une compagnie qui exploite la plus importante flotte d'avions tout cargo au monde, avec plus de 450 appareils allant du long-courrier au régional (sans compter une flotte de plus de 200 Cessna), et qui a basé son modèle sur un réseau de hubs (plateformes de correspondance).

Cette optimisation doit permettre à FedEx d'accélérer la sortie de ces avions les plus anciens, dont d'antiques MD-10 et MD-11, et éviter des trajets proches de l'absurde, à l'image d'un colis entre l'Espagne et le Brésil devant transiter par ses hubs en France et aux Etats-Unis pour arriver à destination. Outre la rationalisation économique, Patrick Moebel voit dans l'appui sur les soutes des avions passagers un moyen parmi les plus rapides et efficaces pour réduire l'empreinte carbone de son activité.

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Passer à l'ère numérique

Cette évolution doit notamment être permise par la numérisation des opérations, sur laquelle le monde du cargo est encore très en retard. Un retard en partie dû à la très grande fragmentation du marché selon Patrick Moebel, qui appelle à une consolidation notamment verticale.

Le patron de FedEx Global Logistics est rejoint sur ce point par Camilo Garcia Cervera, directeur des ventes et du marketing du groupe IAG (qui regroupe British Airways, Iberia, Aer Lingus et Vueling). Il assure qu'il y a eu des progrès sur le plan numérique, avec une soixantaine de compagnies aériennes capables de proposer des réservations en ligne pour le cargo contre 4 ou 5 avant la pandémie. Malgré cela, il estime que les acteurs du cargo aérien ont « 20 à 25 de retard par rapport à (leurs) collègues du transport de passagers » avec une documentation papier encore largement majoritaire.

Camilo Garcia Cervera cible ainsi des progrès à faire avec des outils numériques pour la gestion et le suivi des marchandises, l'affichage des prix, la gestion de bout-en-bout des envois, la facilitation de l'intermodalité... Il appelle à un véritable changement de façon de faire sous peine de ne plus pouvoir travailler avec les nouvelles générations, réfractaires au « old way ».

Léo Barnier

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Commentaire 1
à écrit le 04/11/2023 à 8:29
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Ben ils peuvent être sereins on voit bien que les politiciens continuent de les abreuver d'argent public.

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