CMA CGM : les bénéfices baissent sur fond de « normalisation » du fret maritime

L'armateur français a vu son bénéfice net divisé par plus de trois au premier trimestre à 2 milliards de dollars, sur fond de « normalisation » du fret après une surchauffe synonyme de profits records.
(Crédits : AMR ABDALLAH DALSH)

Le ralentissement de l'économie met fin à la surchauffe historique du transport maritime et par ricochet des profits exceptionnels des armateurs observés pendant la reprise post-Covid. C'est le cas de CMA CGM (le groupe a signé vendredi une promesse d'achat de La Tribune), qui a vu son bénéfice net divisé par plus de trois au premier trimestre, même s'il reste à un niveau très élevé à deux milliards de dollars. Avec un chiffre d'affaires qui a reculé d'un tiers, à 12,7 milliards de dollars, la marge du groupe a diminué de 21,7 points, à 27%, un niveau lui aussi élevé.

« Après deux années exceptionnelles, notre industrie est rentrée dans une phase de normalisation liée au ralentissement de la croissance mondiale, à l'inflation et à un phénomène de déstockage qui se poursuit un peu partout dans le monde », a déclaré dans un communiqué Rodolphe Saadé, le PDG du groupe CMA CGM.

Baisse de la consommation des ménages en Europe et en Amérique du Nord

Constaté au quatrième trimestre de l'exercice 2022, le ralentissement de l'activité s'est en effet poursuivi début 2023 avec une chute de 40,3% de la branche « transport maritime » du groupe, à 8,9 milliards de dollars. Les volumes, mesurés en EVP (équivalent vingt pieds, unité de référence du transport par conteneur) ont baissé de 5,3% à 5 millions, en raison d'une « consommation de biens des ménages en Europe et en Amérique du Nord (qui) a nettement diminué dans un contexte d'inflation des prix et de rebond de la consommation des services », a fait valoir le groupe.

En outre, « les ajustements de stocks dans ces régions se sont poursuivis, pesant sur les importations, notamment en provenance d'Asie », tandis que « le dynamisme relatif de zones comme l'Amérique Latine ou l'Afrique ainsi que la fin des congestions n'ont pas permis de compenser les baisses sur les principales liaisons Est-Ouest ».

En revanche, l'autre principale branche d'activité de CMA CGM, la logistique, a vu son chiffre d'affaires croître de 14,1% à 3,8 milliards de dollars, grâce aux rachats des sociétés Ingram CLS, Gefco et Colis Privé. La logistique représente désormais 10% de l'Ebitda (bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissements), une part qui devrait encore progresser si le rachat par CMA CGM de Bolloré Logistics est validé par les autorités. L'opération pourrait être bouclée en 2024.

Ralentissement plus marqué en vue pour le reste de l'année

Selon les prévisions du groupe marseillais, « la normalisation » des résultats financiers devrait continuer au cours des prochains mois. CMA CGM a préparé le terrain à un ralentissement supplémentaire, expliquant que ce premier trimestre « devrait être le meilleur » de l'année.

En cause « les pressions inflationnistes pesant sur la consommation des ménages des pays de l'OCDE », qui pourrait néanmoins « se stabiliser plus tard cette année ». Toutefois, note le groupe, « les livraisons de nouvelles capacités sur les prochains trimestres devraient continuer à peser sur les taux de fret ». Pour autant, le groupe s'est dit confiant sur sa « solidité financière » pour affronter ce retournement.

Le groupe avait battu des records de rentabilité en 2022 en dégageant un bénéfice net de 24,9 milliards de dollars - dont 7,2 au premier trimestre -, tirant parti de la hausse des tarifs du fret due à la désorganisation des chaînes logistiques pendant la crise sanitaire et lors du rebond économique qui l'a suivie.

(Avec AFP)

En Guadeloupe, Bruno Le Maire soutient l'extension du port

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, en visite jeudi à Pointe-à-Pitre, a apporté « son soutien total » au projet d'extension du grand port maritime de la Guadeloupe, et en a profité pour exprimer son rejet de « la voie de la décroissance ».

« C'est une opportunité économique formidable pour la Guadeloupe qui peut devenir un grand hub pour desservir le reste de la Caraïbe et l'Amérique du Sud », a-t-il déclaré.

« C'est aussi une opportunité environnementale à saisir », a assuré Bruno Le Maire. « Il y a pour la Guadeloupe et plus largement pour la France un choix politique qui est fondamental : certains disent que la meilleure façon de lutter contre le réchauffement climatique, c'est la décroissance. Je n'y crois absolument pas », a-t-il lancé dans son discours.

Doubler la capacité

« Nous voulons doubler la capacité d'accueil du Port pour devenir le cinquième port français », a indiqué à l'AFP sur place la présidente du Conseil de surveillance du Grand Port Maritime, Marie-Luce Penchard.

L'objectif est d'accueillir des porte-conteneurs de 300 mètres de long, notamment ceux de CMA CGM qui est l'un des investisseurs du projet, mais aussi de devenir un port de transbordement de la région.

L'investissement total se monte à « 170 à 180 millions d'euros », selon Bruno Le Maire, qui a assuré les autorités locales de sa volonté de défendre l'opération « au niveau européen et évidemment gouvernemental ».  Selon le rapport d'enquête publique, daté d'avril 2023, le projet a reçu un avis favorable, grâce aux « mesures d'évitement, de réduction, de compensation et de suivi présentées par le Grand Port, (...) dénotant une volonté réelle de remédier aux nuisances environnementales engendrées par le projet ».  Des nuisances occasionnées par « des travaux (...) qui impactent significativement les différentes composantes de l'environnement, aussi bien les milieux naturels que l'humain », selon le rapport, qui mentionne également « le caractère dommageable des installations en phase d'exploitation, singulièrement pour les mammifères marins. »

(AFP)

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Commentaires 4
à écrit le 28/05/2023 à 6:44
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Vivement que nos cargos à voiles naviguent sur les océans afin de redorer le blason de l'humanité. 240000 tonnes portées par une minuscule hélice en comparaison de ses 100000 chevaux, c'est débile, une honte à l'intelligence humaine, une aberration m...

le 29/05/2023 à 13:35
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Vous m’avez l’air compétent en gros porteurs. En général c’est au moins deux trains de 2 hélices, quand c’est par trois.

le 29/05/2023 à 18:01
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Ok et ? Oui je me doute qu'avec une seule hélice le truc ferait du sr place car on parle de 100000 chevaux et de 240000 tonnes, alors je sais que dans la finance vous comptez en milliard d'euros comme nous en centaine d'euros mais la loi de la physiq...

à écrit le 27/05/2023 à 21:42
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Des super pertes !!!! Il faut taxer ka cgt sncf et fonction publique qui a profite de la guerre et du choc provisoire pour avoir des augmentations permanentes de salaire !! Et en plus ça réduira les inégalités donc ke réchauffement climatique, c'es...

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