Moins de pollution, plus de navires : le dilemme du transport maritime

D'un côté la très lente décrue des émissions polluantes (-25% en... trente ans, de 1990 à aujourd'hui) , de l'autre la perspective, selon l'OCDE, d'un quadruplement du nombre de navires d'ici à 2050 c'est-à-dire sur les trente prochaines années. Pas sûr, donc, que les petits progrès obtenus jusqu'ici dans l'UE grâce au renouvellement de la flotte et à l'augmentation de l'efficacité énergétique des moteurs permette d'empêcher la pollution maritime de repartir à la hausse.
Un navire à la manoeuvre dans le port de Marseille, en 2007.
Un navire à la manoeuvre dans le port de Marseille, en 2007. (Crédits : The U.S. National Archives)

Bonne nouvelle, dans l'Union européenne, les émissions du transport maritime, à l'origine de 2% à 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (*), ont diminué de 26%, une réduction extrêmement lente puisque la période considérée débute en... 1990. Mauvaise nouvelle: selon l'OCDE (*), les volumes de fret international vont être multipliés par plus de 4 d'ici à 2050 (voir graphique en pied d'article). Une hausse qui rend encore difficile l'atteinte des objectifs de réductions des émissions de CO2 du secteur.

Et ces objectifs sont très ambitieux : -50 % d'émissions de gaz à effet de serre en 2050 par rapport à 2008, selon un premier accord international atteint en avril 2018.

 De fait, pas étonnant que le rapport publié mercredi par par l'Agence européenne de l'environnement (AEE) et l'Agence européenne pour la sécurité maritime (AESM) estime que le secteur maritime doit encore réduire drastiquement son empreinte écologique pour permettre à l'UE d'atteindre la neutralité carbone en 2050.

Le transport maritime, poumon des exportations européennes

Les chiffres publiés dans cette étude témoignent de l'importance de ce secteur dans l'activité économique puisque près de 77% du commerce extérieur européen et 35% de l'ensemble des échanges entre les États membres de l'UE se font par voie maritime, note cette étude, la première réalisée par les deux institutions sur le sujet.

Le transport maritime vers et à l'intérieur de l'UE a représenté 13,5% de toutes les émissions liées au transport de l'UE en 2019.

Et si les émissions de dioxyde de carbone (CO2) de l'UE provenant de la navigation européenne elles ont certes diminué d'environ 26% depuis 1990, elles s'élèvent actuellement encore à environ 16 millions de tonnes, soit 18% des émissions du transport maritime dans le monde, selon le rapport de l'AEE et de l'AESM.

Cette diminution est liée au renouvellement de la flotte et à l'augmentation de l'efficacité énergétique, selon les deux agences.

L'évolution réglementaire est également cruciale en ce domaine : pour rappel, 2020 est l'année du passage, au niveau mondial, à des carburants contenant moins de soufre (0,5 % au lieu de 3,5 % aujourd'hui).

Dioxyde de souffre: un tableau des réductions très contrasté

Autre émission atmosphérique nuisible au climat provenant du secteur, le dioxyde de soufre (SO2), un polluant gazeux acidifiant dont les rejets ont représenté 1,63 million de tonnes en 2019, soit 16% des émissions mondiales de SO2 du transport maritime.

Selon le rapport, ces émissions ont diminué grâce à une législation européenne plus stricte sur le soufre dans le carburant, mais le tableau reste très contrasté avec quelque 60% en moins sur les côtes danoises mais seulement 20% de baisse dans la région de Rotterdam entre 2015 et 2019.

Mais le catalogue des nuisances du secteur maritime ne se réduit pas à la seule pollution atmosphérique des navires, il intègre aussi les bruits sous-marins, les déversements accidentels ou intentionnels (dégazages), produits chimiques nocifs utilisés sur les coques pour éviter l'encrassement, ou la propagation des espèces invasives.

De fait ce rapport de plus de 200 pages, rappelle l'introduction, à partir de la fin des années 1990, de règles plus strictes dans l'UE et propose de nombreuses initiatives pour aller plus loin et plus vite dans la suppression de ces autres nuisances: nouvelles normes, carburants durables, technologies de réduction des émissions, traitement des rejets d'eau ou peintures sans biocide...

-

Maritime trade demand projections by region, 2015-50

[Commerce maritime: projections de la demande par régions, 2015-2050. Source: OECD - Cliquez sur le graphique pour l'agrandir plein écran]

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 01/09/2021 à 15:54
Signaler
Quand tous les bateaux carbureront au GNL (méthane) ça ira mieux mais la flotte est vaste et nombreuse, pas près d'y arriver (comme les camions, ça a une durée de vie élevée, ça ne se met pas à la casse si vite).

le 01/09/2021 à 18:49
Signaler
C'est pour ça qu'il faut passer à autre chose mais bon on ne sait toujours pas communiquer avec des zombis.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.