SNCF : Xavier Bertrand se fait le VRP d'Alstom et Bombardier

Opération lobbying pour Xavier Bertrand. A l'occasion de la livraison par Bombardier du 100e train Régio 2N, le président de la région Hauts-de-France s'est fait l'avocat de Bombardier et d'Alstom, notamment dans le cadre de l'appel d'offres concernant le RER Nouvelle génération, dont l'heureux élu devrait être connu en décembre. Reportage.
Mounia Van de Casteele
"A Crespin, on attend les commandes des Hauts-de-France. Nous avons la responsabilité de faire le choix prioritaire des entreprises de la région. Et la région continuera à faire le choix des entreprises régionales dans les cahiers des charges. Ce que je commande, je veux que ça donne du boulot dans la région. Il y a de la part du président de région aujourd'hui un rôle d'avocat, ou de VRP.", a déclaré Xavier Bertrand lors de la livraison par Bombardier du 100e train Régio 2N à Valenciennes.

C'est en grande pompe qu'était célébrée lundi la livraison par Bombardier Transport du 100e train Régio 2N, le 10e exemplaire destiné à la région Hauts de France, à Valenciennes, sur le site de conception et de fabrication de Crespin. Pour l'occasion, le site a ouvert ses portes à la presse, aux élus locaux, ainsi qu'aux équipes de la SNCF et de Bombardier. "C'est une étape historique", s'est réjoui Laurent Bouyer, Président de Bombardier Transport France, devant Xavier Bertrand, le président de la région. Avant de poursuivre :

"Le Régio 2N est le projet structurant pour le site de Bombardier à Crespin, pour l'industrie ferroviaire française et la Région Hauts-de-France. Plus de 1.000 personnes ont travaillé sur ce train, qui a vu le jour après 15 prototypes, réalisés à partir de plus de 25.000 documents. Il s'agit d'un investissement industriel massif. Environ 7 à 8 voitures sont conçues chaque semaine, pour un total de 50 trains par an. Crespin est le premier site industriel ferroviaire avec plus de 2.000 emplois".

Puis, derrière un rideau de velours noir, la rame est apparue sous les applaudissements de l'assistance, au rythme de la petite formation de jazz sollicitée pour l'occasion. Munis de casques, chaussures et lunettes de protection, tout ce petit monde est ensuite allé découvrir les lignes de production du site. Une occasion relativement rare, puisque la dernière fois remonte à 2013. Crespin avait alors ouvert ses portes pour le premier train Régio 2N.

Régio 2N : 213 rames commandées sur un maximum de 860

Pour rappel, la SNCF, mandatée par les régions, a lancé un appel d'offres pour un matériel régional de deux niveaux grande capacité en 2008. En 2010, Bombardier et SNCF ont signé le contrat cadre Régio 2N, qui prévoit la fabrication d'un maximum de 860 trains. Au total, les régions ont pour l'heure commandé 213 rames. Les livraisons courent jusqu'à l'automne 2017. Le site de Crespin en produit 45 par an, environ quatre par mois. Pour la région des Hauts-de-France, 25 rames ont été commandées, et c'est la 10e qui vient donc d'être livrée.

Francilien : 225 trains commandés sur 372

En parallèle, le site de Crespin continue à produire les trains "Francilien" - 225 rames ont été commandées pour le premier trimestre 2018, conformément au contrat cadre signé en 2006, envisageant jusqu'à 372 rames. Le site produit actuellement deux trains par mois, soit environ 22 trains par an. Si les options sont levées, il faudrait donc sept ans pour réaliser la commande des 147 trains restants. "Bien entendu les cadences peuvent être aménageables si les clients veulent aller plus vite", précise-t-on chez Bombardier.

Les derniers RER A livrés début 2017

A côté, le site de Crespin a quasiment terminé la livraison des commandes des deux autres contrats en cours. A savoir, celui concernant le RER A, fruit d'un consortium avec Alstom - 140 rames ont été commandées par la SNCF pour le compte du Stif (Syndicat des transports d'Île-de-France). Les dernières devraient être livrées au premier trimestre 2017. Quant aux métros parisiens des lignes 2 et 9, l'intégralité des 173 rames commandées sera livrée d'ici la fin de l'année. Ce qui suscite l'inquiétude des équipes du site, dont le carnet de commandes reste incertain, au-delà de 2018.

Le président de la région, Xavier Bertrand, en a bien conscience :

"A Crespin, on attend les commandes des Hauts-de-France. Nous avons la responsabilité de faire le choix prioritaire des entreprises de la région. Et la région continuera à faire le choix des entreprises régionales dans les cahiers des charges. Quand je commande, je veux que ça donne du boulot dans la région. Il y a de la part du président de région aujourd'hui un rôle d'avocat, ou de VRP. Pour cet appel d'offres, il s'agit de dire « regardez, il y a une usine, elle existe, les machines et les ouvriers sont là, on est capable de le faire »", analyse-t-il.

Avant de conclure en faisant référence au cas du site d'Alstom à Belfort, pour lequel l'Etat vient de passer commande pour 500 millions d'euros afin de sauver le site:

"Je préfère le réel au virtuel. Prenez vos responsabilités. On n'est pas obligé de se faire avoir. C'est une bonne cause, alors je la plaide".

"On doit bâtir le Toulouse du ferroviaire"

L'ancien ministre précise au passage que cette préférence régionale se base avant tout sur l'excellence des savoir-faire des groupes Bombardier et Alstom, sans lesquels il ne pourrait rien plaider, assure-t-il. "On ne gagnera peut-être pas tous les marchés à chaque fois, mais il faut se battre à chaque fois", lance-t-il. Et comparant l'expertise de Bombardier et d'Alstom, pour le ferroviaire, à celle d'Airbus à Toulouse pour l'aéronautique:

"Le meilleur capital c'est le savoir-faire des hommes et des femmes de Bombardier. On doit bâtir le Toulouse du ferroviaire".

Avec une échéance relativement proche, celle du méga-contrat concernant le RER Nouvelle Génération, que se disputent le consortium Alstom-Bombardier et leur concurrent espagnol CAF. Le résultat de cet appel d'offres devrait être connu d'ici la fin de l'année. Il porte sur la livraison de 70 trains par an, pouvant aller jusqu'à 250 rames avec une ligne de production s'étalant jusqu'en 2025. Le montant dépasserait les trois milliards d'euros. De quoi laisser le temps de voir venir... En attendant, l'inquiétude reste de mise à Crespin dans la mesure où, avec les actuels contrats, la rupture de charge interviendrait début 2019.

Lire : ces 5 contrats qui peuvent sauver le site de Belfort selon l'Etat

Mounia Van de Casteele

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Commentaires 2
à écrit le 18/10/2016 à 9:06
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Encore une fois les décideurs sont prévenus. Reste à espérer qu'ils ne feront pas comme pour les 40 locos de la SNCF il y a quelques semaines.

à écrit le 17/10/2016 à 19:14
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Ben oui c'est bientôt noël...

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