Biodiversité : quelques premiers pas vers un plan à horizon 2050

Une semaine de négociations autour des propositions de la Convention sur la biodiversité biologique s'achève. Les représentants de plus de 140 Etats étaient présents. Un premier consensus a émergé, laissant espérer qu'on parviendra à un accord international en 2020.
Certains pays souhaitent pourtant "se focaliser sur une protection plus traditionnelle de la biodiversité", sans s'attaquer aux modes de production et de consommation, s'inquiète le WWF.

La Convention sur la biodiversité biologique (CBD) a fini samedi une semaine de négociations, bousculées par le coronavirus, qui visent à établir un vaste plan à l'horizon 2050 pour protéger les écosystèmes et gérer durablement les ressources naturelles. D'abord prévues en Chine, qui doit accueillir en octobre la 15e réunion de la Convention de l'ONU sur la diversité biologique (COP15), ces négociations ont été déplacées en dernière minute à Rome à cause de l'épidémie de coronavirus et les négociateurs chinois n'ont pas pu s'y rendre. L'Italie est devenue entretemps un foyer de propagation de la maladie.

Des objectifs et des mesures pour les atteindre

La lutte contre le changement climatique s'appuie depuis 2015 sur l'Accord de Paris, un texte ratifié par 183 Etats qui s'engagent à agir pour contenir le réchauffement bien en-dessous de 2°C, à rendre compte régulièrement de leurs émissions de gaz à effet et de leurs actions. Rien d'équivalent aujourd'hui pour préserver les écosystèmes, dont la dégradation et la disparition constituent une lourde menace pour l'humanité, à qui ils fournissent eau, air, alimentation...

Pendant six jours, les représentants de plus de 140 Etats réunis dans la capitale italienne ont discuté des propositions rendues public mi-janvier par la Convention sur la biodiversité biologique (CBD). Elles comportent  des objectifs à atteindre d'ici 2050, avec un point d'étape à 2030. D'autres portent sur les mesures à mettre en œuvre pour atteindre ces objectifs et le suivi de leur application.

"Un bon point de départ"

Les pays présents se sont pour la première fois exprimés sur leur contenu, qui sera négocié plus tard ligne par ligne. Parmi les propositions, des aires protégées couvrant "au moins [30%] des zones terrestres et marines avec au moins [10%] sous stricte protection" (les chiffres entre crochets étant à débattre). Cette proposition est portée par une coalition d'une trentaine de pays menée par la France et le Costa Rica.

Le texte propose aussi de réduire d'ici à 2030 "d'au moins [50%] la pollution" par les fertilisants, utilisés notamment en agriculture, les biocides (désinfectants, insecticides...), le plastique ou encore contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique via des solutions basées sur la nature. Ce texte de 12 pages "est un bon point de départ", a jugé Gaute Voigt-Hanssen, chef-négociateur pour la Norvège, résumant l'opinion de plusieurs participants contactés par l'AFP.

Des secteurs économiques particulièrement responsables

Il est aussi un "consensus sur la nécessité d'avoir un cadre ambitieux", complète un autre négociateur. La situation est dramatique, avec une "dégradation de la nature (...) sans précédent dans l'histoire de l'humanité", avait rappelé Anne Larigauderie, secrétaire exécutive de l'IPBES, les experts de l'ONU en biodiversité, à l'ouverture des négociations.

Pour WWF, le texte qui sera adopté en octobre et fixera un cadre pour les décennies à venir doit s'attaquer aux secteurs contribuant à la perte de biodiversité: agriculture, pêche, infrastructures, les activités minières et forestières.

"Si vous ne parlez pas de ces secteurs, il ne sera pas possible d'atteindre les objectifs pour 2030", avertit Marco Lambertini de WWF.

Certains pays souhaitent pourtant "se focaliser sur une protection plus traditionnelle de la biodiversité", sans s'attaquer aux modes de production et de consommation, poursuit-il. L'ONG "s'inquiète du manque de progrès et du rythme du processus" de négociations, complète Guido Broekhoven, de WWF International, alors qu'il ne reste que huit mois.

La nécessité d'une évaluation des progrès

Autre source d'inquiétude, des pays ont "des velléités de retirer les mots plastiques et pesticides des menaces qui pèsent sur la nature et qu'il faut réduire", complète Yann Wehrling, ambassadeur sur l'environnement pour la France. Il faudra voir "comment est-ce que la CBD pourra travailler avec les autres conventions et institutions internationales" comme la FAO pour l'agriculture ou l'OMC pour le commerce international, explique Aleksandar Rankovic, expert à l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri).

Le Brésil constitue un cas particulier, selon plusieurs participants. Ses représentants ont fait "des propositions qu'il savent inatteignables" pour ralentir les discussions. Au-delà d'objectifs ambitieux, "il faut que les parties rendent compte plus souvent, de façon transparente" de leurs actions, qu'elles soient "examinées" et que soit mis en place à intervalle régulier une évaluation mondiale des progrès réalisés, estime Gaute Voigt-Hanssen, une revendication là encore partagée par de nombreux participants.

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Commentaires 5
à écrit le 06/02/2021 à 7:42
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Il doit y avoir erreur de date !

à écrit le 02/03/2020 à 13:28
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Nos gouvernants et leurs lobbyistes façon poissons pilotes amusent la galerie en faisant des coups de com. sur fond de greenwashing. Notre modèle de développement et ses fondements économiques sont de façon rédhibitoire incompatibles avec l'urgence v...

à écrit le 01/03/2020 à 11:17
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Chez les soit disant scientifiques, la préservation s'entend comme un contingentement alors que la biodiversité est soit réelle, soit détruite mais non mis a l'écart pour être préservé!

à écrit le 01/03/2020 à 10:20
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Il faut des repères aux gens qui leur parle, il faut le dire et le redire, il y a trente ans quand on faisait de la voiture on avait nos pares brises à partir du printemps couverts d'insectes écrasés particulièrement difficiles à nettoyer qui plus es...

à écrit le 29/02/2020 à 18:18
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Merci de songer à faire ce type d'évènement par visio conférence, car sans en contester le bien fondé, les résultats seront plus qu'aléatoires, et les émissions de CO2 liées à ces grands messes peuvent être évitées.. PS. sympa la photo d'un animal do...

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