Rencontres économiques d'Aix-en-Provence : comment financer la transition énergétique ?

RENCONTRES ÉCONOMIQUES D'AIX-EN-PROVENCE. La Tribune reçoit en direct de son studio en plein air les décideurs économiques et politiques pendant les trois jours des Rencontres d'Aix, le Davos provençal. La finance pourrait être un bon moyen d'atteindre l'objectif de neutralité carbone en 2050 et de parvenir aux montants d'investissements pharaoniques qui y sont associés. Financements privés, ISF vert, livret vert pour les jeunes, autant d'idées qui font l'objet de débats chez les économistes.
Maxime Heuze
« Le gouvernement devrait mettre en place » un ISF vert, affirme Patrick Artus.
« Le gouvernement devrait mettre en place » un ISF vert, affirme Patrick Artus. (Crédits : DR)

La transition écologique va coûter cher, notamment, car elle devra se faire rapidement. L'Union européenne s'est en effet engagée à adopter la neutralité carbone d'ici 2050 et réduire les émissions de gaz à effet de serre pour contribuer à l'objectif européen de baisse de 40% de ces émissions en 2030 (par rapport à la référence 1990), autrement dit demain.

Un chantier très ambitieux qui nécessiterait d'allouer 2,5% du Produit intérieur brut d'ici à 2030, soit 70 milliards d'euros, selon France Stratégie. Un montant colossal et « qui ne tient même pas compte des investissements pour préserver l'eau, ni des aides publiques aux ménages modestes », explique Patrick Artus, conseiller économique de Natixis, Professeur à l'Ecole d'Economie de Paris, interrogé par La Tribune.

Des investissements conséquents

Pour atteindre ces montants d'investissements, l'Etat et les acteurs privés pourraient s'appuyer sur les 6.000 milliards d'euros d'épargne des Français. Ils pourraient être fléchés vers les activités de transition énergétique.

« On peut allouer des fonds privés vers la transition énergétique », reconnaît en effet Thomas Friedberger, co-directeur générale de Tikehau Investment Management.

C'est notamment l'idée qu'a dévoilé Bruno Le Maire en présentant son livret vert pour les jeunes, le 16 mai dans son projet de loi industrie verte. Ce livret garanti, mais où les fonds des mineurs seraient bloqués jusqu'à leur majorité, serait un moyen pour l'Etat de financer des projets écologiques grâce à l'épargne qu'il collecte.

Mais attention, « l'épargne actuelle est utilisée pour le financement des entreprises et du logement, par exemple. Si vous réorientez cette épargne, vous le faites au dépens d'autres projets », rappelle Patrick Artus, qui préférerait « que davantage d'épargne soit accumulée pour être utilisée dans le financement de la décarbonation ».

Les fonds d'investissements, eux, n'ont pas attendu les pouvoirs publics pour investir dans transition énergétique. Tikehau Capital s'est, par exemple, donné pour ambition de disposer dès 2025 de plus de 5 milliards d'euros d'actifs sous gestion, exclusivement dédiés à l'urgence climatique. Des montants qui restent cependant loin de ceux nécessaires à atteindre les objectifs de 2030 et de 2050.

Un ISF vert, une bonne idée ?

D'autres moyens existent pour permettre aux organismes publics de financer la transition énergétique. Au premier plan de ces dernières, mettre en place un impôt sur la fortune (ISF) vert, proposé par l'économiste Jean Pisani-Ferry. Il défend ains un « prélèvement dédié » qui pourrait « être assis sur le patrimoine financier des ménages les plus aisés ». Une solution plébiscitée par Patrick Artus qui assure que « le gouvernement devrait le mettre en place ».

Lire aussiRéinstaurer l'ISF, le scénario qui monte pour financer la transition écologique

Et pour cause, la charge de la décarbonation sera très lourde pour le gouvernement. Jean Pisani-Ferry, dans son rapport, estime que l'adaptation aux objectifs environnementaux avoisine 250 à 300 milliards d'euros de dette en plus, en cumulé, en 2030. Et jusqu'à 34 milliards d'investissement public supplémentaire par an d'ici là.

Un surendettement qui ferait exploser le déficit public de la France, déjà à 4,2% du PIB en 2022 et pourrait bien être stoppé par l'Union européenne, qui fixe un taux de déficit public de 2% maximum.

Mais pour Patrick Artus, « l'objectif 2% des banques centrales est secondaire. Je préconise de monter les plafonds des taux de déficits pour permettre aux Etats de financer la transition ».

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Maxime Heuze

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Commentaires 3
à écrit le 09/07/2023 à 14:08
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La principale transition est de savoir comment se passer de l'énergie extérieure ?

à écrit le 09/07/2023 à 8:39
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quand on est de gauche, on est hyperbienveillant, donc on a plein d'idees morales, car la morale est de gauche ou n'est pas, et plein d'idees d'impots, mais seulement pour les autres, car les impots payes par le bon peuple tolerant sont injustes, vu ...

à écrit le 08/07/2023 à 18:22
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D'entrée je réfute tout argumentaire d'Artus , 2050 ce n'est plus un sujet pour lui , place aux jeunes .

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