Les fonds flexibles, amortisseurs de crise

Les fonds flexibles sont bien positionnés pour amortir les baisses et profiter des hausses des marchés financiers. Sur longue période, ils affichent des pertes bien inférieures à celles de l'Eurostoxx 50 et parviennent à délivrer une performance positive. Attention toutefois à bien choisir un profil de fonds adapté à ses attentes. Mode d'emploi.
Copyright Reuters

La volatilité des marchés financiers, cumulée aux baisses enregistrées depuis le début de l'année, n'incite guère les particuliers à s'intéresser aux produits de gestion. Dans ce contexte plutôt morose, la gestion flexible paraît tirer son épingle du jeu et drainer une collecte non négligeable, en particulier auprès de la clientèle patrimoniale. Il faut dire que celle-ci dispose d'arguments convaincants.
La gestion flexible consiste en effet à arbitrer entre les différentes classes d'actifs (actions, obligations, instruments monétaires, devises, matières premières, etc.) afin de tirer profit de façon dynamique des différentes phases de marché. Le comportement de cette gestion est, dans ce cadre, dit « asymétrique », c'est-à-dire qu'elle doit permettre d'atténuer les baisses des marchés financiers en jonglant entre les différents actifs, voire de protéger pendant ces périodes le capital des souscripteurs, mais aussi à l'inverse de bénéficier des hausses.
Outre ses qualités intrinsèques, à l'origine de l'engouement pour cette technique de gestion auprès de la clientèle des particuliers, on trouve une société de gestion, Carmignac Gestion, et un de ses fonds, Carmignac Patrimoine, adulé par les conseillers en gestion de patrimoine indépendants.

Les belles performances de Carmignac Patrimoine

Ce fonds affichait à la fin de mai une performance sur un an de 10,84 %, sur trois ans de 5,91 % et sur cinq ans de 7,33 %. Il a ainsi réussi à générer de la performance sur le moyen terme et cela malgré plusieurs crises majeures. Qui plus est, la perte maximale enregistrée sur ce fonds sur cinq ans est seulement de 10,62 % alors que sur la même période la perte maximale constatée sur l'Eurostoxx 50 a été de 58,58 %. Ce fonds est géré selon un processus dynamique de couverture qui permet de protéger le capital des souscripteurs. « Le niveau d'exposition du fonds aux marchés actions est piloté par des instruments de couverture qui permettent d'être très réactifs. Côté performance, la partie actions de ce fonds joue comme thématique dominante l'augmentation du niveau de vie dans les économies émergentes, en investissant à la fois dans les entreprises européennes et américaines dont une grande partie du chiffre d'affaires est générée dans les pays émergents, mais aussi en investissant directement dans les entreprises des pays émergents », précise Didier Saint-Georges, membre du comité d'investissement de Carmignac Gestion.
Cette capacité à piloter la ges-tion d'actifs en fonction des différentes phases de marché, qui a fait le succès de Carmignac Gestion, est-elle généralement partagée par les gérants spécialisés dans la gestion flexible ? Pour évaluer cette classe d'actifs, nous nous sommes appuyés sur une étude réalisée pour La Tribune par la société d'analyse et de comparaison de fonds Quantalys, qui a mis en place depuis l'an dernier un observatoire de la gestion flexible. Celui-ci réunit 70 fonds, à savoir les principaux fonds accessibles sur le marché français pour les particuliers notamment à travers l'assurance-vie et pour les investisseurs institutionnels. En moyenne, selon cette étude, les fonds flexibles ont délivré une performance meilleure que celle des marchés actions et cela en intégrant des périodes de baisse et de hausse des marchés actions.« Sur une période de cinq ans comprenant la crise de 2008, le rebond des marchés actions en 2009 et en 2010, à nouveau les fortes baisses de 2011, et enfin les mouvements à la hausse et à la baisse de 2012, les fonds flexibles affichent en moyenne une performance supérieure aux marchés actions exprimée à travers l'Eurostoxx 50 », précise Jean-Paul Raymond, directeur du développement de Quantalys. Qui plus est, les pertes maximales enregistrées sont, là encore, en moyenne inférieure à celles de l'Eurostoxx 50, puisqu'elles ressortent à 26,96 % contre plus du double pour l'Eurostoxx 50. Enfin, la volatilité, qui reflète le risque, apparaît là aussi maîtrisée. « Sur cinq ans, la volatilité moyenne des fonds flexibles est de 11,91 % tan-dis que celle des marchés actions est de plus de 25 % en moyenne sur longue période », poursuit Jean-Paul Raymond. Performance et maîtrise des risques caractérisent donc les fonds flexibles. Ces moyennes cachent cependant des performances et des niveaux de risque disparates selon les fonds.

Le choix entre profils défensifs ou offensifs

En effet, la gestion flexible constitue une classe d'actifs assez hétérogènes car les gérants disposent d'une grande latitude dans leurs choix de gestion. Pour se repérer dans cet univers foison-nant et choisir son fonds, on peut distinguer deux grandes catégories : les fonds flexibles qui adoptent un profil défensif et cherchent avant tout à protéger le capital des souscripteurs, et ceux qui possèdent un profil plus offensif et dont l'objectif principal est de générer de la performance. « Au bout de plusieurs années d'historique de performance, on peut se rendre compte que certains fonds affichent un profil prudent. À ce titre, leur corrélation par rapport à l'Eurostoxx est très faible. Cela signifie qu'ils ne vont pas réa-gir de la même façon que les marchés actions et protégeront de ce fait le capital des souscripteurs », précise Jean-Paul Raymond.
Parmi les fonds identifiés comme tels figurent notamment le fonds de Carmignac Gestion, Carmignac Patrimoine, le fonds Palatine Absolument, géré par Palatine Asset Management ou encore celui de Groupama Asset Management, Groupama Flexible allocation. Ces trois fonds affichent tous des pertes maximales sur cinq ans très faibles par rapport aux marchés actions qui vont de 12,35 % pour les plus élevées à 5,60 % pour les plus faibles. En termes de performance si elles sont variables, tous ces fonds sont en territoire positif sur moyenne période, à savoir cinq ans. Les fonds les plus offensifs possèdent un comportement assez différent. « Les fonds offensifs affichent une corrélation plus importante avec les marchés actions, les pertes maximales sont plus élevées et avoisinent celles des marchés actions. En revanche, en période de hausse, ils arrivent assez facilement à surperformer les indices et enregistrent des performances remarquables », indique Jean-Paul Raymond. Le fonds d'Amiral Gestion, Sextant Grand Large par exemple, a délivré d'importantes performances sur cinq ans à savoir 17,78 %. En revanche, la perte maximale sur la même période ressort à 53,98 % soit un niveau assez voisin de celui de l'Eurostoxx. Au final donc, si la gestion flexible remplit bien ses engagements, il faut bien choisir le profil de son fonds en fonction de ses attentes : ou un fonds prudent qui protégera le capital sur longue période, mais ne permettra pas de bénéficier de l'intégralité de la hausse des marchés en cas de rebond ; ou un fonds offensif dont la valeur liquidative pourra fortement osciller à la hausse et à la baisse, mais qui, au final, sur longue période délivrera une performance bien supérieure à celle des marchés actions.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.