Energie : le géant finlandais Fortum mise gros sur la France

Le leader dans la production d'électricité et de chaleur en Europe du Nord, vient d'ouvrir un bureau à Paris. Cela lui permettra de préparer sa participation au prochain renouvellement des concessions hydrauliques françaises. Plus largement, ses dirigeants voient dans l'Hexagone un laboratoire idéal pour poser les bases de "l'économie solaire".
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Le vice président de l'énergéticien nordique Fortum, en charge de la division chaleur, Per Langer, ne tarit pas d'éloges sur la dérégulation du marché. "Fortum a grandi avec la dérégulation, en se déployant depuis la Finlande vers l'ensemble de la Scandinavie, les pays baltes et la Russie". Dans le même temps, le groupe (10.700 employés, 6,2 milliards d'euros de chiffres d'affaires en 2011) s'est spécialisé dans l'hydro-électricité, la cogénération (qui permet de produire concomitamment de la chaleur et de l'énergie à partir de biomasse) et le nucléaire. Ce qui lui confère un mix énergétique à 90 % sans CO2 et à 54 % d'origine renouvelable. Et ce n'est qu'un début.

Pour Per Langer, le pic pétrolier de 2008 et l'effondrement des coûts dans le solaire ont définitivement changé la donne et rendent inéluctable l'avènement de "l'économie solaire". Celle-ci doit faire passer la production d'énergie d'un mix pétrole/charbon/gaz à un mix exclusivement renouvelable : hydraulique, géothermie, solaire, éolien, vagues et biomasse.

La cognération, un maillon essentiel de la transition entre énergies fossiles et renouvelables

Dans l'intervalle, outre le nucléaire et le captage et stockage de CO2, la cogénération  jouera un rôle important. "La cogénération permet d'utiliser les ressources locales, issues de déchets forestiers et agricoles", insiste Per Langer. Mais souvent, les débouchés pour la chaleur, produite en même temps que l'électricité, ne sont pas suffisants pour rentabiliser les centrales.

Pour éviter cet écueil, Fortum innove en intégrant à l'une de ses installations un procédé de pyrolyse (qui utilise la très haute température produite par la centrale), qui transforme la biomasse en biocombustibles. Dans un premier temps, les biocombustibles issus de cet investissement de 20 millions d'euros, réalisé dans la centrale de Joensuu en Finlande, seront utilisé par Fortum lui-même pour ses activités de chauffage urbain. A terme, c'est dans les transports que Per Langer leur prédit le plus grand avenir.

Plus globalement, la fabrication en grandes quantités de biocombustibles permettrait de surmonter plusieurs des freins régulièrement imputés aux énergies renouvelables : l'intermittence de la production et la petite taille des installations. 

La France, laboratoire idéal de l'économie solaire

En dehors de cette "cogénération améliorée", Fortum s'immisce dans les énergies marines. Outre un projet de démonstrateur en Suède et une participation dans la société AW Energy, Fortum a noué un partenariat avec le français DCNS en vue de développer un démonstrateur. Le marché français l'intéresse aussi pour le solaire. Malgré le contexte actuel, la dégringolade des coûts et les délais de construction de projets solaires le rendent confiant dans ce secteur.  

"La France est l'endroit idéal en Europe pour développer notre vision de l'économie solaire", conclut Per Langer. Notamment parce que l'hydroélectricité (dans laquelle Fortum ne cache pas ses ambitions) est le complément indispensable aux énergies renouvelables. A la fois comme moyen de stockage (on pompe l'eau quand la production d'énergie est excédentaire pour la relâcher au travers de turbines quand on en a besoin) et comme moyen d'équilibrer rapidement l'offre et la demande.

Parler de la voiture mais aussi de la route

Mais le cheval de bataille de Fortum, c'est l'avènement d'un véritable marché unique de l'énergie en Europe. Cela permettrait en effet la construction d'un réseau intelligent commun, capable de rendre l'Europe compétitive, en exploitant au mieux les ressources de chaque région. "Pour un résultat comparable, l'investissement dans le solaire allemand serait deux fois moins élevé en Espagne", souligne par exemple Per Langer.

"Parler d'énergies renouvelables sans parler du réseau électrique, c'est un peu comme discuter de la voiture sans savoir à quoi ressemblera la route". Or, cette route doit nous mener à une économie propre mais surtout abondante, donc compatible avec la croissance que réclame notre société. Et, sur cette route, les entreprises peuvent faire des bénéfices. Deux arguments dont Fortum compte user pour tenter de faire avancer son projet "d'économie solaire". Et de convaincre Bruxelles du bien fondé d'un marché unique de l'énergie.

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Commentaire 1
à écrit le 12/04/2012 à 13:37
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Enfin une entreprise qui a une vision plutôt réaliste et positive de l'avenir énergétique ... mais pas française, hélas !

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