Elysée 2022 : le scénario fou que même le Baron noir n’aurait osé imaginer

VOTRE TRIBUNE DE LA SEMAINE. L'offensive Taubiresque contre Hidalgo. Macron revoit son scénario pour contrer Pécresse en visant plus à gauche, enfin presque. La dernière grève de la SNCF (en fait non !). Et autres nouvelles de la semaine garantie sans fiction pour traverser les fêtes avec le sourire quand même.
Philippe Mabille
(Crédits : Jean-Claude Lother / KWAI / CANAL+)

Si vous craignez de vous ennuyer pendant les fêtes, n'attendez pas le second tour de la présidentielle pour vous divertir : « binge watcher » la troisième saison de la série « Baron noir », si possible en famille, cela pimentera les repas. Au risque, toutefois, de « spolier » l'épilogue de l'élection du mois d'avril.

Le « spoil » est possible oui, car dans la série qui retrace l'épopée d'un politique du Nord encarté au PS, incarné par Kad Merad, tout y est : de l'impossible union de la gauche à la gifle présidentielle (déjà fait) en passant par la montée des extrêmes et des forces populistes. La réalité dépassant parfois la fiction, on a donc eu ce vendredi, enfin, la fin du faux suspense avec l'entrée en pré-campagne de la « dernière chance » de l'union : Taubira 2022.

Dans une courte vidéo, l'ancienne ministre « constate l'impasse » pour mieux enterrer Hidalgo et appeler Mélenchon et Jadot au rassemblement. Rendez-vous mi-janvier pour la suite du House of Cards français. La gauche française joue à la « roulette russe », raconte justement notre chroniqueur politique Marc Endeweld.

« Pour combattre le trop grand nombre de candidatures, il en faudrait plus ? Il fallait l'oser celle-là ! », s'agace l'écologiste Yannick Jadot. Pendant que la maire de Paris appelle dans le vide à un débat TV, Mélenchon retourne, lui, à ses « spaghettis ».

Le changement en cours de partie du scénario de la présidentielle a en tout cas fait bouger les lignes tactiques à l'Elysée. Dans son interview de mercredi soir sur TF1, Emmanuel Macron n'a pas seulement fait son acte de contrition sur ses déclarations qui ont pu blesser les Français. Il a surtout pris acte de la montée en puissance de Pécresse à sa droite pour ajuster le centre de gravité de son « en même temps ».

Là où la présidente de la région Ile-de-France ou Zemmour reprennent en grande partie le programme de François Fillon sur la baisse des effectifs de fonctionnaires, on a pu entendre (presque) un Macron de gauche défendre les services publics. Certes, ceux-ci doivent être plus efficaces, mais sur la baisse du nombre de fonctionnaires, il demande que l'on dise où et combien. Mais si, Macron est de (centre) gauche ! Malgré la suppression de l'ISF ou les ordonnances travail, qu'il « assume », comme le raconte notre journaliste Fanny Guinochet.

La manœuvre est habile : l'espace politique se remplissant plus vite que prévu à droite, Macron tape dans le ventre mou d'une gauche incapable de faire l'union. Fabien Roussel, Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot (cornaqué par Sandrine Rousseau), Anne Hidalgo...

Le seul problème de cette révision tactique, c'est de ne pas perdre au passage les électeurs piqués à la droite en 2017 et représentés par un François Bayrou, toujours fidèle au poste, et Edouard Philippe dont le nouveau parti Horizons va devoir trouver son espace à la droite de la majorité dans la future « maison commune » en chantier.

Pour tenir les deux bouts de l'omelette, Emmanuel Macron tape large : un coup à gauche en défendant les fonctionnaires, un coup à droite en annonçant une réforme, certes différente, mais une réforme quand même des régimes de retraites. Fanny Guinochet décrypte également ce nouveau projet qui abandonne le système unifié par points de 2017 pour se recentrer sur un triptyque public, privé et indépendants. Emmanuel Macron le sait : on ne gagne pas sur son bilan, mais sur un nouveau projet.

Cette projection dans l'avenir, vers 2030, « d'évidence » il en a la vision. Reste à entrer dans l'arène. Cela attendra sans doute une éclaircie du côté de la crise sanitaire, qui n'en prend pas le chemin, hélas. Reste aussi à voir si les Français se laisseront prendre à ce théâtre mis en scène par le Communicator en chef de l'Elysée, Clément Léonarduzzi, ex de Publicis Consultants.

Malgré une croissance 2021 exceptionnelle (6,7%), le bilan ne suffira pas. Il est d'ailleurs déjà menacé par Omicron qui pèse sur le moral des patrons selon notre Baromètre « La Grande Consultation » des entrepreneurs réalisé par OpinionWay pour La Tribune CCI France et LCI.

Pour les patrons, l'emploi (71%), l'éducation et la formation (68%), l'environnement (65%) devraient être les trois thèmes prioritaires à aborder au cours des débats. Pour les salariés, la priorité va clairement aux inquiétudes sur le pouvoir d'achat alors que la fièvre des prix de l'énergie force le gouvernement à multiplier les chèques, dont celui de 100 euros que vont verser les employeurs aux classes moyennes (en dessous de 2.000 euros) à la fin du mois.

Pas de panique, la reine Christine Lagarde, gardienne de la confiance dans l'euro, nous assure, contrairement à la Fed, que l'inflation va finir par refluer après le ressaut post-covid.

Laurence Boone, la cheffe économiste de l'OCDE, confirme cette impression dans le « Point de conjoncture » du Cercle des Économistes dans le cadre duquel nous avons dialogué avec elle sur les chances et les risques de 2022, avec les trois sorcières que sont le virus, qui commande encore tout, l'inflation et la dette, qui rendent les perspectives économiques très incertaines. Vous trouverez le replay de l'évènement ici.

La hausse de l'inflation est en tout cas un casse-tête électoral et politique. Comment convaincre les Français que leur pouvoir d'achat n'a jamais autant augmenté alors qu'ils sont convaincus du contraire lorsqu'ils passent à la pompe ou à la caisse ? Prochain défi pour Bercy : quel signal adresser sur le taux du Livret A, alors que leur épargne est mangée par l'inflation ? Une hausse est programmée avant la présidentielle, en pleine campagne. Mais de combien sera-t-elle ? Notre journaliste Eric Benhamou décrypte ce véritable dilemme pour l'exécutif.

Les Français n'ont pas fini de payer plus cher leur électricité. Et ils se font même « engueuler » par le gendarme de l'énergie, le préfet Jean-François Carenco, président de  la CRE, la Commission de régulation de l'énergie, qui a critiqué mardi « tous ceux qui râlent » contre l'éolien et le solaire et déplorer le retard pris dans le développement des énergies renouvelables en France, alors que la France traverse une crise de l'énergie qui se caractérise notamment par une flambée des prix.

S'il est une réforme que l'on peut attribuer à Macron, c'est celle de la SNCF. Banalisation du statut, ouverture à la concurrence, opérationnelle ce samedi, jour historique dans l'histoire du transport français. Résultat ? Un appel à la grève qui a divisé l'entreprise publique, écartelée entre la culture « cheminot » emmenée par Sud Rail et la CGT, et les « modernes » qui veulent entrer de plain-pied dans cette ère nouvelle dans une époque où les impératifs climatiques vont forcément nous faire préférer le train.

La grève du monde d'avant n'a toutefois pas fait long feu. Il faut dire que cela aurait été une sacrée aubaine pour le concurrent italien Trenitalia, qui ouvre ce samedi son service TGV sur les lignes Sud-Est en cassant les prix.

Pour la SNCF, le changement culturel va être violent. C'est d'ailleurs peut-être la dernière grève de l'ancien monde. Mais pour sécuriser et développer le rail, il faudra investir, innover et bien payer les salariés pour accompagner la transition. Il faudra aussi penser aux trains du quotidien. Il n'y a pas que le TGV. Jean Castex a promis de rénover les petites lignes.

Reste une réalité financière, dure à vivre pour le patron de la SNCF : Jean-Pierre Farandou est obligé d'emprunter aux marchés financiers chaque mois pour payer les salaires.

Pour passer un bon réveillon, entre Covid et homards, il vous reste quelques solutions alternatives. Lire par exemple l'excellent papier de Nathalie Jourdan, notre correspondante en Normandie, qui vous invite à redécouvrir les super-pouvoirs du chanvre, une culture en plein boom, pour des usages variés, y compris en infusion hypnotiques. Toute la rédaction se joint à moi pour vous souhaiter de très bonnes fêtes de fin d'année et à l'année prochaine. Prenez bien soin de vous et vos proches. Champagne !

Philippe Mabille

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Commentaires 11
à écrit le 20/12/2021 à 16:16
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Le cheval Ed. Philippe rue dans son box, actuellement il rassemble une équipe et je ne serais pas étonné qu'il sorte du bois au galop.. Bon, qu'est ce qu'il est allé faire chez ATOS, je sais il faut bien vivre..

à écrit le 19/12/2021 à 17:46
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MACRON est le seul capable, il sera réélu heureusement pour le pays

à écrit le 19/12/2021 à 17:46
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MACRON est le seul capable, il sera réélu heureusement pour le pays

le 20/12/2021 à 9:16
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Macron s’est montré très moyennement capable sur cette mandature. Maintenant, il a bien servit ses sponsors, (au détriment de la France et des finances publiques, comme attendu), et donc il est fort possible que ses soutiens lui renouvellent leur app...

le 20/12/2021 à 9:18
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Ce n'est ni une bonne ni une mauvaise perspective. En effet, la situation est telle qu'il faut en France qu'un qui soit assez ouvert sur les réalités extérieures aussi nocives ou bénéfiques qu'elles puissent nous apparaître, quelqu'un qui malgré la t...

à écrit le 19/12/2021 à 9:19
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Suivez le programme non pas les marionnettes!! Nous avons droit a un programme de LFI face a un programme Bruxellois! Demandez Le Programme!!

à écrit le 19/12/2021 à 8:29
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Zemmour...

à écrit le 18/12/2021 à 23:06
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Je suis de tout coeur avec les journalistes politique qui essaient malgré le casting de faire de cette élection un évènement alors que cela ressemble à un pet de mouche rance .Les jeux sont fait c'est une évidence .

à écrit le 18/12/2021 à 9:47
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Cela peut-être aussi le signe que malgré les efforts que fait Mélenchon pour brider son parti celui-ci se retrouve avec de nombreuses intentions de vote et que de ce fait lui et Hidalgo ont échoué et on appelle Zorro afin que les voix de gauche soien...

le 19/12/2021 à 12:05
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C'est subtil. La presse vend zemour pour noyauté le pen comme elle vendait en 2017 melenchon pour espéré juppé. En général les médias se foutent le doigt dans l'oeil systématiquement même si ils ont toujours un as planqué dans le revers de la manch...

le 19/12/2021 à 12:22
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Ben disons que notre classe dirigeante ne sachant plus que résonner (non non je ne me trompe pas) à vraiment très court terme peut changer d'avis au dernier moment selon leurs intérêts et peurs donc pas facile de prévoir même si je trouve notre prési...

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