
En ce 14 juillet 2023, celui de la sixième année de la décennie que passera Emmanuel Macron à l'Elysée, la seule certitude est que la prochaine fête nationale ne se déroulera pas aux Champs-Elysées ni à la Concorde... En effet, dans un an, Paris sera peut-être une fête, mais ce sera celle des Jeux Olympiques qui occuperont tout l'espace public ou presque et plus sûrement encore tout l'espace médiatique. Le défilé militaire, quant à lui, sera exceptionnellement délocalisé entre Vincennes et la place de la Nation.
Dans un an, les JO donc et cette échéance est à la fois une éternité et une micro-seconde pour un pays qui vient de connaître quatre nuits d'émeutes urbaines et doit se préparer à accueillir et à sécuriser 15 millions de touristes dont une cérémonie d'ouverture grandiose, mais à hauts risques, sur la Seine au cœur de Paris. Un sacré défi et surtout en temps normal une occasion de mobiliser et de faire l'unité de tout un pays. Londres avait offert en 2012 un bien beau spectacle, ce qui n'avait pas empêché le Royaume-Uni d'afficher ses divisions en votant le Brexit trois ans plus tard.
En recevant l'Inde pour ce 14 juillet avec de beaux contrats signés avec Narendra Modi, dont 26 Rafale Marine, Emmanuel Macron ne pouvait pas ne pas penser que dans un an, c'est le monde entier qui sera à Paris pour les Jeux Olympiques, du 26 juillet au 11 août, et que ce sera pour la capitale française comme pour le pays une formidable vitrine de son soft power à l'international.
A défaut d'avoir su apaiser la France en 100 jours, Emmanuel Macron dispose donc d'un délai d'un an pour réussir ses JO à lui. Il y arrivera peut-être en remaniant son gouvernement, ou en changeant de Premier ministre. Mais on ne peut s'empêcher de penser que c'est surtout lui-même que le président de la République devra « remanier » afin de retrouver le souffle de 2017, lorsque dans son livre « Révolutions », il promettait de réformer l'école, de rétablir une forme d'égalité « réelle » des chances, et de redonner à la France son rang dans le monde.
Force est de constater que malgré de réels succès économiques, à porter à son crédit, Emmanuel Macron n'est pas encore parvenu à transformer la France en profondeur. Et si les quatre priorités des 100 jours vont dans le bon sens - Industrie et plein emploi ; Planification écologique ; Services publics ; Démocratie et ordre républicain -, elles ne trouvent leur solution que dans une action à long terme. Faire croire qu'en cent jours, à la façon d'un empereur sur le retour, on pourrait relever ces défis relève du simple slogan et traduit une forme d'arrogance qui exaspère les Français.
Dans un entretien avec Bruno Jeudy, son prédécesseur à L'Elysée, François Hollande, dont la petite lumière se rallume, dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas : « En France, nul ne sait dans quelle direction politique va aller le pays dans les quatre ans qui viennent et a fortiori au-delà de 2027 ! » Redonner un cap et une vision partagée, c'est avant tout à cela que va devoir s'atteler Emmanuel Macron et cela nécessite sans aucun doute qu'il muscle son dispositif politique en faisant monter les poids lourds de son camp en première ligne. Darmanin, Le Maire, Lecornu, Attal, Dupont-Moretti... Tous affichent leurs grandes ambitions politiques et briguent la place d'Elisabeth Borne, courageuse, mais de plus en plus résignée. Et pourquoi pas Edouard Philippe ? Ce dernier ne semble pas avoir l'intention d'user de sa popularité pour descendre de son Aventin et secourir Emmanuel Macron. Il a refusé de prendre l'Education nationale, le poste pourtant sans doute le plus important pour empêcher le déclin inéluctable de la France. Lire à ce sujet notre baromètre annuel réalisé avec Elabe et CCI France, qui montre que les Français sont en réalité assez lucides tant sur le pays que sur leurs élites politiques...
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Conflit d'intérêt. Ursula von der Leyen a confirmé la nomination d'une lobbyiste américaine proche d'Apple et d'Amazon comme économiste en chef de l'antitrust européen. Paris à vivement protesté, par la voix du secrétaire d'Etat au Numérique, Jean-Noël Barrot, sans succès. Imagine-t-on un conseiller d'Emmanuel Macron faire le même job au sein de l'antitrust américain ?
On dirait le Sud. Au son du chant des cigales, la rédaction de La Tribune a reçu une soixantaine de décideurs économiques et politiques en direct de la 23ème édition des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence. A retrouver ici et sur notre chaîne vidéo.
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