Christophe Praud (Centre des Jeunes Dirigeants) à la Tribune des Décideurs : "le gouvernement n'a plus rien dans les tuyaux"

Lundi 13 janvier à 12h30, nous recevions Christophe Praud, Président du Centre des Jeunes Dirigeants.

Christophe Praud, président du Centre des Jeunes Dirigeants d'entreprise, était cette semaine l'invité de la Tribune des Décideurs. Son  mouvement rassemble 4500 chefs d'entreprises sans couleur politique particulière, qui ont été régulièrement conviés à donner des pistes de réflexion à l'exécutif pour favoriser la reprise, et notamment aux assises de l'entrepreneuriat.

"Une promesse que le patronat ne peut pas faire"

Pourtant, il semblerait que le gouvernement n'en ait pas retenu grand chose...

" Quasiment rien n'est sorti des Assises de l'entrepreneuriat. Je voulais savoir où cela en était. Mais impossible de décrocher un entretien avec Fleur Pellerin. Je ne sais même pas si elle défend les mesures que nous avions proposé à cette occasion  On fait des assises de la fiscalité, du crowdfunding, de l'entrepreneuriat, mais la finalité de tout ça, c'est peut-être juste de passer le temps, parce que le gouvernement n'a plus rien dans les tuyaux."

Même sur le "pacte de responsabilité", qui devrait être développé par François Hollande lors de sa conférence de presse mardi, le chef d'entreprise nuance :

"L'intention est bonne, mais elle arrive très tard. En revanche, la contrepartie du million d'emplois, c'est une promesse que le patronat ne peut pas faire. C'est aussi irréaliste que de dire que les 35 heures créent de l'emploi."


Baisse des charges et flexibilité du travail

Mais pour lui, les 35 heures ne sont plus l'objet du débat :

"Les 35 heures ont été votée, se sont généralisées, il n'est plus question de remettre en cause le temps de travail. Simplement aujourd'hui, les entrepreneurs ont besoin de flexibilité, qu'on puisse payer plus si l'on travaille plus, réajuster si on n'a plus de travail. Les gens croient que les chefs d'entreprises licencient comme ils font leur marché, mais c'est faux ! Licencier, c'est toujours une tragédie, et malheureusement, il y a des moments où on y est contraints. Toute la complexité liée à l'ajustement de la masse salariale est extrêmement fragilisante.  "

"Les grands groupes plombent les petites entreprises"

Le vrai problème viendrait de la confiance en l'avenir, que le président est incapable de donner aux entrepreneurs :

"Aujourd'hui on a besoin de signaux positifs pour reprendre confiance dans l'engagement. Si on a l'impression d'avoir une perspective économique, on fait feu et on investit, on embauche etc... Même les grands groupes ne veulent plus s'engager."

Des grands groupes qui, en France, ne sont pas très fair-play avec les petites entreprises :

"Les délais de paiement, le racket au CICE sont la partie émergée de l'iceberg, mais on a recensé 39 mauvaises pratiques des grands groupes avec les PME, ça vaudrait une émission entière. Le gouvernement doit se pencher sur ce rapport de force, qui plombe les petites entreprises, qui sont pourtant celles qui embauchent."

"On est complètement à côté de la plaque"

Le gouvernement a donc encore du travail pour satisfaire les patrons de PME. Car les projets de loi sur la reprise d'entreprise de Benoît Hamon et la loi répressive sur l'égalité homme-femme au travail de Najat Vallaud-Belkacem leur reste en travers de la gorge :

"La loi Hamon  comme celle de Najat Vallaud-Belkacem sur la parité, témoignent d'une méconnaissance totale du monde de l'entreprise. Sur ces sujets techniques - sur lesquels on a besoin de prendre le pouls de la réalité économique - les entrepreneurs ne sont pas consultés, alors que sur des sujets régaliens, comme la fiscalité, où l'on attend d'un Etat qu'il soit fort, on passe par tous les processus pseudo-démocratiques d'Assises, de colloques etc... alors qu'on leur demande de l'action. C'est insupportable."

Et même les médias n'échappent pas au recadrage :

"Je suis gêné que l'on se concentrent sur l'accident de ski de Schumacher, les propos de Dieudonné ou la liaison présumée du Président de la République, alors que 12 000 entreprises par trimestre déposent le bilan. On est complètement à côté de la plaque."

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