Ce qui se joue aujourd'hui, c'est un Pass Navigo à 130 euros demain

OPINION. La tragi-comédie en cours entre l'Etat et la région Île-de-France au sujet du Pass Navigo à 90 euros n'est malheureusement que la partie immergée de l'iceberg. Car le budget 2023 d'Île-de-France Mobilités que nous devrons examiner en tant qu'administrateurs le 7 décembre pose les bases d'une dérive bien pire : celle qui peut nous amener très vite à un Pass Navigo à 130 euros dès 2024. Par Jacques Baudrier, Adjoint à la maire de Paris (PCF), administrateur d'Île-de-France Mobilités.
(Crédits : Reuters)

Depuis 2016, avec Fabien Guillaud-Bataille, nous alertons Valérie Pécresse sur la dérive financière des comptes d'Île-de-France Mobilités. Depuis 2016, elle a laissé la dette s'envoler à un rythme exponentiel. De moins de 2 milliards, elle est passée en quelques années à près de 12 milliards programmés fin 2023. Il est indispensable d'investir pour acheter de nouveaux matériels roulants. Il est indispensable de développer l'offre de transport, de mettre en service les nouvelles lignes. Tout cela est prévisible, programmé sur le long terme.

Il est donc évident depuis des années qu'il faut des moyens pour payer tout cela. Depuis 6 ans à chaque conseil d'Île-de-France Mobilités, nous disons en tant qu'administrateurs communistes qu'il faut absolument se battre pour avoir des moyens, pour obtenir une augmentation du versement mobilités des entreprises, pour éviter une augmentation massive du prix du Pass Navigo.

Le trou colossal de plus d'1 milliard d'euros

Pendant 6 ans, Valérie Pécresse a refusé tous nos vœux et amendements et laissé dériver les comptes. Et depuis un mois elle se réveille. Elle demande enfin à l'Etat une hausse du versement mobilités. C'est bien tard, trop tard. Et surtout trop peu.

Car les 350 millions de financement annuel que demande madame Pécresse sont très très insuffisants. Le budget 2023 d'IDFM qu'on nous demande d'approuver est fondé sur des hypothèses complètement irréalistes. Au moins 400 millions de surévaluation des recettes, qui s'ajoutent à des « cadeaux » de la RATP et de la SNCF de 200 millions qui seront sans lendemain. 600 millions de trou programmés qui vont s'ajouter aux 550 millions d'argent frais à trouver pour le 1er janvier 2024, pour payer l'offre nouvelle et les remboursements d'emprunts.

Ce n'est pas 350 millions par an qu'il faut pour renflouer les caisses d'IDFM, c'est bien plus d'1 milliard. Si d'aventure l'Etat finissait par accorder 200 à 300 millions dans les prochains jours, cela ne serait que reculer pour mieux sauter. Cela permettra de voter un budget irréaliste, et de constater très vite au cours de l'année 2023 le trou colossal de plus d'1 milliard. Avec la menace d'une augmentation du Pass Navigo beaucoup plus importante pour le 1er janvier 2024, à 130 euros.

400 millions pour augmenter les salaires

C'est pour cela qu'avec les parlementaires communistes, nous proposons une hausse du versement mobilités dans les secteurs les plus favorisés du centre et de l'ouest de Paris et du 92 de 2,95 à 5,2%, de quoi rapporter 1,5 milliard par an. Dont 1,1 milliard pour renflouer les caisses et éviter toute hausse du Navigo et 400 millions pour augmenter enfin les salaires des salariés du transport, en particulier des chauffeurs de bus. Pour que la RATP puisse enfin embaucher, grâce à des augmentations de salaires qui la rendent enfin attractive, ce qui suppose un arrêt de la mise en concurrence qui n'est qu'une façon de faire baisser les salaires et augmenter le temps de travail. Le résultat de cette politique, on le voit : des démissions en masse, de moins en moins de chauffeurs de bus, et donc de bus. Il faut arrêter ce cercle vicieux.

Le succès de la campagne Stop Galère initié par les communistes d'Île-de-France, rejoints par toutes les autres forces de gauche est un excellent signal. Plus que jamais nous devons être nombreux mobilisés. Car ce qui se joue, c'est un quasi-doublement du Pass Navigo très vite, de 75 à 130 euros. Pour le pouvoir d'achat, pour le climat, nous devons tout faire pour éviter cela. Les entreprises du CAC 40 qui louent des bureaux à prix d'or dans le centre de Paris peuvent payer pour le système de transport. Ce n'est pas aux usagers de le faire.

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Commentaires 2
à écrit le 07/12/2022 à 19:14
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si l'état paie, ça veut dire que les provinciaux paient la passnavigo aux franciliens qui galerent dans les transports. Et aux parisiens également. Est-ce normal ?

à écrit le 06/12/2022 à 16:40
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"Ce n'est pas aux usagers de le faire." : Ben si, c'est aux usagers de payer pour le service qu'ils utilisent

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