Salon aéronautique du Bourget : l'occasion ratée d'Emmanuel Macron en faveur du vol habité

OPINION. Le président français Emmanuel Macron a raté l'opportunité du salon aéronautique du Bourget pour lancer une nouvelle orientation de la politique spatiale européenne dans le domaine du vol habité. Par Michel Messager, président de Consul’Tours et expert en tourisme spatial.
Au sommet spatial de Toulouse, « on aurait pu espérer d'Emmanuel Macron qu'il puisse incarner le Kennedy européen de la conquête spatiale. Mais, faute de souffle, celui-ci semblait s'être résigné à une moindre ambition, notamment en matière de vol habité ». (Michel Messager)
Au sommet spatial de Toulouse, « on aurait pu espérer d'Emmanuel Macron qu'il puisse incarner le Kennedy européen de la conquête spatiale. Mais, faute de souffle, celui-ci semblait s'être résigné à une moindre ambition, notamment en matière de vol habité ». (Michel Messager) (Crédits : DR)

Le président français Emmanuel Macron n'a pas profité de sa visite au Salon du Bourget pour prendre marque en faveur du vol habitée et donc du tourisme spatial... tels que le suggèrent pour l'Europe spatiale de nombreux spécialistes, dont l'étude menée par son ancien ministre à l'économie numérique, Cedric O, au travers du groupe consultatif sur l'exploration humaine et robotique de l'espace, mandaté par l'ESA (Agence spatiale européen). Cette étude vient conforter cette tendance.

On était resté encore échaudé aux vues du dernier Sommet européen organisé le 16 février 2022 à Toulouse sous la présidence française. A ce sommet de Toulouse, on aurait pu espérer d'Emmanuel Macron qu'il puisse incarner le Kennedy européen de la conquête spatiale. Mais, faute de souffle, celui-ci semblait s'être résigné à une moindre ambition, notamment en matière de vol habité.

Salon du Bourget : aucune annonce d'Emmanuel Macron

Au Salon du Bourget, mutisme total du président sur le sujet, alors qu'il avait pourtant l'opportunité d'invoquer un changement de la politique spatiale européenne tant les propositions du groupe consultatif sur l'exploration humaine et robotique de l'espace sont empreintes de bon sens et de réalisme. Qui en effet peut contester ces constats et propositions :

- « L'Europe doit augmenter de manière significative ses investissements dans l'exploration humaine et développer ses propres capacités en matière de vols habités afin de retirer tous les avantages d'une économie spatiale en plein essor ».

- « Les estimations actuelles de l'économie spatiale mondiale se situent entre 350 et 450 milliards d'euros ; des prévisions indépendantes estiment que sa valeur atteindra 1.000 milliards d'euros avant 2040 » (...) « L'Europe ne peut évidemment plus se permettre de ne rien faire alors que les Américains, les Chinois, les Russes, et bientôt les Indiens, sont autonomes en matière de vol habité » (...) « Le coût de l'inaction dépasserait de loin l'investissement nécessaire pour faire de l'Europe un acteur spatial fort et indépendant ».

- « L'ESA ne doit plus distribuer le travail entre les sociétés européennes, selon des critères de retour géographique (redistribuer aux industries des États contributeurs à concurrence des sommes engagées), mais lancer des appels d'offres ouverts (ndlr notamment au privé) à l'image de ce que fait la NASA ».

Lanceurs : l'Europe clouée au sol

Aucune annonce majeure n'étant faite, il nous restera une fois encore à patienter, à espérer et attendre la tenue du prochain conseil européen qui traitera de la question spatiale le 6 novembre à Séville. Aucune annonce majeure n'étant faite, l'Europe aura été présente au Bourget comme une puissance spatiale sans lanceurs.

Le lanceur italien Vega C, qui transporte les plus petits satellites est clouée au sol depuis l'échec de son premier lancement commercial en décembre dernier, Ariane 5 va faire son dernier vol fin juin ou en juillet et sera mise à la retraite. Ariane 6 aurait dû effectuer son premier vol en... 2020. Toujours rien de certain, puisque le directeur général de l'ESA, Josef Aschbacher, a déclaré, le 9 juin depuis l'usine des Mureaux : « Nous allons réaliser des tests critiques durant l'été. Nous ne pourrons donner des précisions quant à la date du vol inaugural qu'en septembre. Le premier vol aura-t-il lieu en 2023 en 2024 ? Nous sommes incapables de vous le dire aujourd'hui sinon ce serait spéculer ».

Aucune annonce majeure n'étant faite, le président n'a donc pas modifié le discours du « en même temps » prôné par l'ESA et le CNES, qui d'un côté mettent en avant leurs cosmonautes dont Thomas Pesquet ...et de l'autre freine des quatre fers contre le vol habité lui préférant la robotique....

Aucune annonce majeure n'étant faite, le président n'a pu faire entrer l'Europe dans le monde du NewSpace, favoriser l'interaction privé-public et bouleverser ces multiples administrations dont les règles de gouvernance et d'unanimité européennes sont aujourd'hui archaïques et obsolètes pour un tel secteur.

Toutes les capacités techniques, nous les avons en Europe. C'est une question de volonté politique. Le président ne l'a pas montré encore vis-à-vis du vol habité lors de sa visite au Salon du Bourget. Monsieur le président, le vol habité et le tourisme spatial, il faut y croire. Un pays a besoin de grands projets fédérateurs. Le vol habité en est un !

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Commentaires 2
à écrit le 29/06/2023 à 9:02
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Pourquoi vouloir se compliquer et envoyer une "intelligence" humaine alors que l'on développe les I.A et les drones ? Pour faire du tourisme ? ;-)

à écrit le 29/06/2023 à 8:11
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Avec le tourisme sous marin qui vient de couler, c'est un mauvais timing pour parler de tourisme spatial. C'est plus le moment de réfléchir que de parler.

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