Comment l’agrivoltaïsme peut soutenir certaines filières agricoles

L’entreprise Photosol, l’un des leaders français du développement et de la production d’électricité́, a installé la plus grande centrale en agrivoltaïsme de la Nièvre à Verneuil en 2017. Ce projet a permis à l’agriculteur exploitant d’agrandir son cheptel ovin et d’améliorer sa rentabilité. Explications.
Emmanuel Mortelmans, éleveur de brebis à Verneuil, dans la Nièvre
Emmanuel Mortelmans, éleveur de brebis à Verneuil, dans la Nièvre (Crédits : PHOTOSOL)

« La prairie est plus productive, plus linéaire, et plus riche en azote qu'en terre conventionnelle, car l'ombre offerte par les panneaux permet de maintenir la fraîcheur sur la végétation », explique Emmanuel Mortelmans, éleveur de brebis. Les résultats ont été prouvés scientifiquement par une étude menée par l'Inrae en septembre 2022 sur deux sites similaires en Auvergne. Elle conclut que « la présence des panneaux solaires limite les effets des sécheresses estivales et permet un maintien de la croissance en hauteur ».

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Dans la Nièvre, Emmanuel Mortelmans a bénéficié des 70 hectares loués par Photosol à un propriétaire indépendant pour agrandir ses terres et augmenter son cheptel. Ce dernier est ainsi passé de 1.000 à 1.050 brebis. Parmi elles, 350 pâturent désormais sur les prairies de Verneuil. La Chambre d'agriculture de la Nièvre a aussi mené une étude en 2021 sur les agneaux qui grandissaient sur des prairies avec des panneaux photovoltaïques. Résultat, un gain de croissance de 10%.

« Cette performance peut s'expliquer par différents facteurs, que ce soit par la qualité du fourrage amélioré et par le bien-être animal, constate Emmanuel Mortelmans. Les structures permettent d'offrir un abri aux moutons pour se protéger soit des précipitations au printemps, soit des sécheresses l'été. »

Un outil de reprise agricole

Photosol - qui représente 150 salariés et 38 millions d'euros de chiffre d'affaires -, dont le siège est à Paris, se situe parmi les cinq leaders du marché français de l'agrivoltaïsme. La PME a investi environ 70 millions d'euros dans le projet agrivoltaïque de Verneuil.

« En agrivoltaïsme, le système d'élevage reste le moins cher à installer. C'est celui qui représente les meilleurs résultats en termes de rendement, car ce sont des panneaux fixes, sans capteurs », souligne Thomas Aubagnac, directeur général adjoint en charge du développement.

Les premiers projets de coactivité en élevage ovin, développés par la PME ont été mis en service en 2013. Au total, Photosol a ainsi développé 14 projets d'agrivoltaïsme sur l'ensemble du territoire national. « Nous avons fait ce choix historique d'installer des panneaux photovoltaïques simples, peu coûteux, efficaces et qui rendent un réel service à l'agriculteur », poursuit-il.

Contrairement à son concurrent TSE qui se positionne sur l'agrivoltaïsme high-tech sur des terres cultivables. « Nous [le] concevons comme un outil de reprise agricole face à la déprise de terres qui sont abandonnées et qui étaient de mauvaises terres où des agriculteurs n'arrivaient pas à trouver la rentabilité », précise Thomas Aubagnac.

Ne pas se substituer au revenu agricole

Sur le projet de Verneuil, le propriétaire du terrain peut revendre son électricité. Celle-ci est revendue entre 70 et 80 euros du kilowattheure. Ce modèle rentable pourrait encourager les agriculteurs à acheter des terres agricoles pour produire de l'énergie et arrêter l'élevage.

« Il ne faut pas que la vente d'électricité devienne le revenu principal de l'agriculteur, sinon on risque de transformer une terre agricole en un rendement ! », alerte Thomas Aubagnac.

L'entreprise travaille ainsi en partenariat avec la Chambre d'Agriculture de la Nièvre. Cette dernière suggère de respecter une répartition des revenus suivante : un tiers pour le propriétaire, un tiers pour l'exploitant, et un tiers pour un groupement unitaire d'agriculteurs qui investit dans des projets de développement agricole.

« C'est un équilibre économique à trouver, afin de ne pas créer de tension foncière pour les agriculteurs », souligne Thomas Aubagnac.

L'entreprise cible désormais davantage des jeunes agriculteurs qui souhaitent s'installer : « Je préfère investir dans l'outil de production tels qu'une bergerie, des points d'eau, des clôtures électrifiées pour éviter les prédateurs, plutôt que de verser une somme importante chaque année à l'exploitant propriétaire. »

Il pourrait même aller plus loin en y installant un jeune exploitant qui deviendrait propriétaire après plusieurs années. « Nous souhaitons aussi utiliser l'agrivoltaïsme comme un instrument pour aider la transmission de génération », expose Thomas Aubagnac.

Si historiquement, Photosol s'est positionné sur des projets simples et peu coûteux, la PME envisage aussi des pistes de diversification.

« Nous visons aussi à développer de l'agrivoltaisme un peu plus high-tech avec des projets de niche sur la culture de fruits rouge, l'élevage de porcin, des cultures de végétal avec des systèmes de capteurs, qui adaptent la lumière et l'ombre en fonction des périodes de l'année et de l'état d'humidité de la zone, qui peut être couverte par les panneaux », confie Thomas Aubagnac.

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Commentaires 5
à écrit le 01/09/2023 à 19:14
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Bonjour, avant toute chose , je veux dire que entre les rangées de panneaux photovoltaïques ou sous ses même panneau ils n'y a pas ou peux de végétation.... Donc , pour un pâturages, ons trouve mieux... Encore de l'artificialisation des sols ... D'a...

à écrit le 21/07/2023 à 14:06
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Il y a une coquille dans pris de revente de l'électricité. Ce n'est pas entre 70 et 80 euros du kilowattheure (c'est impossible) mais du megawattheure. Ce qui fait 7 à 8 centimes d'euro par kWh. Un tarif de rachat plutôt faible pour une installation ...

à écrit le 13/07/2023 à 13:16
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Idée très intéressante. Bien sûr, ça va modifier fortement l'image de "la campagne"; mais dans ces temps changeants, est ce ça le principal ?

à écrit le 12/07/2023 à 16:12
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A mais ça ne vas pas du tout agrandir son cheptel alors même que la cours de comptes préconise une réduction et au final est ce bien écologique , cela mérite débat ....

le 16/07/2023 à 10:25
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Réduire globalement n'empêche pas d'agrandir certains troupeaux et arrêter certains élevages, en vase clos, intensif, ne voyant pas la lumière du jour. Quand y aura un paramètre de bien être des animaux, cet élevage là aura un bon score. Si vous brou...

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